Chapitre 2 : A vouloir attendre que le temps passe.

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A écouter avec Rhythm Inside de Loïc Nottet.

Pdv Alex

Le son de la cloche raisonne dans ses oreilles.  C'est un son offensif pour un être si fragile. Elle est là, les bras tombant, ne sachant sur quel pied dansé. Elle replace une mèche rebelle derrière son oreille, ses cheveux sont attachés par un nœud imprimé à l'arrière de son crâne. Elle est si...indifférente, et surtout mystérieuse. Je me demande ce qu'elle cache.

-"Et Alex qu'est-ce tu fais ? Faut qu'on y aille là! T'imagineras la fille dans ton lit en SES, pas envie de me prendre un retard moi.

-La fille ? Quelle fille ?

-Celle que tu mates depuis tout à l'heure, vas y mec fait pas genre. Viens, on bouge.

-Mouais, on y va."

Je jette un dernier regard vers elle avant de suivre Jérôme, même de dos elle est magnifique. 

Bon alors vite fait les présentations, je m'appelle Alex. Voilà, je crois que j'ai résumé ma vie. Je ne pourrais pas vous expliquez qui je suis. Non, rassuré vous, je ne suis pas rien; pas ce type de mec qui déprime entre les kilos en trop et les boutons dégueulasses. Je représente le tout. Et c'est dur à porter. Alors à la place de vous décrire à quoi ressemblent toutes les versions de moi qui s'amusent dans ma tête, je peux vous décrire à quoi je ressemble physiquement. Au moins ça, ça ne change pas. J'appartiens à la catégorie dite "d'adolescent", c'est-à-dire pas encore considéré comme un adulte mais plus un gamin. Quoique. Pour rentrer en boîte j'ai pas trop de soucis, et me faire offrir des becs par la boulangère aussi. Mais la boulangère je crois qu'elle préférerait m'offrir une nuit dans son lit plutôt. C'est à cause de mon sourire qu'on m'a dit. Voilà, un élément de mon corps: mon sourire. J' ai des lèvres fines, sèches à cause de la cigarette. Heureusement pas encore les dents jaunes, mais ça viendra. Trop de cigarettes. Mes joues se plissent, se creusent, dévoilent des dents alignées et je suis sûr d'obtenir ce que je veux. Ce n'est pas un vrai sourire, celui qu'on ne contrôle pas. C'est un sourire forcé mais qui ne le paraît pas. C'est mon secret.
Très bien, maintenant remontons  le long de l'arrête de mon nez : j'ai une cicatrice blanche entre ma lèvre supérieure et ma narine droite, ça aussi c'est un secret. J'ai deux sourcils épais et bruns, un peu broussailleux mais je les aime bien. J'ai des longs cils et des yeux gris. Extérieurement je suis quelqu'un de banal. De confiant je dirais même. Je passe souvent ma main dans mes cheveux châtains vers l'arrière pour les coiffer, et je ne porte des lunettes que pour lire. Je suis grand et je n'ai pas peur de me mettre en maillot de bain à la piscine, au contraire.
Voilà, pour vous faire une idée du corps qu'on m'a attribué.

Vous allez vous dire, oui je vois très bien quel genre de mec tu es. Malheureusement personne ne peut me cerner. Même moi j'en suis incapable. Vous avez déjà eu cette montée d'adrénaline ? Vous savez celle qu'on nous montre dans les films et celle dont on parle dans les livres ? C'est ce qui guide ma vie. C'est la seule chose que je suis sûr d'aimer, le reste je ne sais pas. Ça ne me concerne pas. Je ne vis que lorsque le danger me guette et, détrompez-vous, ce ne sont pas toujours des bêtises. Bon, d'accord, le plus souvent c'en est, mais que voulez-vous ? Je suis comme ça. Avec ça j'existe.

Il n'y a pas très longtemps avec Jérôme nous avons escaladé la gare. A mains nues. Hé hé. Jérôme c'est le genre de mec cool, pas trop prise de tête, cheveux au vent quoi. Contrairement à ce que je pensais on ne se sent pas puissant tout en haut. Plutôt apeuré. C'est que c'est grand quand même. Le monde est grand. Et on se demande ce qu'on est venu foutre là, pas sûr qu'on ait besoin de nous comme super-héros. Alors, après avoir crié que l'on était les rois de ce monde qui nous fait si peur, nous nous sommes assis, les pieds dans le vides, et on a sauté. Non, j'rigole. C'est dans mon rêve qu'on sautait. A 17 ans on a pas encore les couilles de faire ça. Dans 10 ans, quand on sera refait, oui peut être.
Après cette escapade périlleuse, on est rentré tranquillement au lycée, 5 min dans le couloir avant le début des cours. Ce n'est que lorsque nous étions cachés derrière nos bureaux que nous avons laissé nos jambes trembler.

Le souffle chaudOù les histoires vivent. Découvrez maintenant