PROLOGUE

293 9 3
                                    


LES ÉTOILES, FROIDES ET MUETTES, scintillaient d'un éclat anormalement sombre ce soir-là. Elles étaient redevenues ces simple petite tache blanche, immobiles, sans vie, dans ce ciel d'un noir d'encre. La forêt était plus obscure que jamais en l'absence de lune. Aucun vent ne soufflait, les buissons restaient droits, figés, sans un seul bruissement. Quelques fois un rongeur passait, faisant crépiter une ou deux feuille morte sur son passage, mais il disparaissait aussitôt au creux de la souche d'un arbre.

    Au travers de deux taillis, une clairière se dessinait portant en son centre un rocher. Taillé par les bipèdes il y a bien longtemps, il dominait la trouée et s'élevait à au moins six longueurs de queues du sol. Autour de lui s'était formé un sillon, peu profond, où de l'eau s'était logée et formait un bassin. Toutes les étoiles de la toison argentée s'y reflétaient mais seul le disque lumineux manquait à l'appel.

   Tapis près de l'eau, une vieille femelle gris-rosé contemplait une vision qui se diffusait dans la flaque étoilée. Dans ses yeux se lisait une tristesse infinie, une impuissance ainsi qu'un amour farouche. Le fardeau qu'elle portait lui déchirait le cœur. Des ombres commençaient à se déplacer autour d'elle mais, noyée dans son désespoir, elle n'y prêtait guère attention. Alors une petite chatte sortis des ombres, étant l'exacte portrait de l'autre, et vint déposer délicatement sa queue sur son épaule. Les mêmes sentiments se reflétaient dans son doux regard ambré. La petite chatte était suivie d'un mâle robuste sombre tigré de noir. Quand il vit la vision qui défilait, ses yeux se fermèrent et il planta ses longues griffes dans la mousse. Son expression restait indéchiffrable.

   Les ombres, semblable à plein d'autre chat, formèrent un cercle autour du Pic Etoilé. Deux femelles, l'une noir et l'autre gris perle, contournèrent la pierre pour ce placer devant les félins endeuillés. Après avoir échangé un long regard, la première s'avança et dit d'une voix douce et compatissante :

« Lourde était sa responsabilité... Même après tant de sacrifice fait et de douleur ressentit, les Aînés ne pouvaient faire autrement... J'en suis désolé. »

La seconde s'avança et dit d'une voix qui ne semblait pas être la sienne :

« L'augure a failli, le... »

La femelle n'eut pas le temps de finir sa phrase qu'un cri de guerre la coupa. C'était le mâle sombre. Il lui sauta dessus, la cloua au sol et planta ses griffes dans sa chaire. Il lui feula d'une voix brisée :

« Comment oses-tu ?! Elle a tout donné, tout sacrifier ! Toi-même n'aurai pas pu endurer ce qu'elle a vécu ! Tout est de ta faute ! Toi et ta galeuse prédiction ! Tu ne vaux pas mieux que de la chair à corbeaux ! »

Alors qu'il allait la mordre à la gorge, un miaulement aigu le stoppa.

« Arrête ! c'était la petite femelle qui semblait être une novice qui s'exprimait. Le sang a assez coulé, même beaucoup trop, les clans en souffrent encore. Moi aussi le chagrin m'assèche le cœur mais je ne le résolue pas dans la violence. »

Le matou en resta interdit. Puis retourna auprès de sa compagne après quelques secondes d'hésitations. La novice le dévisagea longuement comme si elle essayait de définir chaque expression de son visage mais fini par détourner le regard, déçu de son échec. Enfin elle rapporta son attention sur la femelle blessée.

« Que va-t-il se passer maintenant ? » murmura-t-elle.

Nul ne lui répondit. Sa phrase, presque inaudible, se perdit dans les ronflements du vent qui commençait à se lever. Tous, observait la vision du bassin étoilé. Un chat marchait. Tête et queue basse, sans savoir où il allait. Autour de lui, la forêt était peu accueillante même repoussante. De la brume circulait un peu partout, au travers des arbres. La seule source de lumière provenait de champignons vénéneux fluorescents. Cet endroit était le plus redouté de tous : il s'agissait de la Forêt Sombre ou Place sans Astres.


Fanfiction La Guerre des Clans - Nuit de CendreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant