6. Dans la tête d'une cruche

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« Elle mâche du vieux chewing-gum sur son balcon

Avec sa cervelle de moineau, de pigeon

Elle vit sa vie par lobotomisation

Devant les anges, à la télévision

Elle apprend dans la cour les scandales

La vie de Kilian et d'Aaron qui s'étale

Et finalement, la cruche à la connerie abyssale

Elle finira par trouver ça pas mal »

« Nan Kilian, j'suis vraiment pas sûr qu'il faille chanter ça à la fête du collège. Enfin, même si ton Aachou est d'accord pour jouer du Goldman au piano, je suis pas persuadé que ton adaptation des paroles passe super bien auprès de la Stricker. Et merde, Magali pourrait se reconnaitre, ça serait pas cool ! »

Alors qu'Aaron acquiesçait de la tête à la remarque pleine de bon sens du roux de service, Kilian commença à bouder. Réécrire les paroles de la chanson « La vie par procuration » lui avait quand même pris de nombreuses minutes qu'il aurait sans doute préféré utiliser pour marquer des buts à Fifa ou des points dans le cœur de son chéri. Voir son idée ainsi rejetée ne lui faisait pas du tout plaisir. Il s'en offusqua même :

« Mais je veux qu'elle se reconnaisse, moi ! Attends, elle arrête pas de me chercher, la dernière fois, elle m'a même sorti que, comme elle avait été la petite copine d'Aaron avant moi, elle pouvait me donner des conseils ! T'entends ça, chouchou ! Comme si elle suçait aussi bien que moi ! Nan mais, on croit rêver ! »

Le brunet pouffa, le rouquin s'écroula par terre en se tenant les côtes. Kilian et son foutu naturel qui le poursuivait partout et qui l'empêchait de réfléchir avant de parler ! Certes, son goût assez récent pour la pipomanie n'avait certainement pas échappé à son meilleur ami et confident et encore moins à celui qui partageait ses plus grands moments de douceur et de sensualité, mais de là à le crier haut et fort dans une salle de classe du collège ouverte aux élèves qui souhaitaient réviser un peu pendant la pause déjeuner, au risque de se faire entendre par quelques oreilles indiscrètes... c'était quand même bien caustique.

« J'préfère pas répondre ! Et puis, arrête avec Magali, je t'ai déjà dit ce que j'pensais d'elle. J'suis sortie avec juste pour faire chier Adrien et pour te rendre jaloux. Je sais, j'suis un méchant garçon et c'est pas bien du tout, mais je m'en fiche, j'ai réussi à obtenir ce que je voulais au final, alors je vais pas me mettre à regretter ! Laisse-la croire ce qu'elle veut hein, elle est juste jalouse de toi, car t'as le plus beau de tous les p'tits copains, et le plus intelligent, et surtout le plus classe ! Oh, et le plus modeste, aussi, ça doit la rendre dingue ! »

Martin, toujours hilare, séchait tant bien que mal les larmes qui coulaient sans s'arrêter sur son visage écarlate. Il trouvait la réaction des deux garçons assez fascinante de naturel. Jamais il n'aurait pu imaginer il y a quelques mois encore que son meilleur copain d'enfance pourrait un jour sortir des allusions salaces de cette teneur, et encore moins qu'il finirait dans les bras du plus arrogant et casse-pieds de tous les garçons de la classe. Même, juste dans les bras d'un garçon, il jugeait cela à l'époque parfaitement impossible, mais force était de constater que le mec en question avait réalisé des miracles. Kilian boudant toujours aussi fort, Aaron l'attrapa et le ceintura par les hanches avant de lui glisser un léger smack dans le cou et de lui chatouiller son petit ventre doux. Le blondinet ne souhaitait pas s'avouer vaincu mais ne pouvaient s'empêcher de ronronner fortement devant cette affection sans limite.

« Bon, les deux pédales, faut le dire si je vous gêne, hein ! Nan mais si vous avez envie de vous mettre à baiser à même le sol, j'peux me casser, si vous voulez ! »

Les chroniques du mois de maiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant