3. Le premier garçon que j'ai embrassé

211 29 32
                                    

« Arrête, c'est pas dur Kilian, regarde comment je place mes mains et fais pareil ! Concentre-toi un peu, sinon, je saurai me venger du temps que tu me fais perdre ! Et tu sais qu'en termes de punition, je suis très imaginatif ! »

Aaron n'était pas le professeur le plus souple du monde, bien au contraire. En matière de piano, il était intraitable avec son adorable élève. Son blondinet avait voulu apprendre les rudiments de cet instrument ? Il souffrirait jusqu'à avoir les doigts qui saignent. Ou jusqu'à ce qu'il en ait assez et passe à autre chose !

Pourtant, Kilian était des plus appliqués. Malgré son incapacité à synchroniser correctement ses mains, il tenait à faire honneur à celui qu'il aimait et qui s'occupait de lui. Le simple fait de voir le mal que se donnait son petit brunet pour lui enseigner les bases le remplissait de joie. Et même si le soleil brillait à l'extérieur en cet agréable avant dernier week-end d'avril, il se sentait si bien dans le loft de son camarade que, pour rien au monde à ce moment-là, il n'aurait voulu quitter l'endroit où il trouvait de plus en plus souvent refuge. Cela étant, le jeune garçon aux cheveux couleur de blé n'avait pas la moindre envie de se laisser intimider par ces menaces et tenait bien à le faire savoir.

« C'est pas facile, hein, j'ai pas ton talent moi ! J'voudrais te voir avec un fleuret à la main, je suis sûr que tu ferais moins le malin ! Môsieur Aaron, qui ne sait que râler au lieu de m'encourager ! Au fait, après do, c'est ré ou mi ? »

Kilian savait bien que plus son petit ami grognait, plus il affichait en réalité son attachement et son affection. Le provoquer était le meilleur moyen de le faire bougonner, et ainsi obtenir la punition qu'il pensait mériter. Bien sûr qu'il connaissait ses gammes, mais feindre la niaiserie, pourtant un trait de caractère naturellement dominant chez lui, était un petit plaisir qu'il aimait bien s'accorder. Un gage est si vite arrivé, pourquoi s'en priver ?

« Ok, tu veux jouer à ce petit jeu-là ? Strip-piano ! À chaque fois que tu joues bien, j'enlève une fringue, à chaque fois que tu fais une erreur, c'est toi qui en enlèves une. On verra bien qui finira le premier à poil ! »

Aaron savait très bien ce qu'attendait Kilian. La leçon de piano n'était qu'une excuse pour pratiquer un jeu qu'ils adoraient tous les deux. Un jeu d'adolescents à faire frémir toutes les familles bien pensantes, ce qui le rendait encore plus excitant. Mais en tant que professeur, le brunet avait la chance de pouvoir mener son élève à la baguette et de se jouer un peu de lui. À quoi bon démarrer une partie si on n'est pas assuré de la remporter ? Afin de mettre toutes les chances de son côté et accélérer l'effeuillage de sa douce victime, le collégien aux iris sombres décida de jouer lui aussi, de ses doigts de fée, la fameuse partition. À la seule différence que son instrument n'était pas le piano mais le corps de plus en plus dévêtu du jeune éphèbe, qui n'en demandait pas moins.

Bien sûr que ces attouchements impromptus déconcentraient Kilian, qui faisait de son mieux pour rester impassible et honorer son hôte. Mais Aaron avait un tel doigté et une telle douceur au creux de ses paumes qu'il devenait difficile, voire douloureux, de lui résister. Très vite, les erreurs s'accélérèrent et les vêtements tombèrent les uns après les autres. Dans sa grande mansuétude, Aaron accepta d'enlever, lui aussi, quelques couches de tissu, et ce afin de récompenser les efforts et les progrès de celui qu'il aimait tant tourmenter tendrement. Mais l'issue de la partie ne faisait aucun doute. Alors qu'Aaron avait encore sur lui son t-shirt, son caleçon et quelques autres accessoires, il ne restait plus à Kilian qu'une chaussette et son boxer vert préféré. Deux petites erreurs scellèrent le destin du blondinet, qui se retrouva donc dans le plus simple appareil en train de laisser filer ses doigts sur le piano, devant le regard absent du chien Mistral, qui ne comprenait pas trop ce qui se passait mais ne semblait pas du tout gêné de voir son maitre abuser du candide adolescent à grands coups de caresses idéalement placées et de baisers dans le cou. Sans doute plus par indifférence que par tolérance, d'ailleurs. Mais du côté de Kilian, être ainsi épié fixement par le fier représentant de la gent canine n'était pas des plus agréables. C'était même légèrement angoissant.

Les chroniques du mois de maiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant