Homeless

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Je marche dans la rue, la tête vide.
Je perds notion du temps, de la vie.
Je ne sens plus rien et tout ce qui compte, c'est de continuer à marcher.

J'ai envie de hurler, de briser cette marche effrénée. Stupide, voilà ce que je suis.

Ça fait peut être une heure, peut être cinq, peut être une journée, peut être une semaine que je marche.
Je ne sais pas. Je ne sais plus.
Et peu importe.

J'aime le vent qui fouette mes cheveux, j'aime le froid qui gerce mes lèvres, j'aime la pluie qui me ronge la peau.

Mes pas me mènent jusqu'à la Seine. J'aime cet endroit paisible.

Je m'assoie sur le bord de la jetée.
C'est là qu'Aaron m'a embrassé, c'est là qu'il m'a dit qu'Evans allait me pardonner d'ici quelques jours.
C'est là que Sam m'a crié dessus parce qu'il était inquiet.
C'est là que j'ai su qu'ils avaient écumé tout Paris pour me trouver.
C'est là que j'ai su que je comptais pour eux, ce qui ne m'était pas arrivé depuis un certain temps.

Finalement, je me retrouve au même endroit que le meilleur moment de ma vie.
Sauf que je vais mal.

Le soir tombe, et avec lui mon moral.
Le désespoir hante mon esprit.
J'ai tout perdu, je crois faire des choses que je ne fais pas, je deviens folle.
Plus rien ne compte.
Je me rapproche de l'eau.
Mon reflet déformé me renvoie l'image d'un visage flou, triste, minable.

Si une orpheline disparaissait sans laisser de trace, est-ce que quelqu'un lancerait des recherches pour la retrouver?
Aléa avertira les policiers, mais rien de plus.
Daphné m'oubliera rapidement.
Les garçons seront plutôt contents.
Je rejoindrai mes parents, et tout sera mieux.
Je me penche au dessus de la balustrade.
Si je ne me brise pas les os au fond de l'eau, je mourrai probablement noyée.

Je m'assoie sur la barrière et regarde l'eau.
Saute.
Dépêche toi avant de renoncer.
Sale peureuse.
Avance.

-Lune.

Je me retourne. Une jeune fille que je ne connais pas m'accoste.

-je sais -dit-elle- tu ne me connais pas. Mais moi oui. Plus que n'importe qui, même que toi même, peut être. Je m'appelle Atlanta, l'ancienne petite-amie d'Evans.

Je la dévisage attentivement.

-il parait que je suis folle -raconte-t-elle naturellement- ils m'ont mis en hôpital psychiatrique.

Maintenant, elle me parait démoniaque avec ses cheveux courts, ébouriffés, ses petites mains crochues qui font de grands mouvements.

-tu deviens comme moi -ricane-t-elle- peut être qu'on deviendra amie.

-A...Atlanta... Explique moi. Je ne comprends rien -je bafouille-

-mais tu es stupide, Lune. Tu ne comprends pas? Il n'y a rien de plus logique.

Elle m'attrape par le col du pull et me penche au dessus de la barrière. J'ai le dos dans le vide.

-tu m'as volé, tu m'as piqué tout ce que j'avais -murmure-t-elle-

Elle devient de plus en plus folle, on dirait une possédée. Elle me fait peur.

-Atlanta... Je ne comprends pas. Mais on pourrait parler.

-non, non, NON! On ne peut pas parler. Tu m'as volé, tu m'as volé...

Elle se recule et s'arrache maintenant les cheveux en faisant des allers-retours.
Puis elle se plante devant moi et pointe son doigt sous ma gorge.

Unkiss meOù les histoires vivent. Découvrez maintenant