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Chapitre 6

  Samedi 12

  Je lis frénétiquement mon livre. Je suis sûre qu'ils mentionnent quelque chose pour m'empêcher de partir. Pourtant, il semblerait que je sois obligée de partir à la Cité du Ciel avec Mike et les autres Enfants. Est-ce que je ne veux pas partir par peur de l'inconnu parce que si c'est ça, je me suis jurée de rester courageuse quoi qu'il arrive.

  Mike viendra demain me chercher trente minutes avant sa naissance donc trente minutes avant la mienne. Il faut que je m'enfuie d'ici. Mais je vais être obligée d'y aller. Le livre mentionne bien : "l'Enfant Prophète sera attiré comme un aimant par la Cité du Ciel où qu'il soit."

  Je suis désespérée...

  Dimanche 13

  Je suis restée chez moi. J'ai préparé un sac à dos que j'ai rempli de deux jeans, cinq t-shirts et des sous-vêtements. Mais surtout mes chaussures de randonnée même si je ne vois pas à quoi elle vont me servir. Au Test, peut-être ? J'ai gardé mon sac à dos sur le dos toute l'après-midi.

  J'ai gardé une mine sombre toute la journée.

  Mike est arrivé à 16 heures 30. Il jette une pierre sur ma fenêtre. Je l'ouvre et je descends par là. Me demandez pas comment j'ai fait avec mon vertige. On s'éloigne de la maison. Personne ne parle.

  - On va où ? je demande au bout d'un moment.

  C'est alors que je me mets à aller vers l'aéroport sans le vouloir. Je ne sais pas pourquoi je vais là-bas. Mike semble dans un état pareil au mien. Après deux heures de marche qui sont passées très rapidement, on arrive devant un hélicoptère. Il y a déjà un groupe d'une demi-douzaine d'adolescents qui fixent un adulte, le seul adulte.

   Nous nous asseyons. Durant les heures qui suivirent, une douzaine d'autres adolescents arrivèrent et s'assirent. Au total, on est vingt-quatre.

  On monte tous dans l'hélicoptère. On est très serrés et j'ai peur de tomber dans le vide. L'hélicoptère va super haut et au bout d'un moment, on arrive au-dessus des nuages mais je ne vois aucune Cité. Je commence à me dire qu'on s'est foutu de moi et des autres.

  Puis, l'hélicoptère fonce droit dans les nuages et tout d'un coup, je la vois. Elle est splendide, d'une beauté à couper le souffle. La Cité paraît fragile mais je vois bien qu'elle a été construite pour perdurer. Ses habitations de pierres sont magnifiques. Elle est exactement (ou presque) comme je me l'imaginais. Je m'aperçois que je retiens ma respiration depuis tout à l'heure.

  Je regarde les autres Enfants Prophètes. Ils sont sous le même état de choc que moi.

  L'hélicoptère se pose sur un nuage. Je me demande comment il tient. Le conducteur nous fait descendre et je remarque que les nuages sont plats et solides au-dessus (ça fait comme une route) alors qu'ils sont mous et duveteux au-dessous. Je fais quelques pas sur les nuages. Ça me semble irréel et surtout impossible. C'est un rêve, je vais me réveiller dans mon lit !

  D'autres descendent de l'hélicoptère. Ils sont tout aussi ahuris que moi. Eh oui, on a beau être rêveurs, on sait quand même ce qui est dans la limite du possible et ça, ça ne l'est vraiment pas ! En fait, c'est exactement la même sensation que si j'étais sur la terre ferme sauf que j'y suis pas !

  Des adultes nous attendent. Ils se présentent comme le Conseil des Sages et des Professeurs. Mais où est le Conseil des Prophètes ? Je croyais qu'il était tout aussi important.

  Il nous amènent au Dortoir. C'est une grande maison en pierre. La pierre, ça paraît hostile mais la maison est vraiment très accueillante. Il y a un côté pour les filles et un pour les garçons mais on peut tous se réunir en salle commune. Pour l'instant, vingt-deux chaises y sont installées. Seul le Représentant du Conseil des Sages et le Représentant du Conseil des Professeurs montent sur une estrade improvisée.