Chapitre 6.

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Cela ne va pas. Tout s'est passé bien trop vite, je pense que je lui ai laissé voir ce que je ressentais en faisant cela. Je ne suis même pas encore sûr de pouvoir lui faire confiance. Je ne sais rien de lui après tout, rien ne l'empêche de jouer avec moi. Ce n'est pas si difficile qu'il n'y paraît, de jouer avec moi. Il suffit juste de s'intéresser à moi au contraire des autres et je crois la personne différente. Je ne suis pas plus fort que n'importe quel autre humain, je suis tout aussi naïf que les autres, à mon plus grand regret. Je me tourne vers Jessy, il est encore endormi. Il me paraît détendu, apaisé. La vision de son visage endormi et serein fait battre mon cœur un peu plus vite et me rassure. Tout de même je suis bien content de ce qui s'est passé, je dois l'avouer...Je trouvais que faire l'amour à l'être aimé était répugnant, mais je comprends enfin pourquoi les sensations que cela procure sont autant appréciées. Un énorme désir de l'avoir au plus près de moi m'avait envahi tout entier, et là, je n'aurai pas pu être plus proche de lui que cela. J'avais été en lui. Je respire à fond en laissant un petit sourire se former sur mon visage. Est-ce que je connais enfin ce sentiment dont tout le monde parle ? Ce sentiment si envier ? Peut être...Mais je ne peux pas en être sûr. Je ne sais pas ce qu'est réellement le bonheur. Je ne pense pas que nous puissions être vraiment heureux. L'humain n'est jamais satisfait, il en veut toujours plus, il n'est jamais rassasié. Personne ne s'est jamais réellement satisfait ce qu'il a. L'homme passe sa vie à envier les autres. Enfin bon, mon avis c'est que le mot "bonheur" ne devrait pas exister, ni le mot "parfait" "raté" ou "inutile" d'ailleurs. Le bonheur n'existe pas réellement, ce n'est qu'une impression, rien n'est parfait c'est impossible et c'est bien mieux comme cela, rien n'est raté ou inutile. J'allais dire que personne n'est inutile mais parfois il m'arrive de penser que tout le monde est "inutile". On ne sert à rien, mais ce n'est pas cela qui me rendra triste. Je m'en fiche de servir à quelque chose ou non, je suis là, je reste. Je passe doucement ma main dans les cheveux châtains de Jessy, en prenant soin de ne pas le réveiller. Je me penche pour voir un peu mieux son visage et enroule une de ses mèches blondes qui lui tombait dans les yeux autour de mon doigt. Ses cheveux sont vraiment soyeux, je n'ai jamais eu l'occasion de toucher les cheveux de quelqu'un. Je remarque pourtant que sa respiration ne semble pas bonne. Je passe ma main sous la couverture pose ma main sur le torse de Jessy, là où je peux entendre les battements de son coeur. Mais ses battements, ils ne sont pas régulier. Sa respiration est saccadée, je ne l'avais pas remarqué avant. Je regarde à nouveau son visage, il ne me semble plus si paisible que cela. Son visage se crispe même par moment. Je décide de le réveiller.
"Jessy ? Est-ce que tout va bien ?
Ses paupières se referment presque immédiatement malgré le fait qu'il lutte pour ne pas se rendormir.
-Ne t'en fais pas, je vais bien.
Il est comme essouflé, je ne peux pas le croire.
-Dis moi ce que t'y arrive, s'il te plaît.
Il pose sa tête sur mon épaule avant de dire :
-Je te demande de ne pas t'inquiète, ce n'est rien cela m'arrive souvent.
Malgré le fait qu'il ne panique pas, moi j'angoisse. Ce n'est pas normal que notre respiration soit aussi saccadée tout a coup et que notre cœur ne bat pas normalement.
-Qu'as-tu ? Lui demandais-je.
-Une malformation cardiaque.
Il a essayé de me le dire avec une voix suffisamment rassurante et pourtant, je commence à paniquer. Que va t'il lui arriver ? On ne peut rien faire ? Il y a beaucoup de question que je me pose mais que je n'ose pas dire. Pourquoi faut-il que cela soit tombé sur lui ? Rare sont les personnes ayant une malformation cardiaque, évidemment cela doit être la personne qui peut me permettre de changer et de mener une autre vie.
-Est-ce grave ? Que va t'il t'arriver ?
-Je t'ai demandé de ne pas t'inquièter ! Cela ne devrait pas me tuer pour l'instant.
-Comment ça "pour l'instant" ?
Il soupire, dépose un doux baiser sur mes lèvres avant de dire :
-Il me reste en moyenne encore cinq années à vivre.
Cinq...Seulement cinq...Je refuse que Jessy meurt à seulement 21 ans. Il a encore toute sa vie devant lui et il mérite de continuer.
-On ne peut rien faire ?
Il colle son front au mien.
-Oh si il y a bien une opération que je pourrai faire mais je ne veux pas. Elle n'a pas beaucoup de chance de réussite.
Je le prend dans mes bras et le serre du plus fort que je peux.
-Je ne te laisserai pas partir.
Il rit un peu avant de m'embrasser passionnément. Je suis content d'être enfin aussi proche de quelqu'un. Et encore plus content que cette personne, ce soit lui.
La porte claque. Les parents de Jessy viennent de rentrer. J'arrête brusquement notre baiser, mais il proteste :
-Pourquoi t'arrête-tu ? Ce n'est pas parce que mes parents sont ici que tu ne peux pas m'embrasser...
Je prends son visage entre mes mains, caresse ses joues du bout des doigts et pose mes lèvres sur les siennes. C'es impressionnant à quel point ses lèvres peuvent me manquer en seulement quelque seconde. Je n'avaus pas entendu monter sa mère, elle vient d'entrer dans la chambre et reste figée. Je tourne la tête, gêné par la situation.
"Jessy, qui est-ce ?
Il me relève la tête du bout de ses doigts fin avec une telle douceur...Il me sourit et je lui rends.
-C'est mon petit ami.
Sa mère ferme la porte et vient s'asseoir avec nous et me sourit.
-Je m'appelle Évelyne, je suis la mère de Jessy, ravie de te rencontrer.
Je lui serre la main et me présente à mon tour :
-Je suis Nolan...
Elle me sourit encore avant de tourner un regard inquiet vers son fils. Elle chuchote d'une voix a peine audible :
-Ne le dis surtout pas à ton père...
Je pense que je ne devais pas entendre cela, je fais donc mine de ne rien avoir entendu. Jessy perd tout à coup son sourire et hoche la tête. Sa mère se lève et avant de fermer la porte s'adresse une dernière fois à son fils :
-Et Jessy, nous aurons à parler.
Il hoche à nouveau la tête sans rien dire. Je me tourne vers lui et lui demande :
-Est-ce que tout va bien ?
Il se jette dans mes bras en souriant et dit :
-Tant que je suis avec toi, tout ira toujours bien.
Je reste bloqué. C'est la première fois que l'on me dit quelque chose comme cela...Je serre un peu plus fort pour l'avoir encore plus près de moi. Je voudrais vraiment passer ma vie dans ses bras...

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