Chapitre 12

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Le retour au lycée est difficile, surtout sans Jessy. C'était hier, j'étais avec lui comme tous les autres jours mais malheureusement je n'avais pas prévu ce qui allait se passer. C'est vrai qu'il était mal ces temps-ci je l'avais bien remarqué, mais ce jour-là ses cernes étaient encore bien plus grandes que d'ordinaire, son visage bien plus pâle et il paraissait bien plus faible. Il a descendu les escaliers, et il m'est tombé dans les bras. Sur le coup je n'avais pas très bien compris ce qui arrivait, je n'avais pas remarqué que son cœur avait arrêté de battre, je n'avais rien vu venir. Je m'en veux énormément. Il me manque.
En regardant par la fenêtre, je pense à ce que nous aurions fait ce weekend tous les deux. J'avais prévu de l'emmener quelque part où il n'aurait jamais été, j'avais envie de lui faire plaisir. Tout ce que je voulais c'était voir son sourire embellir son visage angélique. Je soupire. Dès qu'il n'est pas là tout redevient comme avant. On m'ignore, enfin on ne m'ignore pas mais je redeviens une de ces personnes totalement transparente que personne ne remarque jamais. D'après mes professeurs je manque à nouveau les cours et je commence même à me demander pourquoi est-ce que je continue de venir puisque cela ne sert à rien.
Trop de questions viennent à nouveau se bousculer dans ma tête. J'en ai parlé à ma mère un soir où j'étais vraiment mal, elle me conseille d'aller voir un psychologue. Quelle idée. Moi, aller voir un psychologue ? Il n'en est absolument pas question. En plus de cela lorsque j'y vais, je fais semblant d'aller mieux histoire qu'on arrête rapidement mon suivi et que je sois tranquille. En effet, parler à quelqu'un me traumatise, et encore plus parler de mes "problèmes". Jessy lui il en voit toujours un, de psychologue. Et lui il aime ça. Il raconte trop de choses contrairement à moi, lui il arrive à se vider de tout ce qui l'encombre, pas moi. Moi je suis bien avec ces ordures qui perturbent ma santé mentale. Je suis très bien comme je suis. Sûrement un mensonge que je me raconte, il y en a beaucoup. L'auto-persuasion finira peut être par réellement marcher sur moi, qui sait ?
Je pose ma tête sur la table et regarde l'heure. Je n'ai plus qu'à compter les secondes pour m'occuper, comme je le faisais étant petit. C'est loin d'être intéressant et en plus de cela, ceci fait que je me pose encore plus de questions. Par exemple celle qu'on se pose le plus "pourquoi est-ce que le temps passe plus vite quand je suis hors de cours ?" c'est une très bonne question, existentielle je dirais même. Quand on y fait attention, même les secondes sont longues. Très longues. Surtout les dernières, celles qui nous séparent de la "liberté" comme certains disent. Certes, avant je ne voyais pas pourquoi tout le monde était pressé de rentrer chez soi, maintenant je comprends. Mais c'est encore mieux quand on sait que quelqu'un nous y attend. La sonnerie retentit enfin et je me dépêche de sortir de cours et de me diriger vers l'arrêt de bus. Je m'en vais voir Jessy à l'hôpital. Je n'aurais rien de particulier à lui raconter mais j'ai besoin de sa présence et j'ose espérer que lui a besoin de la mienne. En tout cas un peu de compagnie ne pourra que lui faire du bien ! Le bus arrive en retard comme très souvent - d'ailleurs je me demande même pourquoi il y a des horaires indiqués s'ils ne sont même pas respectés, moi lorsque je dois être au lycée à 8h c'est cette heure précise ou alors je me fais sanctionner. Pourquoi pour les bus ce ne serait pas pareil ? Après tout c'est un travail aussi comme les autres. - je m'assois et regarde par la fenêtre pendant tout le trajet. Une fois arrivé à l'hôpital j'envoie un message à Jessy pour qu'il m'indique le numéro de sa chambre en espérant que je ne le réveille pas. Heureusement il le répond rapidement. Ce qui me permet de le rejoindre vite.
J'entre dans sa chambre et il me fait l'un de ses plus beaux sourires, ceux que j'adore regarder et dont l'image me hante pendant des jours et jours après.

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