Chapitre 9 - Le coeur net

572 58 16
                                    

« Doux, tendre, enfant,
Pourquoi les gens te maltraitent-ils autant?
Ne les laisse pas t'attraper
Cours, cours, cours sans t'arrêter. »

L'inconnu le toise d'un regard enjoué, le ton provocateur de Chanyeol ne lui étant pas passé inaperçu. Il lève un sourcil et retire la main de sa poche.

- Votre ami n'a pas l'air bien, vous devriez l'emmener à l'hôpital, dit-il finalement.

Le visage de Baekhyun est blanc comme un linge, ses yeux sont secs, ils sont fixés sur leur interlocuteur, incapables de s'en détacher. Il veut dire à Chanyeol de s'en aller, mais aucun son ne sort de sa gorge. Il est pétrifié par la panique, ses membres sont pris par des spasmes.  Chanyeol le serre plus fort contre lui, ayant remarqué à quel point il tremble. Mais sa présence ne semble pas énormément rassurer Baekhyun, qui s'est transformé en statut. Son visage est de verre.
Il souhaite qu'on s'y coupe.

- Je ne crois pas, non. Il allait très bien pourtant avant. Baekhyun, allons payer, termine-t-il d'un ton plus doux en s'adressant à Baekhyun.

Ne voulant pas le mettre dans une telle situation plus longtemps, il se tourne et incite légèrement Baekhyun à avancer. Mais, soudain, le panier qu'il tient dans la main s'écrase sur le sol et ses jambes se dérobent sous lui.

- Baekhyun ! crie Chanyeol avant de s'accroupir à temps pour empêcher son crâne de heurter le sol.

- Tiens, qu'est-ce que j'avais dit ? rit l'homme en face d'eux.

Chanyeol lui lance un regard noir avant de tapoter la joue plus blanche que jamais de Baekhyun, allongé au sol, son manteau laissant découvrir la peau de son encolure. Le regard de l'inconnu s'y dépose.

- Il faudrait que vous fassiez plus attention à lui. Il est pas assez couvert, ce jeune homme. Et il fait frais, dehors, sourit-il avant de se retourner en faisant craquer ses larges épaules.

Les dents de Chanyeol grincent, mais il se retient. Même si une flamme s'embrase en lui, qu'il a l'envie terrible d'étrangler cet homme, il ne fait rien. Entretemps, la vendeuse a accouru.

- Vous voulez que j'appelle un médecin ? demande-t-elle, inquiète.

- Ça-ça ira, c'est une crise d'hypoglycémie, ment-il. Nous prenons quand même le contenu du panier... Ah, et la pompe six aussi, s'il vous plaît.

Puis, il s'accroupit, soulève Baekhyun, acquiesce en faisant un sourire forcé quand la femme lui montre une barre de céréales en soufflant que c'est gratuit. Ne pouvant pas payer ainsi, il positionne le corps de Baekhyun sur son dos avant de tendre sa carte.
Après avoir payé et gentiment remercié la caissière, la haine s'embrasant dans ses entrailles, il se dirige vers la voiture.
Une fois Baekhyun installé, sur la banquette arrière cette fois, il le rejoint de l'autre côté, verrouille les portes et se penche vers lui.

- Baekhyun ? C'est bon, n'aies plus peur, tu es en sécurité, hm ? Ouvre les yeux, Baekhyun...

Il pose la paume tiède de sa main sur la joue froide de Baekhyun et la caresse doucement. Ensuite, il le prend par les épaules et le fait s'allonger sur ses cuisses, sa tête reposée dessus, sans cesser ses gestes doux et répétitifs sur son visage. Ce n'est que lorsqu'il voit une larme s'échapper du coin de l'œil de Baekhyun qu'il sourit enfin.

- Je me demandais quand tu allais réagir... murmure-t-il. Pleure, Baekhyun, ne te retiens pas. C'est fini, tout est fini maintenant, je te le promets.

Ses yeux s'ouvrent. Ils sont larmoyants, tristes et doux.

- Chan... souffle-t-il en retenant son sanglot.

Journal d'un papillon de nuit [TOME 1]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant