Chapitre 11 - Comme un poignard

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« Eh, toi, jeune enfant
Regarde le firmament
Une lumière s'est allumée
Oui, pour toi, tant blessé. »

Le noir l'encercle. Il n'aime plus l'obscurité. Il a envie de lui cracher à la figure. Il a envie de lui hurler de le laisser tranquille. Il crie à en perdre la voix, il plaque ses mains sur son crâne et regarde le ciel étoilé. Son cri s'élance dans le froid de la nuit.
Il se laisse tomber, à bout de souffle. Il laisse son regard scruter le firmament tandis qu'une première larme s'apprête à couler. Mais du revers de sa main, il la frotte, l'empêchant de tomber. D'autres s'ensuivent, mais il les arrête toutes. Il ne veut pas pleurer devant la nuit. Il ne le veut plus.

Le calme règne. La campagne qui entoure la maison semble couverte de poussière de charbon. Les branches des arbres bougent lorsqu'un vent les traverse. Baekhyun se sent oppressé, l'obscurité est là, palpable, comme une deuxième peau. De ses mains, il tâte son corps, il tente de l'arracher. Il jette son manteau, tire sur son t-shirt et hurle.

Il se rend enfin compte de tout ce qui lui est arrivé. C'est la seule façon d'exprimer la douleur qui éclate dans sa poitrine comme des éclats de verre qui se plantent dans sa chair. Il veut se libérer un minimum de cette peine qui l'accable, il veut que tout le monde entende sa douleur.

Il se rend enfin compte de ce qu'on lui avait fait subir durant toutes ses années. Toutes les images repassent dans sa tête. Chaque minute de sa vie défile devant ses yeux.

Il revoit ses parents, les éclats de rire quand il n'était encore qu'un enfant. Il revoit son premier jour au lycée, la rencontre de Minseok. Son premier sourire, leurs premières discussions. Il revoit le jour où Minseok vient un jour chez lui, couvert de sang, il l'entend le supplier de l'aider. Il sait qu'à partir de ce jour-là, tout à commencer à changer,
Il le revoit un autre jour, lorsqu'il lui a avoué se faire battre par son père.
Il revoit aussi ce jour, où Minseok lui avait présenté une bande de garçons malfamés.
Il revoit les jours précédents la mort de ses parents, lorsqu'ils avaient constamment les visages tendus, qu'ils faisaient attention à tout. Il voit le jour de l'arrivée des huissiers, ses parents muets.
Il revoit le jour où il était rentré un peu plus tard que d'habitude, parce qu'il avait traîné en ville avec Minseok. Il avait ouvert la porte et avait aperçut les deux corps de ses parents pendant à l'escalier. Il se rappelle avoir crié comme un fou, les larmes brouillant sa vie. Il avait fui la maison, était allé chez Minseok.
Il revoit ce jour, peu de temps après son seizième anniversaire, quand Minseok lui avait nerveusement expliqué qu'il avait quelque chose à faire avec la bande de voyous. Une autre fois, il avait demandé à Baekhyun de l'accompagner: ils étaient allés voler dans des magasins. Les garçons étaient plus âgés, Baekhyun les craignait, mais il n'avait personne d'autre. Ils étaient cinq avec Minseok, il était obligé de les suivre.
Et puis est venu aussi ce jour. Celui que Baekhyun n'oubliera jamais de toute sa vie. Il aurait dû se douter qu'il préparait quelque chose. Ils paraissaient tous extrêmement différents, surtout Minseok. Et Baekhyun était de nature timide, plutôt en retrait. Il aurait dû se douter de quelque chose.

Il revoit chaque instant, chaque image de son viol. Il veut arrêter d'y penser, mais impossible, c'est le cauchemar qu'il fait chaque nuit, il le vit tout en étant éveillé, en plus effrayant encore. Il entend les voix, les rires, il revoit les visages, les murs, il ressent les coups, les sensations ignobles et les liens à ses poignets.
Baekhyun hurle.
Les pensées s'arrêtent.

Son cœur cogne tellement fort dans sa cage thoracique qu'il en a mal. Son souffle est bruyant et erratique. Il s'effondre au sol.

Plus tard, il rentre à la maison de la sœur de Chanyeol, les vêtements pleins de terre et s'enferme dans la salle de bain, le visage livide.
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Journal d'un papillon de nuit [TOME 1]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant