Dix

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Je repris mon calme et appelais un taxi pour qu'il me ramène au lycée. Le trajet me fit du bien, j'eus le temps de tout remettre en place dans ma tête, j'étais presque sereine désormais prête à affronter cette tumeur et surtout le « petit revolver miniature » .

Pendant le trajet je me rendis compte que j'avais de nombreux appels en absence de la part de mes parents. J'appelais donc ma mère qui se chargerait de transmettre les informations à mon père.

- Allô ? Cara ? Alors ?

- Et bien euh, ce n'est pas une très bonne nouvelle, je préférerais ne pas te le dire au téléphone, mais sache d'avance que ça se soigne très bien donc reste calme.

J'entendis ma mère sangloter avant même de savoir plus de détails. Je devais l'épargner à tout prix.

-Ok, bon, j'ai une tumeur situé dans un endroit qu'on ne pouvait pas voir avec les appareils normaux, mais qui a pu être détecté grâce à une nouvelle machine, dis-je dans un souffle.

J'avais été incapable de penser à une autre façon de le dire. L'annoncer à voix haute rendit la chose vraiment réelle, entendre ma mère éclater en sanglot me donna envie de pleurer, je m'autorisais quelques larmes puis me repris.

- Maman ne t'en fait, tout va bien se passer, le médecin va me faire essayer un traitement censé éradiquer la tumeur.

-Oh Cara, je suis désolé je ne peux pas m'en empêcher, dit-elle en pleurs.

-Je sais Maman, je sais mais calme toi s'il te plaît ça me rend encore plus mal.

Elle s'arrêta tout de suite, prête à tout pour mon bonheur.

- S'il te plaît n'ai pas trop peur, le médecin était très optimiste quant à mes chances de guérison, c'est donc très bon signe. Je vous expliquerais tout en détails ce soir en rentrant. Mais s'il te plaît ne te fait pas un sang d'encre.

- J'aurais dû être là au rendez vous, je suis tellement désolé.

- Ne t'inquiètes pas Maman, tout va bien se passer, vraiment. Évite de le répéter à tout le monde juste la famille proche a besoin d'être au courant ok ? Et pour la énième fois ne t'en fait pas, je vous explique tout en rentrant, le traitement est vraiment simple. À tout à l'heure.

- Bien, tout va bien aller, n'est-ce pas ?

- Tout à fait, je suis arrivée au lycée je dois raccrocher, dis-je avec une bonne humeur feinte.

J'avais préféré ne pas dire à ma mère par téléphone que ma tumeur était grosse, et qu'elle risquait de me tuer, peut-être bientôt. Je redoutais le moment où je devrais leur expliquer en détails, à voix haute, le moment où ma mère allait se remettre à pleurer. J'avais plus de peine pour eux que pour moi. Je fus prise d'un sentiment de culpabilité qu'il fallait que je chasse immédiatement sous peine de verser de nouvelles larmes.


Je descendis du taxi, il me restait 15 minutes avant mon prochain cours et décidais d'aller au gymnase me défouler sur les sacs de sable. Cela me fit du bien, et me permis d'évacuer tout le stress que j'éprouvais à propos de demain. J'allais sortir quand je vis Liam se tenir dans l'encablure de la porte, je ne savais pas depuis combien de temps il se trouvait là. Il avait le chic pour me trouver, et en plus à des moments inopportuns. En effet en me défoulant, j'avais versé quelques dernières larmes, j'espérais qu'il n'était pas là à ce moment. Je m'avançais vers lui, n'ayant aucunement l'intention de lui parler. Je m'apprêtais à le contourner pour passer la porte mais il se mit devant moi. Je baissais la tête ne voulant pas qu'il voit mes yeux probablement rougis et gonflés par les larmes.

- Je suis désolé, me dit-il avec une telle tristesse dans la voix que je fus tenté de relever la tête pour voir si son visage paraissait aussi triste.

- Pourquoi ?, demandais-je sans relever la tête.

- Pour ce qui t'arrive.

- Tu n'as pas à être désolé, tout va bien, me défendis-je.

Je ne savais pas pourquoi je niais tout en bloc, mais c'était plus fort que moi. Je sentais que je pouvais lui faire confiance, mais je ne voulais pas de sa pitié ou être un poids.

- Je sais que tu mens, je sais que tu ne veux rien dire, mais sache que si je pouvais faire quelque chose je le ferais sans hésiter.

Là il prit mon visage entre ses mains et fit glisser ses doigts le long des courbes de ma mâchoire. Les picotements étaient présents, ils étaient même horrible mais j'avais l'impression de m'y habituer, j'avais l'impression qu'ils étaient plus doux. Il m'obligea à relever la tête, les picotements redoublèrent et furent atroce, presque pire que la première fois et je dû me dégager rapidement. Je fis un pas en arrière, j'allais me cogner la tête contre le coin du mur mais avec une vitesse impressionnante Liam mit sa main derrière ma tête pour éviter la collision. J'avais eu beaucoup trop de contacts avec lui aujourd'hui, je me sentais mal.

- Je t'interdis de me retoucher, c'est clair ? Ce qui n'est pas une torture pour toi en est une pour moi. Alors ne me retouche jamais, ne me reparle jamais, dis-je presque en criant.

Je partis dans le vestiaire presque en courant, je m'en voulais un peu de lui avoir parlé ainsi, mais il l'avait mérité et devait comprendre que les contacts avec lui m'étaient insupportable. Je regardais ma montre et me rendis compte que j'avais déjà 10 minutes de retard pour mon prochain cours. Je décidais de ne pas y aller, j'irais au prochain.

Je me dirigeais vers le miroir et vis que j'avais une mine de déterrée. Avec ma main je refis le tracé qu'avais fait Liam sur mon visage, je ne comprenais pas. J'étais perdue, je ne savais pas pourquoi il me parlait sans arrêt, je ne savais pas pourquoi je ressentais des petites décharges électriques dès qu'il me touchait. Je ne comprenais plus rien mais j'étais sûre d'une chose: sans lui ma vie serais un peu plus simple. D'un autre coté je me sentais étrangement liée à lui, comme si quelque chose c'était créée la première fois qu'il m'avait touché. Je me recomposais une tête du mieux que je pus et repris le chemin des cours malgré que mon esprit soit dans un brouillard épais.

Le reste de la journée passa vite, je n'écoutais rien ni personne, mon corps était là mais mon esprit était absent.


Je rentrais chez moi, où mes parents m'attendaient et je me mis à leur expliquer tout mon entretien avec le médecin. Ils n'avaient plus l'air paniqué du tout, bien qu'au fond je les savaient inquiets et s'en remirent à ma décision sans broncher. J'étais contente que ça se passe comme cela. Ce soir-là, une fois de plus je me couchais très tôt. Je devais être en forme demain, je mis du temps avant de m'endormir étant stressée à l'idée de ce qu'ils allaient me faire. « Et si il rate l'injection ? Si mon corps réagissait mal ? Que se passerait-il ? » Je fus prise de panique et essaya tant bien que mal de calmer mon esprit. Je fini par m'endormir exténuée par le stress et la peur.


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