Prologue

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Le 9 novembre,

Par où commencer ?

Coucher des mots sur le papier de cette façon n'a jamais été, pour moi, une évidence. Me confier à ma propre mère, même lorsque j'étais enfant, me semblait une épreuve insurmontable. Je pensais que dès l'instant où il s'agissait d'une personne extérieure, qui ne partageait pas mon quotidien, il était impossible pour elle de saisir ce que j'avançais. Ce n'est que lorsqu'elle a disparu de ma vie que j'ai compris mon erreur. Cette disparition m'a également appris ma plus grande leçon de vie : personne ne mérite d'être seul.
Je n'ai pas eu la chance que quelqu'un me tende la main lors des épreuves qui constituent la vie de chacun.

Comprends désormais mon inquiétude lorsque je me suis lancée dans cette incroyable aventure.
Je n'ai pas la prétention de comprendre ce que tu ressens à cet instant, ce que tu endures. Seulement, il y a un point sur lequel je suis sûre, c'est que je suis là pour t'aider à affronter cette épreuve, et que je t'apporterai le réconfort dont tu as besoin.

Je pense que cette possibilité est apparue à un moment crucial de ma vie.
Je ne crois pas au hasard.
J'étais perdue. J'avais perdu confiance en moi et en l'espèce humaine.
J'avais besoin d'avoir une raison de vivre, de faire quelque chose de bien.
Aujourd'hui, en écrivant cette lettre, je trouve un sens nouveau, une nouvelle existence. Je mérite ma place dans ce monde. Et le faire en donnant désormais une raison de sourire à un homme rend la chose et son plaisir infini.

Le centre pénitentiaire ne m'a pas dit pourquoi tu avais élu domicile chez eux. Je ne l'ai pas demandé. Peu m'importe l'homme que tu as été. Ce qui m'importe aujourd'hui, c'est celui que tu es devenu. Et je veux apprendre à connaître cette personne.

Sache une chose, même si je ne te connais pas, même si je ne t'ai jamais rencontré, tu as quelqu'un qui tient à toi.

J'attends de tes nouvelles avec impatience,

Manon.

Cœur prisonnierOù les histoires vivent. Découvrez maintenant