Chapitre 15.

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Nous venons d'achever notre repas bien mérité, et poursuivons nos recherches. Shawn nous est finalement d'une aide précieuse, car il semble savoir où aller. Nous le suivons donc, Célia et moi, et nous interrogeons du regard. Un regard qui semble signifier "Comment il sait où il va?".

Nous marchons dans ce desert où nous avons n'avons croisé personne depuis mon arrivée. J'ai du mal à me dire qu'il s'agit vraiment du royaume des morts. Je l'imaginais plus horrible, affreux, putride, avec des cadavres partout... Ce n'est pas ça mais finalement ce lieu est bien mort : aucun signe de vie, et c'est assez angoissant. Heureusement que je ne suis pas seule. Célia et Shawn sont vraiment parfaits. D'ailleurs, je les connais depuis peu, mais j'ai la sensation de les connaître un peu d'une manière ou d'une autre. Le pire ça a quand même été Shawn. Dès que je l'ai vu j'ai ressenti quelque chose, mais je ne sais pas de quoi il s'agit. En étant à quelques mètres derrière lui, j'en profite pour l'observer. Sa démarche est bien cadencée, ses pas sont légers, ses bras remuent dans le rythme de son allure. Je peux observer ses cheveux châtains, d'un beau marron. Sa nuque est carrée, adaptée à la structure de son corps bien musclé. Ses épaules sont larges, il est baraqué comme un grand nageur. Par dessous tout, j'aime son sourire franc et jovial. Il a aussi de magnifiques yeux bleus, qui ressortent bien lorsque sa peau est bronzée. Il semble fort et gentil. Je ne comprends pas ce qu'il fait ici. Comment se fait-il qu'il soit dans ce monde dépourvu de vie ? Cette question me turlupine, je décide alors de l'interroger pour la première fois :
- Shawn, que fais-tu dans ce monde ? Tu cherches quelque chose en particulier ?

Il s'arrête net. Il se retourne, me regarde, me souris, et me dit :
- Je ne sais pas.

Ainsi s'achève notre discussion. J'aurais aimé en savoir plus, surtout que j'ai la sensation qu'il en sait plus qu'il ne le dit. Mais je n'insiste pas, car je sais comme cela peut être désagréable de répondre à une question qu'on aurait aimé éviter. Célia me regarde, et m'interroge du regard: "Pourquoi tu lui demandes ça ? " et je lui réponds de la même manière: "Parce que ça m'intrigue évidemment ! " . Cette façon de communiquer nous mets le sourire aux lèvres et nous rions d'un éclat commun. Shawn se retourne, se demandant sans doute ce qu'il se passe. Mais il n'insiste pas et continue d'avancer.

Cela fait maintenant des heures que nous avançons, et j'ai sacrément mal aux pieds. Seulement je ne peux pas me plaindre, nous sommes tous les trois dans la même situation. J'aurais aimé qu'on y aille en volant, mais Shawn n'est pas doté de ce pouvoir merveilleux qui est une vraie source de bonheur pour moi, nous obligeant à marcher, pieds contre sable, sacs contre dos...

Insupportable est le mot. Et pourtant, je ne vois pas arriver tout de suite ce qui nous fonce dessus à l'instant même. Quelque chose, une masse sombre que je ne perçois pas immédiatement approche, à une vitesse que je n'arrive pas à juger. Mais cette chose va vite, et je m'en rends finalement compte. Et plus elle approche, moins je bouge. Je ne sais pas ce qu'il m'arrive, je reste plantée là, à la regarder venir à moi. Je me sens attirée par cette force, cette masse qui n'est pas distinguable facilement. Je la vois alors approcher, et alors qu'elle n'est qu'à deux petits centimètres de mon visages, elle s'arrête net. Et là tout s'éclaircie. Je vois les détails parfaits de ce visage. Un humain. Un garçon. Un jeune homme. Des yeux verts irisés de marrons, des cheveux bruns voltigeant dans le vent inexistant de ce lieu. Un visage magnifique, les courbes d'un visage parfait. Kyle.

***

Kyle est avec moi.
Devant moi se trouve Kyle, la personne que je n'aurais jamais pensé revoir. Cette personne que j'ai vu mourir. Son visage est si près du miens que je n'ai qu'une envie, l'embrasser passionnément, accoupler nos lèvres, nous rendre inséparable. Je lui saute alors au cou, et le soulagement que je ressens alors est d'une immensité telle que j'en oublie tout ce qui se trouve autour. J'en oublie mes nouveaux amis, j'en oublie cette marche terrible, ce paysage affreux, le fait qu'il n'y ait aucun signe de vie. Et j'ai l'impression d'être redevenue une fille normale, une adolescente de 17 ans qui a trouvé l'amour et qui retrouve son aimé. J'en oublie même qu'il nous est impossible de nous embrasser. Et lorsque je me décroche enfin de son cou, je sens et je vois dans son regard qu'il serait prêt à tout pour pouvoir être libre, pour m'embrasser comme jamais personne ne pourra le faire. Ses yeux brillent, il est là, je suis dans ses bras, et seuls nos regards suffisent pour nous comprendre. Cette osmose parfaite entre nous. J'ai peur que ce ne soit à nouveau qu'un rêve, un rêve magnifique mais pourtant affreux, rien qu'en sachant qu'il n'est pas réel. Mais j'ai pourtant la sensation que tout ça est bien réel. Et cela se justifie lorsque j'entends un murmure, aussi délicat qu'une brise d'été :
- Kyle...

Dreaming or LoveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant