À bout de souffle.

Chapitre 1

Après la 4ème sonnerie, je grogne en me levant.

Plus jamais de soirée la veille de ma première journée de stage, plus jamais!!

Tout en répétant cette litanie je tente par tous les moyens que le Dieu du maquillage a crée de cacher mes cernes qui plombent mon visage. Sonia va m'entendre, oh ça oui! C'est de sa faute si hier soir au lieu de paisiblement dormir comme tout être normal la veille d'un premier jour de stage, j'étais dehors en boite avec elle qui s'amusait bien avec son plan cul alors que moi... Juste à l'idée d'y repenser j'ai la nausée, c'était trop horrible! 

Mince, c'est déjà l'heure! Tant pis, il ne me reste plus qu'à porter mes horribles lunettes toute la journée pour paraître présentable. Dire qu'aujourd'hui j'assiste Mr Gautier à un rendez-vous privé avec un joueur qui va apparemment signer avec une grande équipe de foot. J'ai vraiment choisi la bonne soirée! 

Après avoir jeté un dernier coup d'œil à mon chemisier blanc tout droit sorti du pressing et ma jupe tube noir acheté la veille, je sors rapidement de mon appartement dans le quartier latin et m'engouffre dans ma mini-cooper prête à entamer ma première journée. Une fois installée j'échange mes escarpins noirs contre des ballerines plus confortable pour conduire. Je jette un dernier coup d'œil dans le rétroviseur, ajuste mon rouge à lèvres beige avant de démarrer en direction du quartier de la défense.

Mon téléphone sonne, j'actionne le kit main-libre et décroche à ma meilleure amie.

—Salut connasse, bien dormis ?

Je grogne d'une façon très exagéré afin qu'elle puisse m'entendre, ce qui semble la faire ricaner.

 —J'en déduis que non.

— Sonia tu n'imagines même pas l'état de mes yeux !

— Relativise, c'était pour la bonne cause.

— La bonne cause où celle de ton vagin? Tu m'as carrément entraîné dans cette soirée sous prétexte que ton plan cul était accompagné de son cousin qui, au passage avait de la salade entre les dents durant toute la soirée, en plus d'être repoussant et de me faire du rentre dedans pendant que tu vérifiais si ton passe temps avait des amygdales.

Je l'entends éclater de rire avant de glousser.

— Je te signal que vendredi d'il y a deux semaines tu étais en bonne compagnie alors chacune son tour chérie !

— En bonne compagnie ? Joris est une bonne compagnie ? Tu rigoles j'espère! Je baise avec un mec aussi con qu'un manche à balais, grogné-je.

— Oui mais il sait se servir de son pénis, c'est bien pour ça que tu couches avec.

Je lève les yeux au ciel sans lui répondre, elle a raison Joris sait parfaitement se servir de son engin, c'est d'ailleurs la seule raison pour laquelle je le vois un vendredi sur deux.

 — Julie, t'es toujours là ?

— Oui, je dois raccrocher je rentre dans le parking.

— On déjeune toujours ensemble? Demande mon amie.

— Oui, midi vingt devant les escaliers de la tour.

— Je me charge du repas, m'informe-t-elle en raccrochant.

Tandis que je cherche ma place de parking qui se situe au -4, une mercedes benz de couleur grise  me coupe la route. Encore un chef d'entreprise se croyant tout permis.

— Connard va ! Grogné-je en soupirant.

La cabine d'ascenseur est plus grande que ma salle de bain, je me demande d'ailleurs si certains n'en ont pas profités pour organiser des parties de jambes en l'air entre deux étages. C'est connu, l'ascenseur a des vertus aphrodisiaques. 

Les sonneries de téléphone retentissent dans chaque coin de la pièce, la secrétaire me salue et patiente, ah oui mon manteau ! Je retire rapidement celui-ci qu'elle s'empresse de prendre avec mon sac, arborant son sourire le plus faux puis reprend son poste. Je lève discrètement les yeux et longe le couloir du 30ème étage jusqu'à arriver au fond de celui-ci, devant le gigantesque bureau de Mr Gautier. Je frappe timidement à la porte en essayant de contrôler ma respiration saccadée.

— Entre Julie.

J'ouvre la porte et fait face au bureau d'une cinquantaine de mètres carrés, une baie vitrée qui longe cette magnifique pièce grise. Mr Gautier vêtu de son indétrônable costume noir, est assis sur le rebord de son bureau en bois massif noir en train de feuilleter ce qui me semble être un dossier.

— Prête pour votre première journée ? Me demande t-il  d'un ton cinglant.

— Parfaitement, dis-je calmement.

— Très bien, vous allez organiser mes rendez-vous de la semaine je verrez par la suite si vous êtes aussi compétente qu'insistante, dit-il en faisant référence à mon acharnement pour avoir le stage.

J'acquiesce en m'apprêtant à lui demander mon bureau mais comme d'habitude il me prend de court.

— Vous prendrez le bureau de Laurie, elle est en arrêt maladie pour dépression. Demandez à la secrétaire de vous y conduire, m'informe-t-il en me désignant la pile de dossier à prendre.

J'accroche la hanse de mon sac à mon épaule et me baisse pour prendre les dossiers avant de partir. Je sais qu'il a émit la dépression de cette pauvre Laurie dans le simple but de me déstabiliser mais ce n'est en aucun cas ce qu'il va se produire, il m'en faut plus.

— Ne tombez pas, vos talons sont si fins, lâche-t-il lorsque je ferme la porte.

Patrice Gautier est un homme influant, richissime et extrêmement antipathique en plus d'être toujours célibataire à presque 45 ans qu'il ne fait pas, bien évidemment. Pourquoi se priver de botox quand on a les moyens ? Il mesure près d'un mètre quatre-vingts dix, ses yeux gris sont perçant tout comme son charisme qui attire toutes les jeunes de mon âge. Bienheureusement il  préfère les trentenaires.

— C'est ici.

La secrétaire me sort de mes pensées en m'indiquant le minuscule bureau près du placard à balais.

— Quel luxe, grommelé-je.

— Tu t'attendais à quoi ? Tu n'es qu'ici seulement pour un semestre, ricane-t-elle.

Je lui lance le regard le plus noir que j'ai en réserve, ce qui a le don de la mettre mal à l'aise. Il est vrai que j'ai cette chance d'avoir un physique qui impose le respect et la crainte. Non pas que je sois musclé, mais ma taille est semblable à celle de Kendall Jenner, oui je regarde les Kardashian, c'est encore la faute à Sonia !

Sonia est mon amie de toujours, enfin c'est surtout ma seule amie, il faut dire que la sociabilité n'est pas mon point fort. On s'est connu durant de notre dernière année de licence lorsque le professeur nous a mis en binôme et depuis, on ne s'est plus lâché. Plutôt mignon comme histoire non ? Sony est une très belle femme, ses cheveux long sont d'un noir naturel, ces courbes parfaites attirent le regard mais tout comme moi, elle ne cherche pas de relation, trop occupée à construire son avenir. C'est d'ailleurs notre règle d'or, pas d'histoire d'amour.

Je dépose les dossiers sur le bureau, puis m'installe prête à dégainer le téléphone. J'inspecte tout d'abord son emploi du temps et place en premier lieu les rendez-vous qui me semblent être le plus important. Je remarque que la semaine prochaine aura lieu un gala de charité, je me demande si je dois d'ores et déjà commander son costume, sa voiture et sa chambre d'hôtel. Le Gala se trouve à l'hôtel Molitor et d'après ce que je sais Mr Gautier aime bien finir en bonne compagnie. Je souris en imaginant la tête qu'il fera lorsqu'il apprendra que j'ai tout anticipé. Cela fait plus de huit mois que je ne cesse d'harceler sa secrétaire pour avoir l'opportunité de travailler avec lui, donc oui je suis bien renseignée sur le personnage.