Le faux couple | Lashton ✓

5 - "Et... Action !"

Ashton

Je n'ai pas reparlé à Luke depuis la nuit où nous avons dormis ensemble. Il m'évite. Dès que j'essaie de lui dire deux mots, il prétend que Michael lui a demandé de lui parler ou autre chose pour s'éclipser. Son ami, bien évidemment, ne dément jamais. Calum tente de me rassurer en me disant que tout ira bien, notre amitié n'est pas terminée. Le truc c'est qu'en seulement deux jours à Sydney, nous nous éloignons. Nous qui avons été h24 ensemble de la maternelle au lycée, dès les deux premiers jours hors de notre ville, on ne se parle plus. J'aimerais lui expliquer que ce défi ne change rien entre nous, que je ne suis pas gay et encore moins avec lui, qu'il n'a pas à être distant avec moi... En plus Matthieu qui en rajoute. Ce qu'il m'a dit ce jour là m'a glacé le sang. Une question se posait : comment a-t-il su ? Seul Calum était au courant et ce n'est sûrement pas lui qui lui a dit. J'ai confiance en mon kiwi préféré.

Aujourd'hui c'est la rentrée officielle. Luke et moi avons à faire semblant d'être en couple à partir de ce matin. Il est actuellement 7:20AM, dans quarante minutes nous partons pour l'Université. On doit passer prendre nos emplois du temps au secrétariat, je compte profiter du voyage pour lui parler sérieusement. Je suis déjà lavé et habillé, dans le salon. Les gars de la frater' commencent à descendre, la tête dans le cul. Les pauvres ont encore fait la fête hier soir. Moi, non. Je n'avais pas la tête à ça. Par contre, le blondinet ne s'est pas gêné. Quand Chris à proposer aux garçons de venir avec lui là-bas, il n'a pas hésité une seconde avant de se lever du canapé et de se changer pour partir. Calum s'était proposé de rester avec moi mais j'ai refusé, préférant continuer mon roman. Cela fait deux ans que je travaille dessus, il s'appelle L'île. C'est une histoire d'amour. Bref, je remonte dans ma chambre après avoir mis dans le lave-vaisselle mes couverts. Je passe devant la porte de Luke entre-ouverte et l'aperçoit de dos en caleçon. Je m'étonne à regarder ses fesses. En secouant la tête, je vais dans ma chambre pour de bon cette fois et prends mon sac à dos EastPack. J'y mets ma trousse et un trieur avec des feuilles pour la journée. Après avoir mis mes Vans et ma veste en cuir, je vais voir si mon ami est prêt. Je toque et entends un faible "ouais" de sa part. J'entre et referme la porte derrière moi. Luke est sur sa chaise de bureau, un crayon de papier dans la main, il répond à une sorte de formulaire.

- Qu'est-ce que tu fais ? demandais-je, intrigué.

Il tourne brusquement la tête vers moi et range le papier dans son tiroir en marmonnant.

- Rien, des conneries administratives...

Je hoche la tête.

- Tu es prêt ? On doit passer au secrétariat.

Il opine et enfile ses baskets et sa veste puis nous sortons. Dans les escaliers, nous croisons un gars de la fraternité qui nous fait un clin d'œil coquin. Ah, oui. Chris nous avait dit en début de séjour que toute la fraternité serait au courant de ce défi : mensonge. Seuls ceux qui étaient présent (les nouveaux et Calum, Michael, Chris évidemment, Jullian, Jo et Matthieu) savent. Le reste pense réellement que nous sommes réellement gay, donc quand ils nous voient sortir du même endroit ou parler seuls (ce qui n'est pas souvent arrivé ces derniers jours) on a droit à des remarques coquines voire salaces... Super.

Nous sortons de la maison et Luke me demande de passer à Starbucks pour prendre son petit-déjeuner. J'accepte et nous y allons. En ces quelques jours on s'y retrouve à Sydney. Le quartier où on habite, du moins. Nous marchons côtes à côtes jusqu'au café, sans s'adresser la parole. On commande et s'assoit à une table. Encore une fois, un silence gênant prend place. Je me décide de prendre la parole.

- On ne pourrait pas arrêter de s'ignorer ? demandais-je.

Luke hoche la tête et s'apprête à parler quand la serveuse vient à notre table pour y déposer nos cafés et les viennoiseries du blond. Je la remercie tout bas et elle repart. Le percé prend une bouchée de son donut au lieu de parler. Il me regarde et avale son morceau.