Chapitre 1 - Jared

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Jared

Je veux que, ce soir, tout aille pour le mieux. Je connais Camille. Si elle a insisté pour que je ne l'accompagne pas, c'est qu'elle devait avoir ses raisons. Sauf que, bien entendu, cela fait quatre heures que je fais les cent pas dans l'appart et que je me ronge les sangs.

Je n'en peux plus d'attendre. De l'attendre. Pour la centième fois depuis qu'elle est partie, je scrute ma montre prête à l'exploser contre le mur. A l'heure qu'il est, son putain de rendez-vous est terminé depuis belle lurette. Elle aurait dû m'appeler. C'était le deal. Je sors mon portable de la poche arrière de mon jeans et l'ausculte hargneusement sous tous les angles. Toujours pas de message. Fait chier. S'il ne s'agissait pas du modèle dernier cri d'Apple, il aurait déjà atterri au fond des chiottes et la chasse d'eau aurait peut-être légèrement atténué ma colère. Deux secondes plus tard, je compose son numéro et tombe pour la trentième fois sur sa messagerie. Bordel. Merde. Je passe une main rageuse dans mes cheveux avant de jeter un coup d'œil circulaire dans la salon.

Putain. J'ai essayé de garder mon calme. J'ai même viré temporairement la femme de ménage et ai tout récuré jusqu'aux joints de la cuisine. Je me suis emmerdé à aller chez l'épicier du coin pour acheter de quoi nous faire à bouffer. Une chance que personne ne m'ait reconnu. Je suis revenu entier avec mes quelques paquets. Aucune griffure. Aucune trace de rouge à lèvres. Aucune coupure ou de morceau de fringue arrachée. Pour la peine, je devrais peut-être le marquer d'une croix dans le calendrier.

J'ai même consulté un site complètement crétin pour nanas sur lequel j'ai trouvé une recette pas trop compliquée.

Me voilà donc comme un con à ré-inspecter la table de la salle à manger entièrement dressée et à vérifier que les flammes des bougies tiennent encore le coup. Sans parler de l'immense bouquet de roses blanches qui est parfaitement posé à équidistance de nos deux assiettes.

C'est un comble. Première fois que je fais à bouffer. Et première fois qu'on me pose un lapin. Soudain, un éclair d'angoisse me transperce les tripes. Et si sa mère était revenue dans l'équation ? Et si elle avait fouiné du côté de son rendez-vous ? Non, impossible. Je dois me ressaisir. Si tout se passe comme prévu, on ne la reverra pas avant un paquet de temps. Je peux respirer. Toute flamme a temporairement été ôtée du dragon. À part des cachetons, elle n'est plus capable de cracher grand chose.

Je ne sais pas combien de temps il se passe avant que j'entende la porte d'entrée s'ouvrir délicatement. À moitié affalé sur mon canapé, je dois me rasseoir pour vérifier que je ne rêve pas. La putain de chemise blanche slim que j'avais enfilée pour l'occasion est à moitié froissée. Quant à ma tignasse, je sens qu'elle va dans tous les sens.

- Salut.

Il fait nuit noir dehors et, à part la faible lueur des bougies, la pièce est plongée dans l'obscurité. Je me frotte les yeux pour vérifier que je ne rêve pas et que la voix que je viens d'entendre est bien la bonne. Pas de doute possible. Camille se tient devant moi, trempée par la pluie et les yeux rougis. Putain. Elle était passée où ?

J' inspire profondément afin de garder un semblant de contenance et ne pas lui sortir les saloperies de mots qui me viennent à l'esprit. Je suis peut-être doué pour pousser la chansonnette mais je n'ai jamais été coriace pour causer. Je ne sais pas pourquoi mais je sens que ce n'est pas le moment d'essayer de discuter d'une quelconque façon que ce soit. Pour une fois, je vais essayer de la jouer intelligemment et de ne pas me laisser dépasser par mes sentiments dévastateurs.

En bon mec qui se respecte, je lui ouvre mes bras et l'invite à venir s'y blottir. Tandis que je sens son corps gelé par l'orage se caler contre le mien, je tente de me conforter dans l'idée qu'elle doit avoir ses raisons de ne pas être rentrée plus rapidement. La batterie de son téléphone devait être, une fois de plus, complètement à plat. Si je ne veille pas à lui recharger son portable le soir avant de me pieuter, il est toujours mort le lendemain matin. Et, hier soir, j'ai complément zappé l'affaire. Je vais me calmer et attendre son explication. En enfouissant mon nez sur sa tête, je la hume jusqu'à la racine de ses cheveux. Son odeur brute m'apaise immédiatement.

Up and down - saison 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant