Prologue

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Il était dix-huit heures, j'allais enfin rentrer à la maison après une dure journée au lycée. Je détestais le mercredi cette année-là, j'avais neuf heures de cours tous plus ennuyeux les uns que les autres et je savais qu'en rentrant maman serait encore de mauvaise humeur à cause de son connard de patron qu'elle voyait toute la journée. Papa, lui, serait encore au boulot comme à son habitude -on ne l'attendait jamais avant vingt-deux heures. Le chemin du lycée à la maison était long et la nuit glacée ne faisait que me déprimer un peu plus, le chauffeur du bus ne connaissait pas le chauffage apparemment. J'essayais donc de me blottir dans ma grosse veste tout en fermant les yeux.

Après trente minutes de trajet, j'arrivais à la maison, mes cheveux étaient trempés par la neige et mon nez coulait, j'étais sûre de tomber malade le lendemain, heureusement il ne restait que deux petits jours avant d'être en vacance et de pouvoir voir Laura, ma meilleure amie, tous les jours. On s'était connues à l'âge de trois ans quand elle avait déménagé dans le quartier et que papa et maman avaient sympathisé avec ses parents. Je ne me souviens pas d'une quelconque embrouille avec elle, elle a toujours été à mes côtés, dans les bons moments comme dans les pires. Je me souviens quand on avait dix ans et que je suis tombée dans les escaliers, j'avais une fracture au bras gauche donc un plâtre et Laura avait fait croire à ses parents qu'elle avait très mal au bras pour porter une attèle et être comme moi. On avait fait croire à tout le monde qu'on avait eu un accident de voiture ensemble, ce que je trouvais à présent stupide. Maintenant qu'on avait grandi j'étais dans un lycée artistique alors qu'elle était en terminale S dans un autre lycée, mais cela n'avait jamais empêché que l'on se voit le plus souvent possible.

Je sorti de ma rêverie en ouvrant la porte de la maison quand je vis maman assise sur le canapé, l'air vide. Je m'approchai doucement d'elle sans faire trop de bruits pour ne pas la tirer de ses pensées trop brusquement. Au bout de cinq minutes je commençai à m'impatienter et décidai d'intervenir.

- Maman ? Est-ce que tout va bien ? Demandai-je calmement

- Oh ! Aly ! Je ne t'avais pas entendu. Oui, oui, tout va bien. Assied-toi s'il te plaît ma chérie, je dois te parler de quelque chose.

Je détestais ce genre de phrases, celles qui disent « tu ne vas pas être contente ». Je ne dis rien et la laissai finir. Elle me prit la main et continua.

- Alyssa, ma puce. Nous avons eu une proposition papa et moi pour le boulot. Nous allons déménager. Mais avant que tu ne t'emportes, sache que tu y trouveras ton compte toi aussi ! Nous allons partir aux Etats-Unis, à New York plus précisément ! N'est-ce pas génial ? J'étais en train de réfléchir à ta scolarité là-bas mais tu n'auras aucun mal pour t'intégrer vu que tu parles l'anglais couramment. Tu es heureuse ?

Heureuse ? Elle se moquait de moi ou quoi ? J'avais dix-sept ans, l'âge de folie où je devais profiter de mes amis et de ma jeunesse, pas celui où je devais partir et tout recommencer. Qu'allais-je devenir sans Laura ? Et sans l'école de dessin ? Il était hors de question que je parte d'ici.

- C'est une blague, c'est ça ? Je ne partirai pas ! Criai-je

Avant que ma mère, cette journaliste perfectionniste et égoïste, ne continue je parti en courant dans ma chambre et m'enfermai pour pleurer pendant des heures et des heures. La fatigue ayant pris le dessus sur mon moral, je m'étais endormie aux alentours de trois heures du matin. Quand mon réveil sonnait le lendemain je sentais mes yeux gonflés et ma tête me faisait affreusement souffrir. J'espérais que la soirée de la veille ne soit qu'un affreux cauchemar mais quand je vis que mes parents étaient en train de commencer les cartons tout me revint en pleine face. Puis, je me fis une raison. J'allais sécher cette journée pour profiter de Laura un maximum et elle viendrait me voir là-bas. Je ferais de nouvelles rencontres qui deviendraient peut-être importantes pour moi. Les écoles d'art seraient peut-être nombreuses et je pourrais trouver celle qui me correspondrait. Je souris donc à mes parents et m'assis à côté d'eux.

- On part quand ? Demandai-je à mon père qui, au vu de ses cernes, avait dû se coucher tard lui aussi.

- Lundi, l'avion décolle à midi de Paris. Je suis heureux de voir que tu es une jeune femme mature et intelligente ma puce, me répondit-il avec le sourire jusqu'aux oreilles.

J'avais donc quatre jours pour faire mes cartons, et pour planifier avec Laura tous les détails de ma nouvelle vie.


Ready or notOù les histoires vivent. Découvrez maintenant