Chapitre 1

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Lundi matin, huit heures. Je m'étais levée aux aurores pour finir de préparer mes affaires, je ne m'étais jamais rendue compte du nombre d'objets inutiles que je possédais avant le déménagement. Laura était venue m'aider tout le week-end et nous avions profiter au maximum l'une de l'autre. Nous avions tout planifier: elle viendrait me voir aux prochaines vacances scolaires françaises, elle m'accompagnerait donc en cours là bas, je m'inscrirais dans un super lycée, je changerais de coiffure et rencontrerais un mec parfait, je me ferais des amies mais aucune qui ne soit à la hauteur de Laura, j'aurais une chambre super bien décorée avec pleins de photos de nous et je serais heureuse. Tout me paraissait plus simple maintenant que je connaissais mes objectifs. Ils étaient enfantins, certes, mais normaux à mon âge.
Il ne me restais que quelques minutes à attendre avant de partir, je préparais donc mon sac pour l'avion: mon téléphone, mes cigarettes pour l'aéroport, mes écouteurs, un livre, un élastique pour attacher mon énorme chevelure brune en cas de besoin et surtout la photo de Laura et moi que j'emportais partout. Elle était magnifique, nos deux chevelures brunes et blondes se mélangeait pendant que nous riions aux éclats. Le bonheur à l'état pur.
Puis vint le moment de dire au revoir à la maison, j'y avais passé toute ma vie et je ne me rendais pas encore compte que c'était la dernière fois que je la voyais. J'avais l'impression de seulement partir en voyage, même si les centaines de cartons me prouvaient bien le contraire. Laura avait décidé de nous accompagner à l'aéroport avec ses parents pour me dire au revoir comme dans les films, nous avions toujours adoré imaginer des scènes en mode américain, seulement ça allait vraiment arriver cette fois.
Le trajet se fit dans le silence, chacun était plongé dans ses pensées. Mon père souriait, comme à son habitude, ma mère avait l'air légèrement angoissée de partir, Laura me tenait la main en me regardant tristement et moi je semblais perdue. Je ne savais pas quoi penser du départ, c'était une chance inouïe dans une vie que de partir vivre aux États-Unis mais cela voulait dire abandonner ma vie et c'était vraiment dur à accepter. Je sentais une boule dans mon ventre et les larmes me monter aux yeux quand j'aperçu l'aéroport au loin. C'était le moment.

L'enregistrement des bagages se fit très long, il y avait énormément de monde étant donné que nous étions en pleine période de vacances scolaires. Il y avait beaucoup de familles, des couples, et des hommes d'affaires. Un aéroport quoi.
Nous décidions d'aller manger un morceau comme il nous restait du temps à tuer. Il y avait une pizzeria dans l'aéroport, nous nous y rendions rapidement tellement nous avions faim. Laura était assise à côté de moi, nos mains se tenaient sous la table. Parfois nous avions l'air d'un couple, mais c'était surtout un véritable lien d'amitié qui nous unissait, nous étions comme des sœurs et même si nous nous étions déjà embrassées pour rire je n'avais jamais éprouvé de sentiments amoureux pour elle, enfin je crois. Une petite pression sur la main de sa part me fit revenir à la réalité, sa mère était en train de me parler d'une grande école d'art vers Brooklyn mais ses propos ne m'intéressaient pas beaucoup, j'étais surtout préoccupée par mon intégration dans la société New-Yorkaise. Je n'avais pas envie d'intégrer une école d'art tout de suite, je voulais aller dans un lycée normal et prendre une option dessin, je voulais vraiment rencontrer des personnes différentes. Mais et si je ne me faisais pas d'amis? J'avais toujours eu peur de la solitude, et je redoutais l'inconnu.

Il était temps d'aller en salle d'embarquement, je décidais de me rendre aux toilettes avec Laura avant de partir pour être tranquille le reste du voyage et surtout pour être seule avec elle. Quand nous entrâmes dans la pièce je lui prit la main.
- Viens me voir dès que tu peux. Ça va être vraiment dur sans toi là-bas... Dis-je les larmes aux yeux
Elle ne me répondit pas et me prit seulement dans ses bras. Elle savait quoi faire quand j'étais triste. Puis elle me fit un bisou au coin des lèvres et me fit promettre de ne pas la remplacer.

Cet au revoir me travaillait depuis le début du vol. Nous avions fait la moitié et je n'avais pas décollé mon regard du hublot. La sensation que j'avais ressenti quand elle m'avait fait son bisou me préoccupait, ça ne m'étais jamais arrivé. Il y avait eu comme un courant électrique entre nous et j'en avais encore des frissons, mais je me rassurais en me disant que je l'avais imaginé.

- On arrive dans longtemps? Demandai-je à mon père qui dormait à moitié
- Hum je ne sais pas trop ma chérie, peut-être que oui peut-être que non.

Je détestais quand il faisait ça, je n'étais pas du tout patiente et il adorait s'en servir contre moi. Je mis donc mes écouteurs et m'endormi pour le reste du vol.

À mon réveil, nous avions atterri. Tous les passagers descendaient de l'avion, ils semblaient tous heureux d'être ici. Moi même j'étais très excitée de découvrir une nouvelle ville, et j'avais à la fois affreusement peur de ne pas l'aimer. Il neigeait aussi à New-York, je me remerciai d'avoir prit une grosse veste quand une rafale de vent me fouetta le visage.

Nous primes un taxi pour aller jusqu'à l'appartement. Les rues de la ville étaient bondées mais je me sentais libre et vivante. Quand le taxi s'arrêta je compris que c'était maintenant, que ma nouvelle vie commençait.
Nous avions acheté un grand appartement avec vue sur central park. Les plafonds étaient très hauts, il y avait des balcons immenses et un étage -mon étage. Ma chambre était juste magnifique, j'avais moi aussi mon propre balcon ainsi qu'un dressing et une salle de bain. Je pouvais accéder aux toits par un petit escalier discret, tout était déjà meublé et la décoration était encore plus belle que ce que je m'imaginais. Mon lit pouvait contenir quatre personnes tandis que la salle de bain ressemblait plutôt à un spa. Je savais que nous avions de l'argent mais je ne me serais jamais imaginé vivre dans un tel endroit.

Après avoir ranger les quelques affaires qui étaient déjà arrivées, je me glissai sous la couette. J'étais exténuée et il fallait que je fasse un skype avec Laura pour tout lui raconter.
Nous restâmes un long moment puis la fatigue s'empara de moi.

Ready or notOù les histoires vivent. Découvrez maintenant