Chapitre 1.

17 1 0
                                        


Je regarde autour de moi. Marre de ce fichu cours, je pense. La prof continue pourtant de parler. J'en ai rien à foutre de Zola et tout ça. Mais ça elle s'en fiche royalement. Elle continue son cours. Les élèves semblent boire ses paroles. Je suis le seul à être là par obligation. Mes parents veulent absolument que je travaille comme journaliste de merde. Ou alors que je devienne écrivain. J'aime pas l'écriture. C'est nul. Comme ce lycée, cette prof, ces camarades. Tous les mêmes. Ils m'énervent. Certains essaient de se lier d'amitié avec moi mais j'veux pas. J'pense que la plupart me prennent pour un fou. J'sais pas, ils ont une sorte d'angoisse dans leurs yeux quand ils me fixent. J'crois que c'est à cause de Xavier, mon meilleur ami. Enfin avant. On s'est disputé. Lorsqu'on se parlait mes parents m'emmenaient souvent chez le médecin. Xavier venait avec, il habitait chez nous. J'ai passé mon été dans un hôpital. J'crois qu'ils pensent que j'suis fou. Enfin j'étais. Apparemment ça va mieux. Depuis que Xavier est retourné chez lui c'est fini. Parfois l'docteur vient me voir encore. Il me demande si je vois encore mes amis. Il me parle comme un gamin de six ans. Xavier est vrai. Je le sais, c'était mon camarade de chambre pendant un long moment. Il a grandit avec moi. On avait les mêmes goûts. Une fois mon frère m'a dit que j'étais malade. C'est du n'importe quoi. Je vais bien. J'préfère juste la solitude. Les gens autour de moi peuvent pas m'comprendre. Seul Xavier y parvenait.


- Pour la prochaine fois je veux que vous lisiez les dix premiers chapitres de Germinal, vous serez interrogés dessus, annonce la prof.


Je soupire. Je sors de ce lycée de merde. Il est vieux et moche. L'pire c'est que les gens sont fier d'y étudier. J'les comprends pas. J'm'assois sur le banc de l'arrêt de bus. J'ai dix-sept ans et pas de permis. Mes parents ont peur. Je sais pas pourquoi. Je sors mon téléphone et prend mes écouteurs. Je fais défiler la liste de chansons. Je mets du ACDC. Vous trouvez peut-être ça pourri mais moi j'aime bien. J'aime pas la pop commerciale et tous ces trucs. J'aime le bon son.



- Javier ? demande une petite voix.



Je tourne la tête à droit puis à gauche. Je ne vois personne. J'ai dû rêvé. Je monte dans le bus. J'pose ma tête contre la vitre, mon sac à mes pieds, le son à fond.



- Javier, je sais que tu m'entends, répéte la voix.



Je regarde autour de moi. Un vieillard me dévisage d'une drôle de façon. Je fini par sortir du véhicule. Je prends mes clés dans mon sac et ouvre la porte. Papa et maman sont au travail, Matt chez un copain. Je suis tout seul jusqu'à au moins vingt-deux heures. Je vois un mot de mon paternel. Il me rappelle de prendre mes cachets. Depuis que Xavier est partit, je prends ces médicaments pour mon cœur. Apparemment je suis cardiaque. Voilà une semaine que je fais semblant de les prendre. Sois je les oublie tout simplement, soit je n'y arrive pas, comme si une voix m'en empêchait. Je prends le reste du paquet de chips et me couche sur le divan. Ma main droite commence à zapper frénétiquement tandis que la gauche plonge à la recherche d'une poignée de chips.



- Javier, écoute-moi, je t'en supplie.



Je ne vois personne, j'essaie de l'ignorer, je dois être fou je pense.



- Javier, je m'appelle Clara, écoute-moi...



Je soupire.



- Qui es-tu ? Je n'arrive pas à te voir...



- Une amie de Xavier... Je suis juste à côté de toi, que tu es drôle!



Effectivement, en tournant la tête, je regarde une fille de mon âge sur le fauteuil. Elle a les cheveux courts et brun, de jolis yeux noisettes. Elle ne semble pas très grande et a quelques tâches de rousseurs. Elle est charmante, à sa façon.



- D'où tu connais Xavier ? Et où est-il ?



Clara se tourne vers moi. Elle croise ses jambes en tailleurs, et prend l'une de mes mains, son doigt désigne mes médicaments sur la commode.



- Il est loin maintenant, à cause de ça. Ces médicaments le détruisent. Et ils détruisent tout tes amis. Ça leur fait mal. Tu comprends ? Et ils sont obligés de partir.



- Mais non, je suis cardiaque. C'est faux. Comment peut-il revenir ? Lui et les autres. Nicolas et Paul me manquent aussi... Je suis seul en ce moment. Les gens ont longtemps éviter de s'approcher de moi de toute façon ils me comprennent pas comme eux.



Elle ne répond pas de suite. Sans doutes gênée.



- Il faut que tu arrêtes de les prendre. Jette les dans les toilettes et Xavier reviendra. Mais dis-moi, tu sais pourquoi tes parents te donnent vraiment ça ?



J'hésite à le savoir. La vérité blesse souvent.



- Tes parents pensent que tu es fou, déclare-t-elle. Ils t'administrent des médicaments car ils croient que tu es schizo.



Schizo, schizo... je crois connaitre ce mot. Mais je suis parfaitement normal. Je ne suis pas fou. Loin de là. Je suis parfaitement normal.


- Parfait, j'arrêterai de les prendre alors.


Elle me regarde et m'adresse un doux sourire. Je l'invite à s'asseoir à mes côtés. Nous regardons une série policière pendant plusieurs heures avant de m'assoupir. Quand je me réveille, Clara n'est plus là.





Toi, moi et eux.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant