Chapitre 8.

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Une branche craqua dans mon dos, me faisant sursauter. Le grondement reprit. Profond, guttural, comme sorti d'un autre âge. Je me redressai lentement, le corps de Logan à mes pieds. La forêt autour de moi me semblait vide, ses ombres s'étirant sur la neige immaculée. Et pourtant, l'impression désagréable d'une présence pétrifiait mes membres.

C'est alors que je le vis. Immense, puissant, majestueux. Sa silhouette se glissait entre les arbres, se rapprochant progressivement de moi. Ses yeux rouges luisaient dans la nuit. Ses crocs blancs se détachaient sur la noirceur de son pelage. Enfin, la lumière de la Lune le révéla dans son intégralité. Pas totalement loup, pas totalement humain, mais une savante combinaison des deux, à la fois effrayante, dangereuse, et envoûtante.

Mon instinct me criait de fuir, de ne pas rester immobile alors que le loup-garou se rapprochait, mais j'étais incapable du moindre mouvement, paralysée par la créature qui se tenait devant moi. Tout prenait enfin un sens. Ma mère n'était plus une folle criant au loup, mais bel et bien un témoin de l'impossible.

La bête approcha, sans un bruit, à l'exception d'un grognement guttural qui remontait du plus profond de ses entrailles. Elle avança encore, pas à pas, si bien que lorsqu'elle s'arrêta, je sentais son souffle chaud sur mon visage. La peur me pétrifiait, me rendant incapable de bouger sous l'intensité de son regard. Le loup prit de profondes inspirations, semblant goûter l'air, et je finis par comprendre qu'il était en train de me sentir. Une ombre de sourire laissa dévoiler une rangée de crocs impressionnants.

- Ce n'est pas la première fois que tu vois un loup-garou, déclara la bête d'une voix d'outre-tombe, rocailleuse.

J'hésitais entre répondre et garder le silence, entre l'affront et la fuite. Un regain de courage me poussa à répondre.

- S- Si, bafouillai-je.

- Oh, sous sa forme humaine alors ? supposa-t-il, la moquerie résonnant dans sa voix. Je sens son odeur sur toi... Et je sens aussi que vous êtes liés. Mais malheureusement pour toi, ma jolie, il n'est pas dans les parages...

Je ne pus m'empêcher de regarder de chaque côté, parmi les ombres, entre les arbres, espèrant, priant pour qu'Adam apparaisse. Qu'il surgisse et vienne à mon secours. Mais rien. Pas un son, pas un mouvement. Seulement mon coeur qui battait à tout rompre contre mes côtes.

Une décharge d'adrénaline parcourut mon corps, et la seconde suivante, je quittai l'emprise de son regard. Je courrai, sans regarder en arrière. Je n'avais pas besoin de me retourner pour savoir que le loup était sur mes traces. Je savais aussi que ma course ne faisait que retarder le moment fatal. Et ce moment se rapprochait.

-Tu crois pouvoir m'échapper ? disait la bête derrière moi. Tu crois qu'il arrivera à temps pour te sauver ? Mais tu es seule, ma jolie. Complètement seule.

J'essayais de ne pas penser à ses paroles, de ne pas penser à la criante vérité. Oui j'étais seule. Adam était probablement de l'autre côté du bois, en train de se battre pour sa survie et celle de sa meute. Personne ne viendrait me sauver. Mais je continuais de courir, slalomant entre les arbres, sautant par dessus des branches tombées au sol, que la neige n'avait pas recouvertes totalement. Je continuais pour repousser l'échéance.

Et puis soudain, plus rien.

Plus un bruit derrière moi, plus de voix s'immiscant dans mon esprit. Je me retournais à temps, pour voir une ombre se jeter sur le loup-garou, avant qu'ils ne disparaissent entre les arbres.

Adam. Adam était venu.

Mon coeur battait toujours aussi vite à l'intérieur de ma poitrine, mais cette fois au rythme de l'espoir. Adam était arrivé, j'étais sauvée. Je n'avais aucun doute sur l'identité de mon sauveur, une assurance venue du plus profond de moi me disait qu'il s'agissait bien d'Adam, comme si j'étais capable de le reconnaître sous n'importe quelle forme. Un couinement suraigu stoppa le cours de mes pensées.

Frissons. [Mini-Fiction]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant