Rien de tel que prendre du recule

61 5 2
                                    


Dimanche 26 Juillet 2015:

J'ai appris bien plus ses deux dernières semaines que ses 22 dernières années. J'ai pris la décision de prendre 15 jours de vacances dans les alpes en solo ! On m'a dit avant mon départ, "mais pourquoi tu pars seule ?", "mais t'as pas peur de t'ennuyer ?", "t'es folle !". Ces personnes-là ont exprimé les principales raisons qui empêchent l'être humain d'accepter la solitude. Malgré ça j'ai été jusqu'au bout de mon idée. Je souffre depuis au moins 10 ans de dépendance affective ayant pour conséquence la boulimie, et d'une confusion identitaire lié à une relation trop fusionnelle avec ma mère. J'avais identifié ces problèmes avant mon départ mais j'étais loin de savoir comment trouver une solution. Dès mon arrivée à la résidence, un immense sentiment de fierté s'est emparé de moi, laissant apparaître un large sourire sur mon visage. J'avais réussi à accomplir quelques choses pour la première fois toute seule. J'allais avoir pendant 15 jours un chez moi rien qu'à moi, ou j'allais pouvoir faire ce que je voulais quand je voulais et ou surtout je n'aurais rien à devoir à personne. Quel bonheur !

Et je confirme, quel bonheur ! 15 jours ont passé, j'ai appris que je n'avais besoin de personne pour faire quelque chose. Par exemple, dimanche soir, c'est soirée dansante ; Qui a envie de se retrouver seule sur la piste de danse sous le regard et le jugement des autres ? La honte ! Et bien moi je l'ai fait et j'ai adoré ! Rien à faire de ce que peuvent penser les autres, de leur regard compatissant qui sous-entende "la pauvre elle est toute seule". Si j'ai envie de danser, je danse ! Autre exemple, la piscine. Tous les petits groupes se forme autour de moi, et les gens se sente presque obliger de venir discuter pour me soulager de la solitude. Mais en fait qui est ce qu'il soulage ? Et bien pas moi en tout cas. Bien que j'aime discuter, rencontrer de nouvelles personnes, la solitude ne m'a dérangée à aucun moment. J'ai pu observer tout ce qu'il se passait autour de moi et savourer chaque instant.

Je vais vous dire ce que j'ai préféré dans cette aventure ! C'est le sentiment de renaitre. Je réapprends à apprécier le monde qui m'entoure et je m'émerveille de tout: un papillon qui vole au-dessus de ma tête, le rire d'un enfant qui joue avec son père ou sa mère, les oiseaux qui jouent au bord de l'eau, le bruit de la rivière qui coule, la beauté du paysage, ou même d'un plat que j'ai cuisiné.

Ces derniers mois ont été difficile à vivre pour moi. J'ai été obsédée par ma colère pour ne pas dire ma haine, rongée par l'humiliation, la souffrance et la peine, sans oublier l'angoisse constante qui m'accompagnait. J'ai détesté ma vie, mon entourage, et n'envisageai aucune perspective d'avenir si ce n'est de vaincre ses sentiments négatifs. Mais la question était comment ? Et bien en laissant ses sentiments m'envahir telle qu'ils sont, c'est-à-dire violent. Les acceptés et vivre avec est une des étapes les plus difficiles. C'est quand on arrête de se battre contre soi-même que l'on peut voir nos souffrances s'atténuer voir disparaitre. A partir de ce moment-là, il faut faire une rééducation : réapprendre à apprécier le moment présent et pourquoi pas se lancer dans la relaxation et la méditation. Vous ne pouvez imaginer le bonheur que je ressens en cet instant. **

Je suis fière de ce que j'ai accompli, d'avoir réalisé tous les défis que je m'étais lancée (le plus gros étant 23km à vélo seule). Je suis satisfaite de cette expérience enrichissante et j'espère qu'elle est le début d'une longue série d'expérience gratifiante et heureuse. Bien entendu, je ne suis pas à l'abri de nouvelles souffrances, mais je pense avoir les outils aujourd'hui pour y faire face.

Je tenais à partager mon expérience avec vous (bien que très résumé), parce que j'ai la conviction qu'elle peut vous être profitables et qu'on a tous le droit au bonheur. Seulement il faut aller le chercher et non plus attendre qu'un ange gardien (les autres) nous l'apporte. Et probablement qu'un peu de narcissisme joue dans cette volonté d'exposer mes sentiments.

** Un livre m'a aidé dans cette "quête du bonheur" : "Secrets de psy" de Christophe André (20 psys expose leur vie, leurs techniques pour s'en sortir et comment il continue à vivre aujourd'hui)




Je réapprends à vivreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant