Mercredi 4 Novembre 2015:
Halloween est ma fête préférée ! Premièrement, parce que j'adore me déguiser et me maquiller pour être la plus moche possible. Vous avez remarqué que c'est la seule fête où on trouve que vous déchirez alors que vous vous êtes enlaidis ! A Halloween on est tous horriblement beau ! Ensuite, c'est une fête ou l'on peut devenir quelqu'un d'autre, laisser libre court à sa folie et tout ça dans l'excès.
J'ai la chance de travailler dans un "parc d'attraction indoor" (non ce n'est pas Disney !) ou l'on organise des événements spéciaux pour l'occasion et où il faut jouer un rôle déjanté pour faire peur au client. Ces événements sont pour mois proche de l'excitation des fêtes de Noël pour un enfant qui croit encore à la magie et au gros bonhomme rouge ! Je suis plongé dans mon élément et je me laisse me métamorphoser pour l'occasion. Bref vous l'aurez compris j'adore Halloween.
J'écris cet article aujourd'hui pour vous expliquer pourquoi j'aime autant être quelqu'un d'autre et pourquoi ça fait du bien. On vit dans un monde remplit de convention sociale qui nous empêche d'être pleinement nous-mêmes. Dans la vie de tous les jours, je suis de nature plutôt calme bien que parfois farfelue par moment, je ne suis pas quelqu'un d'excentrique ou qui a un tempérament de leader. Je suis plutôt celle qui suit un groupe de loin, souvent envieuse de l'assurance des plus populaires, sans jamais vraiment me sentir à ma place. Mais si je pouvais choisir ma personnalité, je serais plutôt une fille au centre de l'attention : la reine du lycée. Halloween permet durant un instant de jouer le rôle de sa vie ou en tout cas de fuir notre vie de tous les jours et de s'évader l'espace d'un instant dans un autre monde.
Dans mon dernier article j'expliquais que certaines personnes jouent un rôle au quotidien et qu'à force de se mentir à eux-mêmes ils deviennent ce personnage créé de toutes pièces, en oubliant qui ils sont vraiment. On peut fuir sa vie, sa personne, le temps d'une journée, d'un weekend, d'une soirée, mais le piège à éviter c'est de tomber dans l'excès et fuir au quotidien ce que l'on est ou ce que l'on vit.
Halloween est pour moi comme une grande bouffée d'air avant de replonger la tête sous l'eau pour ne pas me noyer. Je pense qu'il y a d'autres occasions de s'évader en jouant un rôle. J'ai pensé à m'inscrire dans un cours de théâtre par exemple. Un ami avait, lors d'un voyage scolaire, décidé de sortir de l'ombre et de se faire passer pour quelqu'un de populaire. Et cela avait marché, durant tout le voyage il était harceler par les autres élèves, fille comme garçon. Mais au bout de quelques temps il est redevenu aussi "invisible" qu'il l'était avant le voyage. Durant environ une année, il a réussi à être quelqu'un d'autre, mais sa personnalité l'a vite rattrapé. On peut choisir de partir une semaine en vacances, seul ou en colocation et de jouer un rôle durant une semaine ou deux.
Lorsqu'on est dans son rôle, que l'on se prend au jeu, on a l'impression que tout est possible, que ce n'est finalement pas si compliquer d'être ce que l'on n'est pas. Vendredi soir, j'avais pour rôle le patient 0, je devais faire signer des autorisations aux clients et les plonger dans le monde de l'hôpital infecté pour l'occasion. Dans ce rôle, je me suis permise de hurler sur les clients, d'être arrogante, voir même méchante et d'avoir une confiance démesurée en moi. Tout ce que je ne suis pas dans la vie de tous les jours. Je ne dirais pas que j'ai envie d'être cette personne là, mais ça fait du bien pour une fois d'avoir le pouvoir, et de ne pas se laisser marcher dessus. Avec les problèmes que j'ai ses derniers mois, je crois que ce rôle était en fait un défouloir. Je me suis permise d'être avec la clientèle ce que je ne peux pas être avec ma famille. Je me suis finalement libérée d'une frustration acquise à cause des conventions sociales, ou plus précisément de ma bonne éducation.
Mais ce qu'il y a de mieux dans tout ça, c'est d'entendre des compliments sur le jeu d'acteur. J'ai pris ce rôle a cœur, je me suis plongée dedans à 200 % et en plus on me complimente. On me confie des rôles déjantés parce qu'on me fait confiance. Sur le coup, on ressent une grosse pression et puis après c'est que du bonheur. Et surtout beaucoup de fierté d'avoir accompli quelque chose de bien. Un travail reconnu pour quelqu'un comme moi qui cache son manque de confiance en lui, c'est une récompense inestimable. Petit à petit, ces compliments et cette reconnaissance permettent de travailler sur soit et d'estimer sa personne. Je peux me dire aujourd'hui : "je suis une bonne actrice pour film d'horreur amateur !". Je ne vais bien évidemment par recevoir de prix au festival de Cannes mais je ne me demande plus si je suis à la hauteur de mon rôle d'épouvante pour le travail.
Ce que je veux faire passer comme message c'est qu'il faut savoir qui l'on est, ce que l'on veut, ce que l'on vaut et ce que l'on aurait aimé être. Reste plus qu'à savoir si un travail sur soit est possible (par exemple le manque de confiance en soit se travaille) et occasionnellement laisser échapper les frustrations, les colères, les folies, les tristesses pour évacuer et repartir du bon pied. Ma folie a eue l'occasion de s'exprimer lors de deux belles soirées spéciales Halloween et je me sens plus légère et impatiente de la laisser s'exprimer de nouveau. Qui sait, peut être sur une scène.
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Je réapprends à vivre
AcakEntre confession et psychanalyse, je m'ouvre à vous dans le but de pouvoir aider ceux qui le souhaite. Je souhaite vous exposer une réflexion sur notre environnement, nos pensées, nos espoirs, nos rêves et sur nous même. J'espère entrevoir une quête...