Chapitre 1 : I am legend

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                                                   Point de vue : Anna



                                                                                                                Burbank, Californie - Actuellement


Je marchais dans les coulisses sombres du plateau, l'estomac noué et la gorge serrée. Lors de mon retour à Los Angeles, il n'avait fallu que quelques jours pour que les journalistes et les chaînes de télévisions ne découvrent mon identité et me harcèlent pour obtenir une interview. J'avais cessé de répondre au téléphone et de sortir toute une semaine de la maison familiale afin de pouvoir espérer un peu de calme.

Je voulais simplement qu'on me laisse tranquille, je n'avais pas envie d'en parler, je voulais simplement oublié, était ce si difficile à comprendre ? J'avais refusé l'aide psychologique qui avait été proposé à toutes les victimes. Je n'aimais pas ce terme, victime. Je n'étais pas une victime, j'étais une rescapée, une chanceuse ou ce que vous voulez mais pas une victime. Les victimes étaient toutes ces personnes qui avaient péri sans qu'on ne puisse rien faire pour empêcher ça.

J'avais tenté de reprendre les cours et reprendre mon service à l'hôpital mais il y avait quelque chose de brisé à l'intérieur de moi depuis que j'étais rentrée. Quelque chose qui me dévorait toujours un peu plus. La Anna que j'étais, étais restée là bas, en Thaïlande et je savais que je ne la retrouverai pas. Très vite, mes supérieurs avaient compris qu'il y avait quelque chose qui clochait malgré mon déni. Le doyen de ma faculté avait alors exigé que je vois un psychologue afin de parler sans quoi il mettrait fin à mon année jusqu'à ce que je daigne faire quelque chose pour me prendre en main.

J'avais été contrainte toutes les semaines, à passer deux heures dans un bureau froid avec un abruti qui me posait plus des questions par curiosité malsaine que pour m'aider. J'avais arrêté d'aller le voir au bout de la deuxième séance. Alors j'avais passé un accord avec l'équipe pédagogique. J'allais parler. Au monde entier. Et j'espérais qu'ensuite on me laisserait reprendre ma petite vie tranquillement. Voilà comment j'étais arrivée ici. Ma famille pensait que c'était une bonne chose, que parler pourrait m'aider à surmonter tout ça et passer à autre chose.

Moi, je pensais plutôt que je m'apprêtais à m'enchaîner un peu plus fermement à ces souvenirs qui me hantaient chaque nuit. J'expirais et inspirais à fond alors que mes mains étaient déjà moites. Je regardais derrière moi. Si je partais en courant, là maintenant tout de suite, j'avais encore le temps de faire marche arrière. J'avais ce même mauvais pré-sentiment que ce jour là.

Je croisais le regard bienveillant d'Ellen et elle m'adressa un sourire d'encouragement, c'était comme si elle avait lu dans mes pensées. Je n'avais eu que l'embarras du choix quant aux interviews ou aux émissions que je pouvais faire. J'avais reçu plusieurs dizaines de propositions aux offres toutes plus immorales concernant le prix qu'ils étaient prêts à me payer. Les gens étaient avides d'histoires les plus glauques, ils voulaient du spectaculaire, du sang, de la mort. Voilà ce qu'on m'avait gentiment expliqué face à l'engouement que j'avais déclenché.

Et pour ça, les médias étaient prêts à mettre la main au porte monnaie. J'avais choisi Ellen car j'avais toujours aimé ses émissions et c'était celle qui pourrait certainement me mettre le plus à l'aise possible. Elle n'était pas fourbe, elle n'essaierait pas de me prendre au dépourvu. On avait pu discuter de l'émission ensemble, j'avais posé mes limites à ne pas franchir. Pour ne rien arranger, c'était du direct et ça allait se dérouler sur deux jours.

Hard to Breathe - Justin Bieber (EN PAUSE)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant