La troisième nuit
fut celle des silences.
Nos bouches étaient closes ;
nos yeux étaient secs ;
Et nos corps oscillaient
entre apaisement et lassitude.
La troisième nuit
fut celle des cris.
Nous hurlions sans un bruit ;
hurlions encore.
Nos âmes étaient
moribondes
Et nous nous débattions
avec les démons du désespoir.
Il eût fallu profiter
de chaque heure,
Chaque minute,
et chaque seconde ;
La peine, toutefois,
était immense.
Mais d'où nous venait-elle,
cette peine ?
Alors même que nous nous offrions
le plus beau des cadeaux ;
Car y aurait-il un intérêt ?
Dis-moi :
Y aurait-il un intérêt à cueillir une fleur
déjà fanée ?
Notre amour encore pur
trouvait en sa fin l'éternité.
C'est m'accrochant à cette pensée
qu'à l'aube, je te quittai sans larme.
Je m'en vais à la guerre,
adieu mon aimée.