Nous nous redressâmes comme un seul homme.
Nos regards étaient inlassablement scellés attendant que l'un de nous commette un faux pas. Ce mouvement de travers qui, suite à un enchainement de fâcheuses circonstances, finirait par nous couter la vie.
A quoi bon hésiter ? Toute cette parfaite mascarade n'était après tout là que pour amuser la galerie...
Nos corps bougeaient à l'unisson, dans un tumultueux ballai de la mort, seule harmonie encore présente dans ce monde de fou.
La pluie tombait comme un rideau de fer autour de nous, emprisonnant dans ses cordes nos derniers espoirs de nous voir sortir vivant de cette tuerie.
Nous contemplâmes les corps de nos frères qui jonchaient le sol, leur sang coulant en rivière abondante dans le caniveau de l'oubli.
Dégainant ensemble nos pistolets, un sourire mélancolique étira faiblement nos lèvres.
Nous étions les seuls survivants.
Nous pouvions parfaitement tourner les talons à cette boucherie, faire de cette journée l'un de ces malheureux souvenirs qu'on s'efforce à refouler dans les profondeurs de notre conscience meurtrie et vivre une vie saine très loin des gangs et de la drogue.
Mais ça serait tourner le dos à nos frères de sang, tourner le dos à notre vrai famille, tourner le dos à ce que nous sommes.
Une envie irrépressible de faire ce qui me semblait être la bonne chose me tiraillait les sens et c'était surement cet insoutenable désir de réconciliation avec soi qui me poussa à commettre l'irréparable.
Entre le moment ou je m'apprêtais à appuyer sur la gâchette et celui ou la balle atteignit son front.Je pensais que j'aurais pu en effet ne pas tirer et épargner une vie pour ensuite, peut-être, la voir reprendre le droit chemin.
Cet homme avait probablement une belle femme et deux mioches qui l'attendaient en ce moment même à la maison pour passer une paisible soirée entre famille.
Mais je me ravisai très vite.
L'absolution était pour Dieu. Pas pour moi.
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