Une douleur indicible tiraillait inlassablement ma peau nue.
C'était comme si chaque particule de mon corps s'effritait sous une pluie d'aiguilles mortelles, transperçant ma chair et mes os pour enfin atteindre mon âme tourmentée.
Une seule question néfaste taraudait mon esprit affligée :
« Etais-je encore vivant ? »
Car seul un fin voile tissé de mes dernières volontés semblait me séparer de cette inévitable mort.
Celle-ci était là, bien présente, guettant l'instant où j'oserais rêver d'espoir et de vie, mais je ne pouvais me permettre cela.
Je savais que si j'ouvrais mes yeux, j'allais les voir encore, ceux qui ont été, une fois, ma famille :
Quelques visages dont la bouche ensanglantée étaient figés dans un ultime cri silencieux, des frères éventrés baignant dans une flaque étrangement rougeoyante qui contrastait avec la blancheur éclatante de la neige.
Mais, Pourquoi ?
Pourquoi étais-je, parmi tous ces corps trucidés, le seul survivant ?
La créature était encore là, je sentais sa présence autour de moi.
J'étais complètement à sa merci pourtant elle n'avait pas encore attaqué.
Elle me laissait le temps de contempler son chef-d'œuvre, ce massacre morbide, se théâtralisant dans un décor qui avait autrefois appartenu à ma vie de tous les jours.
Je me sentais me nourrir de mon effroi, de mon âme et bientôt...
De mon cœur.
©
