Chapitre 1 : Reconstruction.

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Kateryn
Une sonnerie stridente retentit juste à côté de mon oreille et me tira du royaume des songes. Je tâtonnais dans le noir et finis par éteindre mon réveil. Je me retournais sur le dos et jettais ma couette au bout de mon lit. Je me levais et me dirigeais vers ma porte toujours dans le noir. Je me pris les pieds dans le sac que j'avais laisser traîner la veille et m'étalais de tout mon long en faisant un boucan de tous les diables. J'étais complètement réveillée. Ma porte s'ouvrit et une vive lumière m'obligea à fermer les yeux. Quand je les rouvris, ma sœur jumelle, Arizona se tenait devant moi les mains sur les hanches, encore en pyjama. Elle me dévisagea avec un sourire en coin. Depuis un an, je ne la vois sourire que comme ça. J'ai même oublié son rire. Elle ne rit plus. J'arrive à la distraire mais je la vois de temps en temps, les yeux dans le vide et les mains qui tremblent. Elle n'oubliera jamais ce qui s'est passé. Jamais.

"- Tu compte réveiller tout le bâtiment ? me demanda-t-elle.

- Non, mais mon sac oui, on dirait, rigolais-je.

- Dépêches-toi de te préparer, me pressa-t-elle,  on devrait éviter de se faire remarquer dès le premier jour, si tu vois ce que je  veux dire.

- Je ne vois pas du tout, mentis-je en prenant un air débile.

- Déjà qu'on est nouvelles dans un lycée où tout le monde se connaît, si on arrive en retard on va se faire encore plus remarquer, souffla-t-elle exaspérée.

- D'accord, d'accord, capitulais-je, je me dépêche."

Je me relevais et filais à la salle de bain pour me préparer. Je m'habillais avec un top gris et un pantalon noir, passe-partout. Avec Arizona, nous nous habillons comme ça depuis l'enterrement. Je me mis un peu de mascara, me lâchais les cheveux et rejoignis ma sœur, à la cuisine. Une odeur de pain grillé vint me chatouiller les narines et je sentis mon estomac gargouiller. Je m'adossais au plan de travail et regardais ma jumelle cuisiner. Elle avait opté pour un débardeur blanc et un jean bleu foncé. Elle avait attaché ses cheveux en une queue de cheval haute. Son teint de porcelaine faisait ressortir ses beaux yeux noisettes. Les miens étaient plus couleur caramel que noisette. C'est notre seule différence physique. Ma jumelle me tendit mes tartines. Je les mangeais en regardant mon téléphone.

"- T'as pris quoi dans ton sac ? m'interrogea-t-elle.

- Un trieur, avec des feuilles, ma trousse et mes papiers, répondis-je.

- Pareil, on part dans combien de temps ? me demanda-t-elle."

Je jetais un œil à ma montre et écarquillais les yeux :

"- Si on prend le bus, on devrait partir maintenant, déclarais-je."

Arizona se leva brusquement et couru vers sa chambre, je la vis passer vers la salle de bain, dans sa chambre puis au salon, le tout en maugréant.

"- Mais ! Car il y a bien un mais, commençais-je.

- Mais quoi ?! me coupa-t-elle.

- Mais, si on prend ma voiture, continuais-je, on peut partir dans dix minutes maximum.

- Et tu pouvais pas le dire plus tôt, râla-t-elle, t'as pensé à faire le plein ?

- Bien sûr, la rassurais-je, et c'est moi qui conduis.

- Je crois que je préfère prendre le bus, plaisanta-t-elle."

Nous finîmes par entrer dans ma voiture dix minutes plus tard, et arrivâmes au lycée en avance. Arizona leva les yeux au ciel quand elle vit les filles de première, les cheveux au vent, reluquant les garçons qui passaient à proximité. Je me garais à côté de l'emplacement des motos et coupais le contact. J'inspirais profondément et sortis de la voiture. Arizona me prit par le bras et avança droit vers le hall d'entrée en me tirant avec elle. Je sais très bien qu'elle déteste les bains de foule. Je la suivis donc sans résister. Elle m'entraina vers ce qui semblait être l'accueil. Elle s'adressa à la dame qui était assise derrière le comptoir :

"- Bonjours, ma sœur et moi, sommes nouvelles, et nous ne savons pas où nous rendre, commença-t-elle.

- Ah ! s'exclama la dame de l'accueil, les jumelles Layne c'est bien ça ?

- Oui,  répondis-je.

- Suivez-moi, alors, nous dit-elle."

Et sans attendre elle se dirigea vers le couloir parallèle de droite. Elle prit un autre couloir, perpendiculaire au précédent et nous laissa devant la dernière porte. Je frappais légèrement sur la porte, et attendit. Un homme d'une quarantaine d'années vint nous ouvrir. Il nous fit signe d'entrer.

"- Je suppose que vous êtes Arizona et Kateryn Layne ? dit-il.

- Vous supposez bien, confirmais-je.

- Je m'appelle monsieur Haufmann, je suis le Principal du lycée, se présenta-t-il."

Il prit place derrière son bureau et nous invita à nous asseoir.

"- Bien commençons par le règlement de l'école, annonça-t-il, il me faut juste une signature attestant que vous avez pris connaissance du règlement, mais je ne vous en tiendrais pas rigueur si vous ne le lisez pas. Ensuite, vos dossiers, vous aviez de très bonnes notes dans votre ancienne école. Mis-à-part la fin du dernier trimestre.

- C'est quand il y a eu le... l'enterrement, l'interrompis-je.

- Ah, excusez-moi, si j'ai été maladroit. Voici vos emplois du temps, vous avez juste deux cours où vous ne serez pas ensemble, faute de place, s'excusa-t-il.

- Pas de problème, assura ma sœur.

- Eh bien, bonne journée mesdemoiselles, nous salua le Principal."

Je jetais un œil à mon emploi du temps. Je commençais avec français, génial... Mon regard fut attiré par l'entrée, des filles de seconde, en jupes courtes et talons hauts entrèrent en regardant tout le monde de haut. J'en remarquais une qui semblait être la meneuse, comme tout les clichés américains, elle avait de longs cheveux blonds et de grands yeux bleus soulignés d'un trait d'eye-liner, noir charbon. Je les regardais passer, me retenant de rire devant leur démarche de divas. Je me tournais vers ma sœur, pour lui demander son numéro de casier, quand je la vis, bouche bée. Je suivis son regard et écarquillais les yeux. Un grand brun venait de faire son entrée et se dirigeais vers le couloir de gauche. De loin on pouvait voir sa puissante musculature. Il avait les cheveux courts, un peu en bataille, qui s'accordaient parfaitement avec ses yeux bruns. Il dut sentir nos regards posés sur lui et décocha à ma sœur un sourire éclatant. Elle rougit et lui rendit un timide sourire. Je ne le sens pas ce gars, je ne le sens pas du tout. Est-ce possible que ce soit lui qui parvienne à lui faire oublier Jack ?

«Angels And Demons»Où les histoires vivent. Découvrez maintenant