3. «Les actualités de la ville»

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Après une journée remplie pour tous les habitants de Bergen, la population rentrait chez eux. Les oiseaux arrêtaient de chanter. Les loups, les renards et les lynx retournaient chez eux. Les grizzlis aussi. Les bisons et les buffles, qui sont restés proche du lac pendant toute la journée, faisaient comme tout le monde. Les chevreuils, les orignaux, les cerfs, les caribous... Personne ne restait dehors à ces heures. Excepté Heidi, qui est encore dans la montagne, et les ours polaires, qui habitent plus loin dans la Norvège. Tous les bruits enfantins, les bruits sauvages, les bruits naturels laissaient leur place au désert et au vent.

Vous connaissez le son du vent quand vous sortez dehors la nuit? Ce sifflement qui ressemble à celui que produit le blizzard... Cette mélodie à peine audible mais violente à la fois... C'est ce qui restait dehors à ce temps-ci. Plus aucune trace d'enfants, d'animaux, de voitures, d'adultes. Plus aucune trace de joie, de bonheur, d'amusement, de plaisir. Il ne restait que ce son, et quelques fois de la pluie. Certaines personnes trouvent cela déplaisant, déprimant.

Mais ce n'est pas le cas d'Heidi. Elle aime la nature. Elle aime les animaux. Elle aime la pluie. Elle aime le son des branches d'arbres qui bougent pendant une tempête. Elle aime le son que produisent les bêtes quand elles marchent sur des cailloux ou bien des feuilles. Elle aime le son que produit l'eau ruisselante d'une chute d'eau, d'une rivière, ou tout simplement celle qui tombe des nuages. Elle croit que c'est comme un cadeau. Elle a, en quelque sorte, pitié de la nature. Tout ce qui l'environne, elle croit que vu que personne n'en profite, elle doit en prendre soin. Elle doit l'accompagner. Au début, vers ses quatre ans, elle prenait cette chose comme un jeu. Maintenant, Heidi ne peut passer une seule journée sans aller dehors. C'est vital pour elle. Essentiel à sa vie. La nature et Heidi ne peuvent vivre sans l'autre. Ils ne font qu'un. Ils partagent le même corps.

La ville semble calme, sage, sous l'ordre des murmures du vent. Mais détrompez-vous. Chaque maison du village est remplie d'amour et de joie. Les familles se réunissent pour le repas et pour ensuite regarder l'émission tant populaire chez Bergen. «Les actualités de la ville.» L'homme qui présente ce reportage à chaque soir est rendu à un certain âge. Il devra bientôt prendre sa retraite, et peut-être même son émission avec. Oui il y a des remplaçants, mais l'émission est reconnue pour l'humour du monsieur. Cette émission lui appartient, c'est lui qui l'a commencé, c'est lui qui la dirige.

La population est habituée de regarder cette émission. C'est rendu une routine habituelle pour chaque personne qui compte la ville de Bergen.

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C'est alors que le soleil commençait à se coucher qu'Heidi rentrait à la maison.

-"Salut tout le monde! Je suis de retour!"
-"Heidi, dépêches-toi! Tu risque de manquer les infos du soir!! Il y a une assiette pour toi sur la table. Tu peux manger dans le salon si tu veux!", disa Eirin.
-"Mais pou'quoi nous on peut pas Ei'? On est toujours obligés de manger à table. On sait que t'aime mieux Heidi que nous", rouspétait Dan.
-"Mais non mes poussins. C'est vous mes préférés."

Un sourire se dessina sur les visages des quatre enfants. Heidi savait que sa soeur disait cela pour qu'il n'y ai aucune chicane. Mais pour les garçons, entendre ces paroles leur réchauffèrent le coeur.

Heidi enleva sa petite veste et posa son sac à dos sur le sol, juste à côté de ses bottines favorites. Elle prit alors son assiette et regarda son contenu. Quelques patates, des fèves rouges et du poisson, accompagné d'une sauce fait maison. C'est une recette de leur père. Ce n'est peut-être pas le repas le plus sophistiqué qui soit, mais cela faisait amplement le bonheur de la jeune fille. Monsieur Vik ne gagne pas beaucoup d'argent dû à son travail, mais le plus important, pour lui, c'est que sa famille soit en santé et de bonne humeur. Il a déjà pris une journée de congé pour rester à la maison avec ses enfants, mais surtout Théo, puisque ce dernier se sentait déprimé. Finalement, ce n'était qu'une question de place dans la famille. Il doutait de l'amour que lui procure cette dernière.

Avec deux minutes de retard, «Les actualités de la ville» se propageait partout dans la ville. Tous les rétroviseurs de la ville étaient allumés et diffusaient le même poste. Le vieil homme respecté par tous, tenant le micro, commença à parler.

-"Mesdames et Messieurs, Bienvenue dans une nouvelle partie des fameuses «Les actualités de la ville». Désolé du retard, le vent est plus fort qu'à l'habitude ce soir." La télévision commençait à gricher. Les enfants pouvaient entendre que quelques mots désormais. La voix puissante de l'homme revint enfin après quelques secondes. "Mon cher public, j'ai une mauvaise nouvelle à vous annoncer. Les vents de ce soir sont plus forts et dangereux qu'à l'habitude. D'après les météorologues, ces rafales dureront deux à trois jours, peut-être plus. Nous vous prions de rester dans vos demeures jusqu'à temps que le temps se calme. Soyez prudents, mes amis! De plus, nous ne pouvons pas enregistrer ce soir à cause de ce problème. Désolé, à dans trois jours seulement. Au revoir."

La télévision se ferma l'instant d'après ainsi que les lumières. Panne d'électricité. Eirin se leva, prit l'assiette d'Heidi et se dirigea vers la cuisine. Elle lavait les restants de vaisselle et pris une bougie et un allumeur et retourna s'assoeir sur le canapé en tissu avec des motifs vieillot de toutes sortes, entre les jumeaux.

La bougie enfin allumée, Eirin prit la parole.

-"Encore le vent... Je ne suis plus capable."
-"Roooh arrête avec ça. Le vent ne t'a rien fait à la fin!"
-"Hey, soit plus polie Heidi."
-"Ouais, ouais."
-"Pourquoi tu nous raconterais pas ton escapade dans la montagne? Les garçons aimeraient, ainsi que moi."
-"Si vous voulez. Et je m'excuse pour ce que j'ai dis. Je n'ai pas été très coopérante. Encore désolé."
-"Avec ça, tu es pardonnée, soeurette."

Ce petit affront se finissa en câlin de groupe. Ils savent, chacun d'eux, que rien au monde ne les séparera.

Norvégienne  Où les histoires vivent. Découvrez maintenant