La Secrétaire Enflammée

Chapitre 4 : Une Pluie de Voitures

L'eau montait le long de mes jambes. La terreur et la fureur se mêlaient en moi. Bloquée dans une sphère de verre, je contemplais la montée du liquide, sans pouvoir l'arrêter. Bientôt, je me retrouvai immergée jusqu'à la taille. Je criai, hurlai en frappant l'épaisse paroi. Je devais sortir ! J'allais mourir noyée ! Mon pouvoir sur le feu me quittait au contact de toute cette eau, me terrorisant un peu plus. Au-delà de ma prison, je pouvais voir un homme. Ses cheveux châtains et ses yeux d'un bleu céruléen étaient reconnaissables entre tous. Maec m'observait, sans me venir en aide.

Il me laissait mourir.

L'eau m'engloutit entièrement. Je me mis à suffoquer... et je me réveillai brutalement, le souffle court, les larmes aux yeux. Perdue, plongée dans la pénombre de ma chambre, il me fallut un moment pour comprendre où je me trouvais. Pour sentir les bras autour de moi, pour entendre les murmures rassurants à mon oreille.

— M... Maec... balbutiai-je.

— Tu as fait un cauchemar, fit-il en me caressant les cheveux. Je ne parvenais pas à te réveiller.

— Je... Heu...

En croisant son regard, je le revis dans mon songe. Il me laissait mourir. C'était absurde. Pourquoi faire un tel cauchemar, alors qu'il m'avait sauvé la vie la veille ? Perturbée, je me lovai dans son étreinte, les résidus de terreur se dissipant peu à peu.

— D... Désolée, Maec. Tu dois me prendre pour une folle.

— À cause d'un cauchemar ? Je te jugerai bien vite, dans ce cas.

Il m'embrassa chastement les lèvres, ce qui diffusa un peu de chaleur dans mon corps glacé. Il recommença une nouvelle fois. Puis une autre, jusqu'à ce que je me détende dans ses bras. Je ris doucement en lui rendant son dernier baiser, mes peurs définitivement envolées. Blottie contre lui, tout deux nus, je me sentais beaucoup mieux.

— Tu sais que tu es quelqu'un de formidable ? murmurai-je.

— Mmh... Non... Mais j'aime bien te l'entendre dire.

Lorsqu'il fut temps de quitter le lit, je ne pus m'empêcher d'admirer les courbes de son dos. Il me précéda dans la cuisine, me donnant une vue imprenable sur son fessier musclé. Et au-dessus... Un tatouage ornait sa peau. Je n'en avais jamais vu de semblable.

Deux martins-pêcheurs s'entrecroisaient, leurs becs se touchant délicatement, leurs ailes ouvertes dans leur envol. Leurs couleurs étaient vives, soulignées par les fleurs délimitant le bas du dessin. Il était d'une beauté à couper le souffle. Il paraissait en relief, à tel point que l'on croirait les oiseaux prêts à sortir de son dos à tout moment.

— Il est magnifique, fis-je en effleurant l'un des martins pécheur du bout du doigt.

— Mmh... Il a fallu des heures de travail pour en arriver là, rit-il en attrapant deux bols.

— Que représente-t-il ?

Ma demande, quoiqu'innocente, le laissa muet. Surprise, je le regardai. Il ne souriait plus. Les bols et la boite de céréales dans la main, il se dirigea vers la table avant de me répondre.

— Les martins-pêcheurs symbolisent le bonheur conjugal.

Ma main se resserra autour d'une capsule de café.

— Tu es marié ? demandai-je d'une voix blanche.

Car s'il l'était, cela sonnait le glas de notre relation. Il était hors de question que je sois sa maîtresse. C'était contre mes principes.

— Non.

Je recommençai à respirer, sans quitter son visage du regard. Une tristesse immense s'en dégageait, tandis qu'il m'étudiait lui aussi. Dans l'attente de la question. Celle que, en cet instant, je me sentis obligée de poser.