La Secrétaire Enflammée

Chapitre 2 : La Fête de l'Orgasme

— Comment ça, tu veux fêter mon orgasme ?

— Mikhaïl et moi, on t'offre un verre où tu veux ! s'exclama Silvia, resplendissante.

C'était bien idée de Silvia, ça. Derrière elle, Mikhaïl m'offrit un haussement d'épaules contrit, amusé. Bon. De toute façon, j'avais rendez-vous avec Maec à dix-neuf heures trente. Je pouvais bien aller boire quelque chose avant de rentrer. Et ça semblait faire tant plaisir à notre elfe...

Après la journée de travail à l'entreprise Katharos, j'étais moulue, elle était rayonnante, et notre sculpteur, peintre, artiste, bref, notre expert en effets spéciaux, était en piteux état. Ses cheveux châtain clair étaient recouverts de poussière de plâtre, son t-shirt taché de peinture vive, et son jean était déchiré à plusieurs endroits. Contrairement à d'autres, il ne l'avait pas acheté comme ça.

Trois marginaux allant au bar. Vingt minutes plus tard, dans l'un des cafés de la Place de la Liberté de Toulon, nous observions les passants tout en discutant gaiement, nos verres glacés à la main. Nous nous étions rencontrés deux ans plus tôt, à l'occasion de mon entrée dans l'entreprise. Mikhaïl était là depuis longtemps, mais Silvia avait fait son premier jour avec moi. Malgré nos secteurs d'activités bien différents, nous nous étions rapidement retrouvés dans le réfectoire à partager la même table.

Pourquoi étions-nous marginaux ? C'était compliqué... À l'entreprise Katharos, seuls des êtres de l'Invisible étaient engagés. De fait, nous avions souvent des petits problèmes liés aux haines interraciales. Par exemple, aucun nain n'accepterait de travailler avec un elfe, ou un élémentaire de feu avec un élémentaire de l'eau. Cela compliquait un peu la vie de la directrice des ressources humaines, mais elle faisait du bon travail : un seul service avait sauté jusqu'à présent, et c'était celui de la comptabilité.

Cela expliquait donc nos soucis : les elfes étaient réputés pour être froids, cruels, impersonnels, et presque asexués. Silvia était tout à fait l'inverse, ce qui expliquait sa présence chez Katharos. Elle n'était pas très bien vue par les gens de sa race en raison de son appétit sexuel. Mikhaïl ? En fait, il était marginal parce qu'il le voulait bien. Personne ne savait à quelle race il appartenait, ce qui alimentait un bon nombre de ragots à son sujet. Sinon, il était tout à fait sociable. Des fois, je me demandais comment il avait atterri avec nous.

Quant à moi... J'étais une marginale en raison de mon espèce. Lors de mon entretien d'embauche, je m'étais présentée comme une élémentaire de feu. De fait, j'étais perçue comme une personne capable d'entrer en combustion spontanée à tout moment, sans être un danger majeur. Jusqu'à présent, il y avait seulement eu des petits incidents du style de Victor, mais les gens se tenaient plutôt à carreau. Hormis ma chef, bien entendue.

D'ailleurs...

— Il est humain ? s'étonna Mikhaïl, en reposant son verre.

Derrière lui, le soleil de fin d'après-midi m'éblouissait en se reflétant sur la statue de la fontaine de la place. L'endroit était superbe, avec son sol impeccable et son activité sereine, mais la réverbération estivale avait tendance à m'abîmer les yeux.

— Oui. Enfin, je crois, bafouillai-je. Je ne lui ai pas posé la question.

— Normal, fit Silvia. On ne peut décemment pas dire : au fait, tu es humain ? Et puis, les êtres de l'Invisible ont régulièrement des relations avec les mortels.

— Oui, mais dans le cas de Kanna, c'est un peu plus compliqué. Tu imagines si un jour elle se réveille avec la tête en feu ?

— Ça ne m'est arrivé qu'une seule fois !

— Tu m'as fichu la frousse de ma vie, ce jour-là.

— Je me souviens, gloussa Silvia. Nous avions regardé la dernière saison de Castle dans la nuit !