- Tu sais ce dont je rêve, Ally ? Je me fiche bien d'avoir un peu plus de soupe ou un T-Shirt propre appartenant à un des sbires de cette maison. Tout ce que je souhaite, c'est pouvoir passer les fêtes auprès de ma famille ; auprès de ceux qui m'aiment et se tuent l'esprit à savoir où je me trouve, à l'heure qu'il est.
A première vue, on constate que les choses ne vont clairement pas en s'arrangeant. Et cela, depuis maintenant quinze jours. Deux stupides semaines que je me trouve ici, à croupir dans un endroit tout sauf sain, en marge de la société. Naturellement, les habitants de cet enfer sont tout, sauf une part de cette société. Marginaux, reclus, peu importe l'appellation. Le comportement ne varie pas.
En revanche, j'ai commencé à croire qu'Ally, la brune qui hante mes pensées lorsque la solitude est ma seule compagne, ne prend certainement pas le parti de son père et ses acolytes, et se dit elle-même « dégoûtée » de poursuivre ses études dans un pareil endroit.
J'ai correctement deviné son âge. Elle vient tout juste de souffler ses dix-huit bougies mais à voir le masque de tristesse et regret qu'elle arbore la plupart du temps, je suppose sans peine qu'elle n'est pas si ravie d'avoir franchi et surmonté tous ces obstacles, à un si jeune âge.
Elle souffre ; ses émotions mènent à l'évidence.
Et je ne parviens pas à lui faire avouer la raison pour laquelle elle tente de rendre cette prise en otage plus acceptable, alors que d'autres soucis semblent la consterner en permanence. C'est donc en toute logique, que je prends la décision d'investiguer ce matin, alors qu'elle m'apporte un énième bol de bouillon rempli jusqu'à ras bord.
- Tu crois que je ne le sais pas ? assène-t-elle, tout à coup furibonde. Mais mince alors, je suis aussi responsable que mon père pour t'avoir mis dans ce bourbier et si la police décide de l'arrêter -car elle finira bien par retrouver ta trace, alors nous y passons tous les deux, et à ce moment-là, je...
- Ally ! Mon Dieu, respire ! m'écrié-je, une migraine menaçant déjà mon crâne, avec ce flot d'informations en quelques secondes.
Interrompue au beau milieu de sa réponse, elle se soulage du poids qui écrasait ses épaules d'un soupir profond.
- Alors, je cherche un moyen de me défaire de cette culpabilité, Austin. Et pour l'instant, le seul que je puisse trouver est te traiter du mieux que je peux, sans me faire prendre.
- Et tu me fais déjà ce plaisir en venant prendre de mes nouvelles tous les jours. Ton salaud de père serait capable de me laisser pourrir ici.
Curieusement, j'ai appris qu'Ally ne s'offensait jamais à l'entente d'insultes envers son paternel. Elle ne cesse de me répéter qu'il s'agit bien d'un gars complètement timbré, qui paiera pour ses crimes et achèvera sa triste vie derrière les barreaux d'une cellule. J'ai peine pour elle ; elle m'assure délibérément qu'elle ne sentira jamais plus que du dégoût pour lui. Cependant, je connais les mensonges. Et lorsqu'on est encore une toute jeune femme de dix-huit ans, ils sont nettement plus faciles à repérer.
Je m'occupe la plupart du temps grâce à cette petite menteuse. Qu'elle hante mon esprit ou soit réellement en face de moi, plantée en tailleurs sur ma mince couverture, elle ne me quitte plus. Au cours de ces derniers jours, notre attirance mutuelle a considérablement évolué.
Et il ne s'agit pas de regards langoureux ou de contacts physiques révélateurs de désir ; loin de là. En réalité, c'est le simple fait de partager des goûts communs et des idées identiques, qui nous rapproche aussi rapidement que les fêtes de fin d'année approchent.Nos activités se résument à de simples conversations, des chants de Noël fredonnés à mi-voix ou encore des échanges de nos rêves irréalisables. Nous souhaitons tous les deux atteindre nos propres idéaux et malgré le fait qu'Ally garde le sien secret, j'en ai déjà deviné une partie.
VOUS LISEZ
The Enemy's Daughter (Auslly)
Fanfiction"La chaleur n'a jamais été synonyme de paix et bonheur, selon moi." Austin Moon, 23 ans, en chemin pour ses achats décoratifs de Noël au coeur de Miami, est loin de se douter que cette sortie le mènera au beau milieu de nulle part, dans un endroit r...