Les Ailes du Temps ~ Complot à la Cour du Roi Soleil

Chapitre 1

J'ouvris avec grande peine mes yeux lorsque le réveil sonna. Je me levai en maudissant mon alarme. J'étais épuisée, et je devais aller au lycée. Je me trainai jusqu'à la cuisine avant de me préparer des toasts. Je les mangeai lentement, mon attention concentré sur mon livre, "Mort sur le Nil", d'Agatha Christie. Je n'entendis pas mon frère entrer dans la cuisine et il grogna :

"T'as fini le bocal de chocolat !
_ Euh... Désolée ?"

Antoine me lança un regard noir avant de reporter son choix sur un bol de céréales, en passant une main dans ses cheveux noirs, les ébouriffant un peu plus. Lisa arriva moins d'une minute après. Elle avait tout juste douze ans, et elle se maquillait déjà. Moi, j'avais attendu mon entrée au lycée, et de plus, je ne mettais qu'un trait de crayon noir. Pour moi, le maquillage n'était qu'une façade. Je préférais être détestée et naturelle qu'adorée et artificielle. Elle demanda :

"Maman est déjà partie ?"

J'hochai la tête et elle sortit en trombes.

"Tu ne manges pas ? criai-je pour qu'elle m'entende.
_ J'ai pas faim !"

Quand tu vas tomber dans les pommes, ne demande pas pourquoi, ironisai-je. C'était sûrement un moyen de se faire remarquer, comme d'habitude.

Lorsque j'eus fini de manger, j'entrai dans la salle de bain. J'étais comme la plupart des filles (enfin, je crois) : je chantais sous la douche et bonne chance pour m'arrêter. Avec ma brosse à dent en guise de micro, je pouvais passer d'un chant de Zaho au rap de Bigflo et Oli. C'était ma passion. Qui avait dit "Sans musique, la vie serait une erreur ?". Pour moi, cette phrase résumait mon amour pour la musique. Je ne vivais que pour ça et mon rêve était de devenir une incroyable chanteuse connue dans le monde entier. Mais bien sûr, ce n'était qu'un rêve.

On tambourina à ma porte et j'entendis crier :

"Victoria ! Grouille !"

Je sortis de la douche, m'enroulai dans une serviette et ouvrai la porte, en fusillant Antoine du regard. Il me bouscula, grincheux. Je remontai dans ma chambre et ouvris mon armoire, à la recherche de vêtements. Disons que le choix était simple : la plupart du temps, je mettais un T-shirt et un jean, et cela me suffisait amplement. Je les revêtis lentement avant de me regarder dans le miroir. Mes cheveux châtains clairs pendaient mollement sur mes épaules et de légères cernes témoignaient de ma fatigue. Je pris mon téléphone et enclenchai la musique. Les premières notes résonnèrent et je chantai à tue-tête la nouvelle chanson des L.E.J, "Hip Hop Mash Up". Lorsque la chanson prit fin, je me mis à regarder par la fenêtre de ma chambre et je laissai mon regard dériver sur le paysage.
C'était un jour comme les autres. Le soleil brillait sur Seraincourt, mon petit village de campagne, à une heure de la capitale. Le piaillement des oiseaux résonnait dans l'air matinal, mais il fût bientôt interrompu par des cris provenant du seuil de la maison.

"Victoria ! On s'en va ! cria Lisa en se précipitant vers la voiture.
_ J'arrive !" hurlai-je en descendant les escaliers.

Comme d'habitude, j'étais en retard. Je maugréai en remontant mes cheveux en queue et laçai mes baskets devant la porte.
"Victoria ! réitéra ma soeur. Dépêche-toi ! On est en retard à cause de toi !"

Comme si je ne le savais pas, pensai-je. Je me jetai sur la banquette arrière et fermai la portière.

"Voilà ! m'exclamai-je, en ignorant les regards noirs que me jetaient ma soeur et mon frère.
_ T'es toujours en retard, maugréa Antoine.
_ À jamais !" répondis-je à mon petit frère.

Je tournai ma tête vers la fenêtre et contemplai le paysage qui défilait devant mes yeux. Direction le collège, où mon père déposera Lisa et Antoine, puis le lycée, où je retrouverai mes amis Zoé et Pierre. Ils devaient sûrement m'attendre en ce moment même. Je souris en imaginant la réaction de Zoé lorsque j'arriverai. En retard, comme toujours. Tu devrais te réveiller aux aurores pour être à l'heure.