Highschool Survival Game

Chapitre 4 : Chasser seul ou en groupe

Dans un autre coin du lycée, Matt s'entraînait. Il était bien à l'abri, derrière les arbres, à l'arrière du lycée. Il savait que cette cachette ne resterait pas inconnue de tous indéfiniment, mais pour l'instant, c'était le seul lieu sûr qu'il connaissait. De plus, suite à la grande mêlée du début du jeu, tout les lycéens se terraient, évitant de croiser qui que ce soit. Le jeune homme mangea, et dormit, bien caché dans un buisson. Ce n'était pas l'endroit idéal pour dormir, mais c'était le seul qui lui garantissait une protection acceptable, au cas où quelqu'un découvrait sa planque plus tôt que prévu. Pas rassuré, le lycéen ne dormit que sur une oreille, et son sommeil fut coupé de nombreuses fois, au moindre bruit. Malgré sa fatigue évidente, Matt se força à se lever tôt le matin, alors que le jour se levait à peine, pour commençait à chercher un abri plus sûr et, si possible, plus confortable. Il ne voyait pas vraiment où, mais peut-être qu'avec un peu de chance, le directeur aurait prévu des salles à cet effet. À cette heure-ci, aucun élève ne pouvait être de sortie. C'était le moment où les prédateurs nocturnes retournaient à leur tanière, et où ceux du jour dormaient encore. Cependant, il faudrait regagner l'arrière du lycée vers sept heures environ, avant que des ennemis ne le prennent au dépourvu.
Alors qu'il marchait ainsi dans les couloirs du lycée désert, le jeune homme entendit des bruits de pas, provenant d'un couloir qui coupait le sien quelques mètres plus loin. Il n'y avait alors nulle part où se cacher, et avant d'avoir pu faire demi-tour, le lycéen aperçut le probable ennemi. C'était un jeune homme petit et frêle, avec une tête d'enfants et de grandes et épaisses lunettes rondes qui cachaient ses yeux. Il avançait d'un air patibulaire, en regardant tantôt devant lui, tantôt ses pieds. Il ne semblait pas avoir remarqué la présence de Matt. Ce dernier ce mit à l'observer sans bouger. Le jeune homme à lunettes ne semblait pas être un danger potentiel, au contraire, il avait un air un peu idiot et endormi, ce qui amusa le lycéen. Le garçon à lunettes se rendit alors compte de sa présence, et le fixa un moment, hébété, avant de prendre conscience de la situation. Il sembla alors sursauter et courut alors se cacher derrière un mur. Matt le crut parti, avant de voir un bout de chaussure tremblant dépasser du mur. Après quelques instants, la tête du lycéen tout apeuré sorti de sa cachette pour voir si son ennemi était parti, mais sursauta à nouveau en constatant qu'il était toujours là.
"Eh, ne crains rien ! cria Matt. J'vais rien te faire, promis !"
L'autre était toujours derrière son mur. Il semblait hésiter à partir.
"Vraiment ! Je vais pas te tuer, ça me répugne, renchérit Matt. Je compte pas participer à ce jeu. J'veux pas tuer. J'agirai que si je suis en danger de mort. Si tu veux pas te battre, sors de là ! Tu risques rien."
Peu à peu, le garçon à lunettes sortit de son mur, encore un peu tremblant.
"Tu promets que tu me feras rien ? demanda-t-il, pas rassuré.
-Promis ! fit Matt."
Et tout les deux se rejoignirent pour se serrer la main.
"Je m'appelle Matt !
-Moi c'est Quentin !"
Ils cherchèrent encore un peu un abri, mais Quentin était exténué. Il n'était pas très sportif, et avait peu de force et d'endurance. Il avait réussi à sortir vivant de la grande mêlée en se cachant dans les toilettes des garçons, mais la nuit dernière, il avait entendu des voix non loin, probablement dans les toilettes des filles, et, inquiet, il avait quitté sa cachette en quête d'un lieu plus sûr. Cependant, il n'avait pas dormi et n'avait rien mangé ou bu depuis le début du jeu, n'étant pas muni d'un sac, et était très affaibli, notamment à cause de sa faible condition physique. Matt le conduit donc à l'arrière du lycée, et déterra le surplus d'arme et de nourriture qu'il avait caché. Il partagea son repas avec son nouveau compagnon, et le munit du couteau de survie resté dans le trou, seule arme qu'il serait à peu près capable d'utiliser. Le jeune homme laissa Quentin se reposer une bonne partie de la journée, puis, vers quatre heures de l'après-midi, tous deux commencèrent à s'entraîner. Matt put constater à quel point son nouvel ami n'était pas habitué aux exercices physiques, contrairement à lui qui avait pratiqué la boxe pendant près de dix ans, et se maintenait en forme avec des footing réguliers et de la musculation depuis qu'il avait arrêté ce sport de combat, un an et demi plus tôt, mais il ne désespéra pas. Il était plutôt fort et savait se battre, il pourrait défendre Quentin en attendant qu'il devienne plus fort et qu'il puisse être capable de survivre. Après leur dur entraînement le plus discret possible, caches derrière les arbres et la dense végétation, tous deux prirent un repas et allèrent dormir, après avoir décidé d'une fréquence de tour de garde. Le garçon à lunettes était le plus faible et avait plus besoin de repos, il avait donc moins de temps de sommeil que Matt.
Ce dernier, pendant son premier tour de garde, commença à réfléchir. Certes, ils avaient beaucoup de provisions, mais à deux, il tiendraient tout juste jusqu'à la fin de la semaine. Or, si pour l'instant les autres élèves se terraient dans leur cachette, eux aussi n'auraient bientôt plus de vivres, et commenceraient à sortir chercher nourriture et boisson, et les meurtres reprendraient, plus violents que jamais, mais peut être plus réfléchis que lors de la grande mêlée. Ce serait le vrai début du Survival Game. La "base" qu'occupait alors Matt et Quentin serait probablement découverte, et il leur faudrait se battre. Le jeune homme se rendit alors compte de l'urgence de trouver de quoi survivre. De plus, il repensa au discours qu'avait tenu M.Collins au début de jeu, et se rendit compte que les vivres promis chaque jours n'étaient  pas arrivés ce jour-là, ce qui était plutôt inquiétant. Qu'avait donc ce fou derrière la tête ? Voulait-il pousser les élèves jusqu'au cannibalisme ? Si les choses continuaient ainsi, Matt se demanda s'il ne valait pas mieux mourir...
Cependant, il n'en était pas encore là, il devait rester en vie, au moins pour son nouvel ami.
Tôt le matin, alors que le soleil n'était pas encore levé, Matt réveilla son compagnon en le secouant énergiquement. Celui-ci lui répondit par un grognement, en le fixant d'un air stupide, encore à moitié endormi. Son ami lui résuma la situation, et lui expliqua que les couloirs du lycée étaient encore vides à cette heure-ci, et qu'il fallait en profiter pour récupérer des provisions. Ils prirent un rapide en-cas et entrèrent dans le bâtiment désert. Par chance, Quentin avait toujours la clef de son casier, et ils pourraient ainsi récupérer son sac. Par contre, il y avait un danger pour que quelqu'un garde les casiers dans le but de tuer quiconque s'en approcherait et de voler leur clef pour ainsi récupérer leur sac. Mais il y avait des casiers un peu partout dans le lycée, ce qui réduisait la probabilité pour que quelqu'un se trouve aux casiers qu'ils cherchaient en particulier. Ils se rendirent tout d'abord au casier de Quentin, qui était le plus proche. Heureusement, personne ne se trouvait à proximité. Ils récupérèrent le sac et Matt, étant le plus robuste, le pris avec lui. Ils se dirigèrent ensuite vers le casier de Matt, situé quelques couloirs plus, mais dans ce bâtiment, par chance. En effet, il avait voulu prendre un casier situé près du lieu où il séchait les cours, mais avait choisi son casier trop tard (presque un moins après la rentrée) et il n'avait trouvé que celui-là. Les deux lycéens se faufilèrent comme deux ombres dans l'école, évitant les bruits de pas qu'ils entendaient parfois dans un couloir adjacent ou près d'un croisement.  Ils atteignirent finalement le lieu cherché, mais s'arrêtèrent net devant le couloir où se trouvaient les casiers. Un groupe d'adolescents le garder, tous endormis, devant une pile de cadavres bien rangés. L'un d'eux était assis et somnolait, il semblait être le lycéen désigné pour le dernier tour de garde. Il n'était pas complètement endormi, mais ne les avait pas encore remarqué, ce qui ne saurait tarder. Matt fit signe à son compagnon de rester en arrière, s'approcha lentement de sa cible, sans faire un bruit, puis, d'un geste vif et précis le tira avant en le tenant par le col et, avant qu'il n'ait le temps de réagir ou de faire un son, lui assena un violent coup de batte dans la tête. Il n'avait pas fait trop de bruit, et retenu sa victime par le col pour éviter une chute trop bruyante qui pourrait réveiller ses compères. Matt écouta rapidement son pou. Il n'était qu'assommé, ce qui dit pousser un léger soupir de soulagement au jeune homme, qui ne désirait pas faire de victimes inutiles. Le lycéen se dirigea ensuite vers son casier, suivi de près par Quentin. Il serra les dents lorsque le bruit du cadenas se déverrouillant résonna dans le couloir, perçant ainsi le silence qui y régnait. Par chance, le groupe de lycéen dormait toujours, à peine troublés par le bruit. Mais alors que les deux amis venaient de récupérer le précieux sac, la sonnerie d'un portable retentit. Apparemment, il s'agissait d'une alarme utilisée comme réveil. Les deux jeunes hommes se cachèrent in extremis derrière les casiers qui, heureusement, s'arrêtaient non loin du casier de Matt.
"Putain, c'est quoi ce bruit ? fit la voix ensommeillée d'un jeune homme d'environ seize ans.
-Ah merde désolée... C'est mon réveil pour l'école... J'ai oublié de le désactiver... répondit une voix de fille.
-Mais t'es sérieuse là, Clarisse ? gronda une autre fille. Ça pourrait attirer pleins d'ennemis...
-Eh, regardez ça... les interrompit un jeune homme."
Toutes les voix se turent instantanément, juste avant de laisser place à des jurons et des indignations. Tous étaient frappés par la surprise, en découvrant le corps inerte de leur compagnon.
"Oh putain ! Marco ! Eh Marco ! Tu m'entends ? appela le premier garçon.
-Attends, son cœur bat encore... constata la dénommée Clarisse
-Mais il s'est passé quoi ? interrogea encore un autre.
-Je sais pas, mais les coupables ont pas dû aller bien loin..."
Pendant ce temps, cachés derrière les casiers, Matt et Quentin commençaient à avoir des sueurs froides.
"J'crois qu'on ferait mieux de filer... chuchota Matt à l'oreille de son compagnon.
-T'as pas tort... J'te suis." Tout deux commencèrent à partir sur le côté sans faire de bruit. Il atteignirent une porte entrouverte, qui donnait sur un placard à balais, presque vide. La plupart des balais avaient dû être récupérés pour servir d'armes, ainsi les deux jeunes hommes purent se cacher silencieusement parmi les derniers balais, les sceaux et les chiffons...
"Bon, on se divise en trois groupes ! fit la deuxième voix de filles dans le groupe. Ted et Clarisse, vous restez ici et vous vous occupez de Mathias. Julien et Thomas, vous allez de ce côté, et moi et Mathis on va par là. C'est bon ?
-Oui ! firent les autres en chœur."
Des pas précipités se firent entendre quelques centimètres des deux lycéens cachés dans le placard. À présent, il ne restait plus qu'une fille et un garçon, qui parlaient et ne semblaient pas faire attention à leur environnement. Tous deux quittèrent prestement leur cachette, et, le plus discrètement possible, partirent dans la direction opposée aux ennemis.
"Qui va là !? les interpella alors le prénommé Ted."
Les deux intrus se retournèrent doucement vers le jeune homme, avant de partir en courant, poursuivis par  le grand lycéen costaud, ou en tout cas plus que Matt et Quentin.
"Il nous rattrape ! fit le garçon à lunettes à son compagnon, paniqué.
-Accélère ! l'encouragea Matt.
-J'peux pas !"
À ces mots, Matt,se retourna vivement, et lança l'un de ses petits couteaux à son assaillant. Il avait visé la cuisse, mais l'arme ne fit que lui érafler la jambe. Cependant, cela sembla être assez, puisque Ted s'arrêta en poussant un cri de douleur et posa un genou à terre. Les deux fugitifs, courant toujours, purent entendre la voix de Clarisse résonner derrière eux, mais ils furent bientôt trop loin pour l'entendre. Ils finirent par ralentir, sans arrêter d'avancer pour autant. Tout ce chahut allait probablement attirer d'autres élèves, et il fallait atteindre l'arrière du lycée au plus vite.
Ils réussirent à rejoindre leur abri, non sans mal, car ils ne pouvaient pas utiliser le même chemin qu'à l'allée, mais heureusement, ils ne croisèrent plus personne le reste du chemin. Une fois arrivés et en sécurité, Quentin commença à rire doucement.
"Hahaha putain, t'as vu ça ? fit-il en se tordant de rire. Comment on les a eu ! Ahaha ! Ça leur apprendra à cette bande de lâches !
-C'est vrai... admit Matt en souriant. Camper devant les casiers, tuer tous ceux qui approchent... C'est déplorable...
-Et l'autre, comment tu l'as eu avec ton couteau ! J'étais impressionné ! Tu vises super bien en fait !
-Merci... Mais je n'ai pas pu l'avoir comme je voulais...
-Mais attend c'était déjà trop cool ! Où t'as appris à viser comme ça ?
-Bah j'ai jamais appris... Après je suppose que la boxe ou même le sport en général ça peut aider... fit-il avec un clin d'œil."
Quentin fit une moue vexée. Il savait très bien qu'ainsi, Matt lui reprochait de n'avoir jamais fait de sport... Mais il n'y pouvait rien, il avait toujours été plus faible que la moyenne, et dès qu'il tentait de faire du sport, tous se moquaient de lui, le pointaient du doigt. Il avait trou noirs préféré le dessin. Ça ne demandait pas d'efforts physiques, c'était pacifique, mais pourtant tellement captivant... Ça lui manquait, cette sensation, le crayon sur le papier, les lignes qui parcourent la fine matière blanche, qui se croisent, s'entremêlent et se coupent pour former un visage, un objet ou un paysage... Dire que deux jours plus tôt, il était encore à son bureau, en train de dessiner, et que maintenant, il se retrouver à travers le lycée pour échapper à la mort ! Heureusement, il avait rencontré Matt, qui veillait sur lui...
Alors qu'il pensait à tout cela, les deux jeunes hommes commencèrent à vérifier le contenu des sacs récupérés. Celui de Quentin possédait une dizaine de fléchettes, un carnet et un crayon, cinq petits sandwichs, trois litres d'eau et beaucoup de bandages ainsi que de l'antiseptique et un peu d'autre matériel de soin. Quand à celui de Matt, il ne contenait qu'un gros sandwich, un litre et demi d'eau, un peu de bandage, mais en revanche un couteau de survie à la lame bien effilée et équipé s'un fourreau attaché à une ceinture, une paire de gants semblables à ceux que l'on utilise en musculation ou en boxe pour frapper le sac de sable, deux petits couteaux de chasse eux aussi équipés d'une petite ceinture s'attachant plutôt à la jambe. Matt était à présent bien armé.
"Eh mec ! J'viens de me rendre compte d'un truc ! s'exclama-t-il soudain.
-Quoi ? fit Quentin un peu surpris.
-Les sacs ont pas été mis dans nos casiers au hasard ! Leur contenu est vraiment adapté à leurs propriétaires, comme si le directeur connaissait toutes nos caractéristiques, nos passions, capacités...
-C'est vrai, maintenant que tu le dis... J'ai toujours aimé jouer aux fléchettes, et je me disais justement que  ça tombait bien d'en avoir reçu...
-Sérieux, regarde ces gants, ils sont parfaitement à ma taille ! Et pareil pour les ceintures !"
Tout fiers de leur nouvelle découverte, ils recommencèrent à trier les éléments inutiles pour les enterrer et prirent un repas bien mérité.