Tous les deux se regardaient, sans comprendre.
"Heu... Désolé de l'intrusion... commença Matt.
-Qu'est ce que tu veux ? interrogea Elsa d'un ton hostile, sans pour autant baisser son arme.
-Heu, je suis venu t'apporter deux trois trucs... Et je voulais savoir si t'allais bien, après le largage des caisses ?..."
Surprise, elle ne sut quoi répondre.
"Dis, tu peux baisser ton arme, s'il te plait ? tenta le jeune homme."
La lycéenne reprit alors ses esprits.
-Pourquoi tu t'inquiètes pour moi ? Et qu'est ce que tu voulais m'apporter ? demanda-t-elle prudemment, l'arme toujours pointée sur l'intrus.
-À vrai dire, je ne le sais pas moi même..."
Il marqua une pause et soupira un moment avant de répondre, stressé par l'arme à feu à un mètre de lui.
"C'est peut-être parce que t'es à côté et que... Bah, la dernière fois tu aurais pu nous tuer et tu l'as pas fait... Alors j'me suis dit que...
-Ça veut pas dire que j'veux être votre amie. répondit elle durement.
-Ah non non ! Je n'pensais pas à ça ! C'est juste que t'as l'air d'avoir un bon fond et puis... T'es une des rares personnes ici à avoir encore gardé son humanité alors... J'voulais te remercier pour la fois ou tu nous as laissés vivants et essayer de t'aider..."
Elsa parut touchée, et finit par baisser son arme. Elle voyait dans le regard de son interlocuteur qu'il ne mentait pas.
"Alors, qu'est ce que t'as amené ? demanda-t-elle avec un léger sourire."
Matt, soulagé, saisit les vêtements au sol et les posa sur le bureau. La jeune fille refusa le matériel médical car elle n'était pas blessée et en avait déjà une petite réserve, mais accepta de bon cœur la nourriture et les boissons proposées. Il n'y avait pas grand chose, parce qu'il ne fallait pas que Quentin remarque la disparition des vivres, mais Elsa ne pouvait pas se permettre de refuser, vu les circonstances. Puis le lycéen sortit les sous-vêtements féminins et les lui tendit, rouge comme une pivoine.
"En fait, on a trouvé une caisse, et y avait ça dedans alors... J'ai pensé que... Enfin tu vois... Peut-être que t-t'en aurais besoin... bégaya-t-il, gêné."
Le visage de la jeune fille devint rouge écarlate, elle serra les dents, et la gifle partit toute seule, bien sonore, elle sembla résonner dans tout le bâtiment. Heureusement, les couloirs étaient bien insonorisés... Choqué, Matt ne savait plus ou se mettre. Finalement, Elsa baissa la tête et, toujours rouge jusqu'aux oreilles, elle balbutia un petit "merci" timide et embarrassé. Le jeune homme se gratta la nuque, sans savoir trop quoi dire, puis finit par récupérer les vêtements sales dans lesquels il avait caché la marchandise avant de quitter la pièce en saluant rapidement la lycéenne. Celle-ci quitta la salle avec ce qu'il lui avait apporté, et retourna s'enfermer dans le petit bureau qui lui servait de chambre. Une fois sur place, elle s'affala par terre. Décidément, elle ne comprendrait jamais les garçons...Matt, après avoir vérifié que son compagnon ne regardait pas dans direction, regagna le camp.
"Désolé, fit-il, ce que j'avais pris pour du savon n'en était pas... J'ai pas pu laver nos vêtements...
-Ah, pas grave, répondit Quentin, mais dis moi juste...
-Quoi donc ?
-Pourquoi t'es tout rouge ?"
Le jeune homme ne s'en était pas rendu compte, et en effet, lorsqu'il passa ses mains sur son visages, ils se rendit compte que ses joues étaient en feu. Comment pouvait-il réagir ainsi face à une situation comme celle-là ? Il avait été confronté à bien pire dans le passé, étant réputé comme un playboy dans le lycée (bien sur c'était exagéré de l'appeler comme cela). Quand était-il devenu si innocent ? Était-ce à cause du jeu ou de cette fille ? Matt se sentit un peu idiot face au ridicule de la situation. Il n'aurait jamais pensé se retrouver à apporter des sous-vêtements à une fille qu'il connaissait à peine en plein milieu d'un jeu de survie. S'il on lui avait raconté cela quelques jours plus tôt, il aurait certainement pouffé de rire... Il chercha à éviter habilement la question de son ami, et tous deux s'endormirent l'un après l'autre, en respectant l'ordre qu'ils avaient choisi pour les tours de garde.Tôt le matin, alors que le soleil n'était pas encore levé, Elsa se réveilla, prête à partir en chasse. Bien que Matt lui ait apporté des provisions la veille, cela ne lui suffirait pas, à la longue, et elle ne pouvait pas continuer de se reposer ainsi sur les autres. Elle décida de s'en prendre à ceux qui avaient pu bénéficier de la caisse de vivres envoyée. Elle utilisa son harpon pour atteindre le rebord d'une fenêtre du deuxième étage et commença à grimper. Mais cette fois, elle ne s'arrêta pas au premier. Elle atteignit la fenêtre et, après avoir vérifié que personne ne se trouvait dans la pièce, força le verrou de la fenêtre pour y entrer. Elle laissa son harpon accroché à la fenêtre, ne pensant pas partir longtemps. La salle de classe était déserte, les tables et les chaises étaient pour la plupart retournées, des traces de sang souillaient le carrelage blanc, et un cadavre était étalé contre un amas de bureaux, baignant dans son sang, la tête à moitié explosée contre le bois à présent rouge écarlate. La scène était désolante. Cependant, ce qui attendait la lycéenne dans les couloirs était bien pire. Des cadavres jonchaient le sol, baignant dans leur sang, pas complètement sec. Des armes étaient plantées dans les corps inertes, on voyait parfois des traces de coups sur certaines victimes. Les élèves étaient empilés les uns sur les autres, on aurait dit un champ de bataille. Le spectacle était semblable à celui de la grande mêlée, mais le tout concentré au deuxième étage. La jeune fille retrouva rapidement le lieu où avait atterri la caisse : les corps semblaient former un cercle tout autour de l'emplacement ou la marchandise s'était déposée. On pouvait suivre le trajet qu'elle avait fait en suivant son sillon à travers les cadavres et le sang recouvrant totalement le couloir. Le spectacle était écœurant, si bien qu'Elsa dût se retenir de vomir. Elle se tint au mur, mais quand elle retira sa main, elle était rouge. La respiration de la lycéenne devint saccadée. Des souvenirs resurgissaient du plus profond de sa mémoire. L'accident. La jeune fille vomit tout ce qu'elle avait dans l'estomac, c'est-à-dire pas grand chose, avant de respirer un bon coup et de poursuivre sa route, ignorant tant bien que mal le son que faisaient ses pieds en marchant sur les organes encore tièdes. Elle avait l'impression que son cœur allait décrocher, tant il battait vite. Mais elle tint bon. Au bout du couloir, quelques planches de bois commencèrent à joncher elles aussi le sol, signe que la caisse avait dû être détruite. À partir de là, plusieurs possibilités s'offraient à la jeune fille. Elle était à un croisement et ne savait plus où aller. Elle finit par choisir de tourner à gauche, où il y avait le plus de cadavres. La lycéenne supposa que les élèves avaient donc dû suivre la personne ayant pris avec lui le plus de provisions, et elle s'engouffra un peu plus loin dans le bâtiment. Quelque fois, elle ramassait des sacs attachés au corps inerte de leur défunt propriétaire, avant de les reposer. Le peu qu'ils contenaient étaient recouvert de sang, et Elsa, écœurée, finit par abandonner l'idée de récupérer les biens des morts. Au bout d'un certain temps, elle finit par attendre du bruit provenant de l'autre bout du couloir. Il faisait sombre et elle ne pouvait pas voir une silhouette distincte, mais l'ombre qui se mouvait à quelques mètres d'elle et les bruits de pas sur les cadavres lui indiquait la présence d'un élève. Sans hésiter, la jeune fille saisit son revolver et se cacha derrière un mur, au croisement qui se trouvait juste derrière elle. La personne s'avançait dans sa direction. Elle s'avançait calmement, sans faire d'autre bruit que ses chaussures sur les corps entassés. Il faisait noir comme dans un four, et la lycéenne ne voyait rien à plus d'un mètre d'elle. C'est alors qu'un visage sortit de nulle part. Elsa étouffa un cri. Elle ne l'avait pas vu venir. C'était un garçon, et il la fixait de ses yeux grands ouverts, comme un fou. Sa respiration était étrange, et il puait le sang à tel point que s'en était écœurant, pire que dans les couloirs du lycée. Il avait le même regard qu'Eléonore Dutant.
VOUS LISEZ
Highschool Survival Game
AksiL'histoire parle d'un lycée un peu particulier : le lycée Saint Marc. En effet, le nouveau directeur du lycée, un homme assez loufoque, organise le premier Highschool Survival Game, un jeu de survie dans tout le lycée pour tous les élèves...