Episode 7 - LA PERSISTANCE DE LA MEMOIRE

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Précédemment, dans Synthétique :

David D. est journaliste. Après avoir enquêté sur des attentats, il assiste à la conférence du président en place et est amené par deux collègues, Jack B. et Léo C., à considérer une piste d'investigation plutôt hasardeuse : et si Schipper's, l'une des deux plus grosses multinationales du monde, était à l'origine des attentats ? Ils enquêtent tous trois à Carnonright, une résidence spéciale, mais David D. finit par évoquer l'enquête avec leur rédacteur en chef, John E...

Julia S. a reçu une cabine de transprogrammation pour son anniversaire et a été emmenée au cinéma par son père, en compagnie de certains de ses amis.


En levant la tête et en humant l'air, David D. peut presque sentir la fraîcheur des pins sylvestres s'insinuer dans ses narines. Il s'arrête un instant, comme pour mieux savourer le parfum des bois, quand un bruissement soudain dans les fourrés non loin le ramène brusquement à la réalité. Il attrape le fusil d'assaut qui pend dans son dos et le braque devant lui, visant une cible invisible. Immobile, il guette le moindre craquement de brindille, le moindre balancement de chaque feuille, la moindre inspiration d'une respiration haletante qui trahirait une présence.

Rien.

Il s'avance d'un pas prudent vers le buisson dégarni d'où a jailli le bruit et se courbe en avant, son arme plaquée contre sa poitrine. Un pas. Puis un autre. Encore un. Il en esquisse un autre et... manque d'appuyer sur la gâchette dans un sursaut de peur alors que deux oiseaux s'échappent en trombe de leur cachette dans un claquement d'ailes.

Le silence revient, et David D. se détend, un peu honteux. Il reprend sa marche à travers la forêt, toujours en tendant l'oreille, toujours en prenant bien garde à rester discret. Il active sa lentille et sa carte interactive lui apprend qu'il est encore à plus de deux kilomètres du drapeau. Comme il semble également qu'aucun adversaire ne guette son passage aux alentours, il accélère le pas, et se met bientôt à trottiner.

Au fur et à mesure qu'il avance, le couvert des arbres s'éclaircit et laisse entrevoir de plus en plus de taches de ciel azuré. Les hêtres sont de plus en plus petits, les troncs nervurés de plus en plus minces, et de plus en plus espacés. Devant lui apparaît alors une immense flaque de lumière alors qu'il parvient à l'orée du bois, dans une vaste clairière bordée de buissons épineux.

L'herbe drue constellée de chardons se déroule à ses pieds comme un tapis vert jusqu'à la lisière opposée du bois, où la lumière se tait à nouveau. La vue de David D. se perd dans les ombres orangées des branches qui s'épanchent sur le sol dans une complainte automnale. Derrière le ton lisse et parfait des arbres, la forêt reprend son souffle, et bat au rythme du rare vent qui époussette quelques feuilles et plusieurs épines qui jonchent le sol parfumé. Là-haut, le ciel luit d'un bleu azur insolent et presque réel, enclavant son regard comme une cloche astrale et rêveuse. Il est presque tenté d'ôter sa combinaison pour sentir sous ses orteils la douce candeur de la moquette d'humus.

Soudain, sur sa droite, un lent voile s'avançait d'une démarche flottante, comme s'il était porté par un vent d'un autre temps. Parvenu au centre de la clairière, il stoppa net et se retourna comme pour attendre quelqu'un, le temps de laisser l'éclat du zénith chatoyer sur sa peau de tissu satinée. Alors émergea des fourrés une seconde silhouette, plus sombre cette fois, à l'allure bien plus humaine, bien qu'il ne put distinguer ses traits avec précision.

Elle pénétra à son tour dans la clairière, rejoignant en quelques lentes foulées le blanc voile flottant qui semblait l'attendre, les mains jointes. La silhouette, vêtue d'une élégante combinaison, s'arrêta juste devant lui, les rayons du zénith impuissants à dévoiler les détails d'un visage résolument invisible. Les deux étranges créatures restèrent face-à-face, silencieuses, pendant un temps qui parut infini à David D., quand soudain la silhouette habillée de noir s'agenouilla avec grâce et sortit d'un geste efficace un minuscule boîtier de sa poche, qu'il ouvrit et présenta au voile éclatant dans une posture de soumission. De longues secondes passèrent, avant que la figure voilée baisse la tête, tende une main gantée et saisisse l'indistinct objet qui reposait dans le boîtier et qui miroita de mille éclats lorsqu'elle le leva à hauteur des yeux, à tel point que David D. dut se couvrir les yeux pour ne pas être aveuglé.

Synthétique - Saison 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant