Synthétique - Saison 1

Épisode 10 - ASCENSION

Précédemment, dans Synthétique:

Battu à mort pour la seconde fois par Ron J., Lucas L. s'aperçoit qu'il n'a plus aucun moyen de contacter ses amis, Paul O., Léa L. et John K.. En quête de réponses à ses questions, il se met à leur recherche sur le Forum.

Julia S. a terminé sa nouvelle et la présente à l'une de ses professeurs et à ses amis. Cependant, ces derniers ne comprennent pas ses motivations, et la professeure contacte Eric E., son père, pour l'avertir d'un comportement dépressif qu'aurait Julia S.. Dépitée, Julia S. reçoit un appel véhément de son père qui achève de la détourner de ses proches.

David D. se réveille dans la chambre de la Résidence Carnonright, en possession des documents nécessaire pour inculper Schipper's. Il décide de se rendre sur le Forum pour les rendre publiques mais rencontre une foule hostile qui le jette hors de la scène.

L'heure écrase Julia S. d'ennui. Elle s'installe entre ses bras croisés et ferme les yeux de longues minutes, jusqu'à ce qu'elle entende son nom.

- Tu aurais pu rester chez toi si c'était pour dormir, la toise sa professeure d'arithmétique.

Julia S. relève la tête vers elle sans répondre, puis allume son écran. Sans lui accorder davantage d'attention, l'enseignante poursuit son monologue ennuyant sur les équations à double inconnue. Julia S. fait semblant de prendre des notes pendant quelques minutes, avant de sombrer dans une nouvelle léthargie. Autour d'elle, les étudiants consultent discrètement leur Dae-Phone, ou flânent sur leur écran en tapotant par intermittences sur leur clavier tactile.

Julia S. fixe l'horloge numérique de son écran, comptant les secondes qui passent. Elle se sent vaguement réjouie à l'idée des vacances qui l'attendent à la fin de la journée, mais la perspective de longues journées solitaires sans cabine ni écran portable attise surtout le profond ennui dans lequel elle est déjà plongée.

Comble du malheur, la professeure se tait un instant avant d'annoncer tout à coup un devoir pour la semaine prochaine. Elle envoie donc sur leurs écrans les consignes qu'ils auront à traiter, ainsi que le cours qui s'y applique, au moment où la sonnerie libère les étudiants. Julia S. ne prend pas la peine d'ouvrir les documents et quitte la salle sans attendre ses amis. Elle rejoint la cour devant son bâtiment, passe devant l'endroit où Victor T. s'est fait battre à mort avec un pincement au cœur, puis trouve un banc vide et s'y installe.

Seule. Elle se sent terriblement seule. Pas au sens où elle n'a pas d'amis ; si ce n'était que ça, elle n'avait plus qu'à rejoindre Emma S. et Anna S., ou à n'importe quel groupe d'amis qui pullulent dans la cour, et à les écouter se plaindre et rire toute la journée en infinie étrangère de trivialités dont elle se fiche totalement. La recherche d'une simple compagnie ne l'intéresse pas, et lui déplaît même, tant le souvenir de ses récentes amitiés demeure douloureux. Si elle se sent seule, c'est avant tout parce qu'en scrutant cette cour, en balayant sa classe du regard, en examinant les étudiants qui se hâtent dans les couloirs, en faisant la queue pour acheter ses pillfoods à la boutique de l'université, partout elle ne voit que médiocrité et hostilité. Tous les jours, et de plus en plus depuis la réaction de ses amies face à la lecture de son texte, elle a l'impression d'être noyée dans une foule compacte et impersonnelle, d'être maintenue sous l'eau par une main invisible qui s'avise de la pousser dans ses derniers retranchements, ceux qui la poussent désormais à déambuler seule dans les couloirs de l'université, sous le regard jaugeur des autres. Elle se sent seule car elle désespère de trouver un étudiant, même un seul étudiant, capable de la comprendre, un étudiant qui ne la fixerait d'un air stupidement perplexe lorsqu'elle lui présenterait son texte, ou lorsqu'elle aborderait des sujets de discussion autres que la dernière vidéo à la mode sur le Forum ou la dernière musique de Dreamality.