Winter Stars - Larry Stylinson

II

Je suis revenu dans le salon de mon enfance. Ma mère danse, elle a mis un chant de Noël. Gemma rigole comme une folle, allongée sur le tapis, entre ses Barbies et ses petites voitures. Moi je saute sur le canapé, je me sens heureux. C'est le jour de Noël et papy et mamie vont venir manger, j'ai eu tout les cadeaux les plus beaux du monde et maman a mis sa belle robe rouge.

Sauf qu'il fait froid. Vraiment froid. Il ne faisait pas si froid que ça chez moi...

J'ouvre difficilement les paupières. Je suis dans une voiture. Le chauffage tourne à fond et la radio crachote un vieux chant de Noël. Je reconnais la voix basse de Tino Rossi et je ne peux pas m'empêcher de sourire légèrement. La voiture n'avance pas très vite, mais d'après ce que je peux voir, on ne retourne pas vers le bas. On ne se dirige pas vers le village mais vers les hauteurs.

J'attends encore deux minutes pour commencer à bouger sur mon siège. La neige se transforme peu à peu en eau et mes vêtements sont tous trempés, c'est plus que désagréable.

- Est ce que ça va ?

Je sursaute. J'avais presque oublié qu'il y avait quelqu'un à côté de moi, qui conduisait le 4x4. Quelqu'un qui m'a sauvé la vie tout de même. Je tourne la tête, souriant comme je peux malgré mes lèvres qui me brûlent.

- Ouais, ça va mieux surtout...

Et puis je reste bloqué. Pour le coup... Je ne m'attendais pas à... ça. Je ne sais pas pourquoi, mais je m'étais imaginé un gros bonhomme avec une barbe grise et fournie et des sourcils broussailleux. Le mec à côté de moi est... Magnifique. Il à l'air minuscule au volant du 4x4 et surtout pas du tout fait pour se balader en montagne. Il ne porte qu'un pull en grosse laine rouge, un jean noire et un bonnet vert qui cache ses cheveux. Mais quand même. Je meurs de froid avec ma veste fourrée de moumoute et il n'a même pas l'air de frissonner. Est ce qu'il est réel ?

- Je peux savoir... ou vas t'on ? je commence à balbutier.

Il sourit en coin et tourne rapidement la tête vers moi.

Et. wow. Wow.

Ses yeux sont bleu glaces. Ils sont magnifiques. Tout son visage est magnifique en fait. Sa bouche fine délicatement rosée, ses pommettes légèrement creusées, la barbe de trois jours qui recouvre ses joues, son nez rougi par le froid. Je crois que je vais me mettre à pleurer. Un mec m'a sauvé la vie. Un mec m'a sauvé la vie et il s'agit de la plus belle personne du monde.

Pour un peu, je serais presque content de m'être perdu en pleine montagne et d'avoir quasiment perdu l'usage de mes doigts.

- On va chez moi. Ce n'est pas très loin on est bientôt arrivé, tu vas pouvoir te changer.

Je tremble un peu.

Mais je ne sais plus si c'est à cause du froid.

#

Mon sauveur s'appelle Louis. Il me l'a dit en m'ouvrant la porte de son chalet, avec un sourire à en faire fondre le Diable. Il habite dans la montagne depuis deux ans, parce qu'il a décidé de reprendre le refuge dont s'occupait sa mère, et qui accueille les randonneurs.

Le refuge est vide ce soir, personne ne se baladant dans la montagne le soir de Noël et Louis va se dépêcher d'allumer un feu pour que je puisse me réchauffer. En attendant, il m'a installé sur le canapé avec un gros plaid de laine sur les épaules. Je suis recroquevillé comme un gosse, et je grelotte malgré l'épaisseur du tissu. Louis réapparaît dans la pièce, les bras chargés de bûches et de petites brindilles. Il me sourit et s'agenouille près de l'âtre. Je fixe son dos.