14 ~ Brisé

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Nous nous retrouvâmes à nouveau dans le sofa de Léna. J'étais écrasée sur elle, enroulée dans des couvertures, une assiette de nachos à peine entamée sur les genoux et mon téléphone entre les mains. Je n'étais pas très attentive au film, trop occupée à me retourner la scène du club vidéo dans la tête. Je crois que Léna non plus n'était pas très concentrée sur la télévision; elle ne cessait de me lancer des regards inquiets.

Je ne peux pas vraiment expliquer comment je me sens. Je ne suis pas vraiment fâchée, ni triste... Je suis plus stressée, et j'ai peur. J'ai peur de le perdre pour de bon, car quand nos regards c'étaient croisés, j'ai vu la douleur dans ses yeux. J'ai vu qu'il n'avait pas tourné complètement la page. Mais il y a tout de même cette fille, qui est en quelque sorte la cause de cette petite boule de chagrin coincée dans ma gorge.

Soudain, Léna arrêta le film.

— Aie, qu'est-ce que tu fais?! l'interrogeai-je

— Mais toi qu'est-ce que tu fais?! s'exclama-t-elle en retour.

— De quoi qu'est-ce que je fais? Je ne fais rien, rebondis-je en la questionnant du regard.

— Justement, tu ne fais rien! Tu reste là à regarder ton téléphone, espérant y voir le nom de Ludo s'afficher.

Je baissai les yeux et regardai mon cellulaire emprisonné entre mes doigts tremblants.

— Que voudrais-tu que je fasse de toute façon. Ce n'est pas comme si j'allais l'appeler, ce n'est pas moi qu'il a vu avec un autre garçon, et ce n'est pas à lui que l'on doit des explications.

— Tu veux des explications oui ou non? s'impatienta Léna.

Je ne répondis pas. Cette discussion ne me plaisait pas vraiment.

— Bon d'accooooord... dit-elle après un certain instant.

Je la sentis se redresser sous moi. Avant que je ne puisse réagir, elle me prit mon téléphone des mains et se leva d'un bond.

— Hey!! m'écriai-je.

Je me levai aussi mais mes jambes se prirent dans la couverture et je trébuchai par terre. J'amortis la chute avec mes coudes, et le choc traversa mes bras jusqu'à mes épaules, tellement que je dû retenir un petit gémissement. Cela ne fit que me mettre encore plus en rogne. Je battis des jambes pour me débarrasser des couvertures, puis partis en trombes à la suite de Léna.

Je la vis entrer dans la salle de bain au bout du corridor. Je courus vers celle-ci cognai mes deux poings contre la surface plane et dure de la porte.

— Léna!! Je te promet que si tu lui envoie quoi que ce soit, je rase de la tête au pied tout ton poil de carotte!! criai-je en rageant.

— Vous agissez en vrai gamins vous deux, vous n'êtes pas croyable! Tu devrais vous voir.

Je ne répondis rien tout de suite, essayant de passer à travers cette montée de lait.

Alors que j'allais lui demander le plus poliment possible de me rendre ce foutu téléphone de malheur, la porte s'ouvrit et elle me plaça l'engin sous le nez.

— Tiens poulette, tu me diras merci plus tard.

Elle passa devant moi et retourna à la chambre.

Je m'empressai de lire l'échange texte qu'elle avait eu avec Ludovic.

À Ludo:
Salut Ludo.. Je voulais savoir si ça te dirais qu'on se voit pour discuter, car je crois qu'au stade où on est rendu.. Il est vraiment temps qu'on mette les choses au clair.

RobotOù les histoires vivent. Découvrez maintenant