Prologue

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Caché derrière ce buisson, il pouvait observer ses proies, si appétissantes. Il ne put s'empêcher d'émettre un petit grognement de plaisir en pensant au festin qu'il se préparait.

― Hé ! Les gars, vous avez entendu ça ? dit l'une de ses futures proies.

― Non, c'était sûrement un sanglier, dit la deuxième.

― T'es vraiment une poule mouillée Kévin. La prochaine fois t'as qu'à rester au chaud sous ta couette, dit la troisième qui semblait n'avoir peur de rien.

Tapi dans l'ombre, il attendait encore un peu – même s'il aurait pu ne faire qu'une bouchée de ces trois-là. Des adolescents, son met préféré. Sentir leurs angoisses et voir la peur dans leurs yeux le faisaient saliver encore plus. Il lâcha un deuxième grognement. Il était temps de passer à l'attaque.

― Et là, tu l'as entendu ? demanda Kévin.

― C'est peut-être un sanglier, proposa encore une fois Frédéric, plus pour se persuader lui-même.

― Non, il nous aurait déjà foncé dessus, dit Lucas.

L'adolescent s'approcha doucement des buissons et les éclaira avec sa lampe torche. C'est alors que le monstre sortit de sa cachette en poussant un hurlement à glacer le sang. Surpris, le garçon laissa tomba sa lampe.

― Courez ! hurla Lucas à l'attention de ses compagnons restés derrière lui.

Mais ils avaient déjà pris la fuite, l'abandonnant derrière eux. L'effroyable animal ne lui laissa pas le temps de s'enfuir. Bondissant sur lui, il le poussa violemment avec ses pattes avant. Le garçon tomba à terre sur le dos et fut sonné quelques secondes. La bête hideuse vint se positionner au dessus de lui en grognant. C'est alors que Lucas put voir sa gueule dégoulinante de bave, laissant apparaître ses crocs tranchants.

« Je vais y passer » pensa l'adolescent qui se mit à prier pour que ses amis trouillards soient partis chercher de l'aide.

Lucas sortit discrètement son petit canif, qu'il avait mis dans la poche de son pantalon avant de sortir de chez lui. Au moment où le monstre se décida à enfoncer ses crocs dans la poitrine de Lucas, ce dernier le poignarda sur le flanc. La monstrueuse bête fut surprise et desserra son emprise. La douleur que Lucas ressentit fut si intense qu'elle lui arracha une larme, mais une poussée d'adrénaline lui fit réussir à planter la lame une deuxième fois dans le ventre de cette chose qu'il était incapable de définir. Celle-ci finit par hurler de douleur. L'instinct de survie donna le courage à Lucas de planter son couteau une dernière fois dans la cuisse du monstre.

Celui-ci poussa un hurlement de rage. Comment ce sale gamin avait-il pu le surprendre de cette façon ? Il devait fuir. Les deux autres adolescents avaient peut-être prévenu leurs parents. Mais ce n'était que partie remise, se jura-t-il. Pour cette nuit, il allait devoir se contenter d'un pauvre petit lapin apeuré.

Lucas entendit le monstre s'enfuir en poussant de petits gémissements. Il se releva tant bien que mal mais ses jambes étaient flageolantes Il porta la main à sa blessure qui saignait abondamment. Lucas regarda le sang sur la paume de sa main. Il eut envie de vomir. Se retenant contre un arbre, il attendit. Sa nausée passée, il réussit péniblement à se remettre en marche. Il était difficile de retrouver son chemin la nuit dans cette forêt, avec pour seule lumière la pleine lune. Il titubait mais il continuait d'avancer. Depuis combien de temps marchait-il comme cela ? Des minutes, des heures - il l'ignorait. Enfin, il s'approcha de la route goudronnée. Là, il vit le ballet de lampes torches qui semblait crier son nom.

― Lucas ! Lucas !

― Je suis là, souffla-t-il.

Il était à bout de force, il trébucha et s'écroula sur l'herbe humide du bord de la route. Mais les personnes qui étaient à sa recherche l'aperçurent à temps.

― Il est là ! Appelez l'ambulance ! cria le vieil homme qui lui portait secours.

Lucas entendit un cliquetis qui fut d'abord lointain puis devint de plus en plus clair. Il ouvrit les yeux, le brouillard se dissipa peu à peu. Ce bruit venait d'un moniteur qui indiquait les battements de son cœur. Il se trouvait à l'hôpital. Ses parents étaient assis de chaque côté du lit. Voyant que son fils ouvrait les yeux, madame Martin lui caressa la joue.

― Lucas, tu m'entends ?

Il ne souffla mot mais acquiesça de la tête. Il n'osait pas bouger de peur d'intensifier la douleur qui provenait de sa poitrine.

― Tu es à l'hôpital. Tu te souviens de ce qu'il s'est passé ? lui demanda sa mère.

― Oui, je crois. Je peux avoir de l'eau s'il te plait ?

― Je vais t'en chercher, lui dit son père en se levant.

― Raconte-nous ce qu'il s'est passé dans la forêt ? insista sa mère. Qui t'a fait ça ?

― Je sais pas. Je sais pas ce que c'était, lui répondit Lucas.

Le regard qu'échangèrent ses parents était rempli d'inquiétude mais ils ne lui posèrent pas d'autres questions.

Quelques semaines plus tard,

Toute la journée Lucas avait été de mauvaise humeur. Il n'avait pas réussi à satisfaire son étrange envie de viande bien saignante et n'avait pu s'empêcher d'avoir envie de frapper ses camarades - sans que ces derniers ne le cherchent vraiment. Depuis deux heures qu'il tournait en rond dans son lit, il ne trouvait pas le sommeil et la lumière que procurait cette pleine lune l'énervait encore plus. Malgré la fraicheur de ce mois d'avril, il transpirait à grosses gouttes. Pourtant il avait éteint le radiateur de sa chambre et avait ouvert la fenêtre. Une douleur atroce l'empêchait de dormir. C'était comme si quelque chose à l'intérieur de lui voulait sortir. Lucas chercha à se lever pour aller trouver de l'aide auprès de ses parents mais la douleur le tenaillait. Il se tortillait dans son lit, incapable de se lever. Le jeune homme crut que son cœur allait éclater, sa respiration était saccadée et tout son corps tremblait. Dans un dernier effort, il réussit à glisser hors de son lit mais il tomba à côté de celui-ci. Lorsqu'il réussit à se mettre à quatre pattes, c'est alors que la transformation eut lieu. Chaque partie de son corps était extrêmement douloureuse. Ses mains se rétrécirent et au bout de ses doigts poussèrent des griffes. Sa peau le démangeait et des poils se mirent à pousser. Une douleur atroce résonnait dans son crâne et ses os se mirent à craquer. Malgré la douleur, il n'avait pas la force de crier. À bout de souffle, il finit par s'évanouir.

Après quelques minutes il revint à lui, il essaya alors de s'asseoir sur le bord de son lit. Mais très vite il comprit que quelque chose n'allait pas. Enfermé dans ce corps qui n'était pas le sien, il se mit à courir dans tous les sens faisant tomber au passage des objets avec sa queue. Le bruit alerta les autres occupants de la maison. Lucas vit la lumière sous la porte de sa chambre et reconnut immédiatement l'odeur de son père. Il prit conscience qu'à présent - c'était lui le monstre. Paniqué, il s'enfuit par la fenêtre de sa chambre. Il courut vers la forêt en poussant des hurlements.



Pleine Lune * Sous contrat d'édition*Où les histoires vivent. Découvrez maintenant