America: "On est séparées?!"

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Dans ma tête les mots résonnaient au ralenti. "Vous allez être séparées, vous allez être séparées!" Séparées! Ça veut dire qu'on ne serra plus ensemble! Je regardais Elëor qui avait la même figure que moi soit, les yeux écarquillés, le bouche grande ouverte et le visage livide. Mais elle ne se reprit pas,contrairement à moi, trop occupé à me regarder tandis que moi, je regardais Baptiste.

"Comment ça, séparée?

- Bah, reprit Baptiste gêné, tu vas aller dans un bâtiment et elle dans un autre...

- Mais on se verra le midi? demanda Elëor

- Non désolé, vous ne vous verrez que le dimanche, le jour des visites

- Mais...commençais-je

- Je suis désolé, dit Baptiste, mais nous les "intellectuels" avons un emploi du temps très chargé et n'avons pas forcement le temps de nous reposer, nous mangeons la plupart du temps dans nos labos donc...

- Non! cria Elëor, je ne veux pas être séparée de ma soeur!"

Tout le monde dans la cantine, la regarda, mais elle s'en fichait, j'étais gênée pour elle, mais elle ne s'en rendit pas compte, elle se jeta dans mes bras, me brisant les côtes tellement elle me serrait et pleura doucement contre mon épaule. Vu que nous faisons la même taille, c'était assez simple de la regarder dans les yeux. Mais elle ne dégainait pas me regarder trop occupée à pleurer. Je lui caressais le dos, mais un regard insistant de Baptiste me remit sur le droit chemin. Si je m'apitoyais sur le sort de ma soeur plus longtemps, la séparation allait être encore plus dure pour toute les deux. J'interdisais les larmes qui me montaient aux yeux de tomber et regardais Elëor dans les yeux, ce qui la stoppa. J'avais était brusque dans mon geste alors que d'ordinaire, je suis douce. Elle allait me manquer, mais je faisais ça pour son bien.

"Arrête de pleurer Elëor, se n'est pas comme ça, que ça sera plus simple. On va s'écrire des textos et puis...on se voit dimanche...

- Mais, je ne veux pas que tu partes!

- C'est comme ça! Dis-je d'un ton brutal"

Elle s'arrêta immédiatement de pleurer, et me regarda avec de l'incompréhension sur son visage. Mais je décidai de rester ferme avec elle, j'avais commencé et maintenant il fallait que je continue sinon tout ça n'allait pas servir à grand chose.

"A dimanche Elëor, prend soin de toi..."

Je l'embrassai sur la joue et partit avec Baptiste qui m'emmenait dans un chemin inverse de celui de ma soeur jumelle. Je chassais les larmes qui me brouillaient la vue et me mordis violemment la lèvre, ce qui me l'écorcha un peu. Je jetai un dernier coup d'oeil vers Elëor, mais je n'aurais pas du. Son visage était décomposé. Sa joie disparue. Ses bras ballotaient dans le vide et ses yeux emplit de larmes me fixaient sans comprendre. Elle pleurait et Jade et Anna la prirent dans leurs bras. Je m'en voulais. Comment avais-je pu être aussi cruelle avec ma soeur?

Nous sortîmes dehors avec Baptiste et nous dirigeâmes vers mon nouveau bâtiment. J'allai être une "intellectuelle" et j'étais très contente. Mais l'image d'Elëor dans la cantine me perturba plus que je ne le pensais. La porte devant nous s'ouvrit et Baptiste me laissa passer. Le hall d'accueil était blanc comme un hôpital et sentait le stérilisé. Ma valise en main je suivais Baptiste dans la salle qui servait à contenir mes valises le temps que l'on me fasse la visite. Cette salle était plus sombre avec cependant une jolie lumière rouge tamisée. Une bonne odeur de fleurs s'échappa de cet endroit. Cela me rappelais le shampoing de ma soeur. 

Soudain n'y tenant plus, je m'adossai au dos de la pièce qui sentait si bon et me mis à pleurer toutes les larmes de mon corps. Baptiste ne savais pas quoi faire. Je finis par tomber par terre, la tête entre les jambes et mes bras autour de celle-ci. Baptiste s'assit à côté de moi. Mais je ne le vis même pas. J'étais dégoutée, dégoutée par moi même, comment avais-je pus mettre ma soeur dans un tel état? Comment avais-je pus être aussi cruelle avec elle? Elle était déjà bien assez stressée et peureuse de venir ici et maintenant j'en rajoutais? Je suis une soeur horrible. Au bout de quelque minutes Baptiste en eut marre de me voir me morfondre et se plaça devant moi et me releva le menton. Je refusai de le regarder les larmes coulant encore le long de mes joues. Mais il m'y força et je tombai sur son regard tendre. Repensant encore au visage de ma soeur décomposé, je me remis à pleurer. Baptiste soupira .

Copie Conforme [Pause]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant