Je regarde fixement l'eau. Elle est à mes pieds, et rien qu'à l'idée d'y mettre un orteil me paralyse sur place. Pourquoi ? Je n'en sais rien. Je sens qu'il ne faut pas que je m'en approche.
Alicia s'approche doucement de moi et passe un bras au dessus de mes épaules et me murmure :
- Si tu as peur d'y aller, ne te force pas, Maeva.
Je déglutis. Je devais venir ici pour calmer mon angoisse et peut être pouvoir faire taire les hurlements de la femme dans mon sommeil. Cette femme qui apparaît toute les nuits dans mes cauchemar et qui disparaît en se faisait emporter par une créature des fonds marin. Je n'approche plus l'eau depuis et me montre même assez distante. Je secoue la tête et remonte en haut de la dune. J'ai insisté pour qu'il n'y ait personne, juste ma meilleur amie et moi et pour ce faire, j'ai dû y aller un mardi. Il y a bien un couple de vieux qui bronze au soleil leur peau badigeonnée de crème. Je m'allonge sur ma serviette et quatre minutes plus tard, je sens des gouttes qui ruissellent le long de ma peau. Des suivantes viennent m'éclabousser. Quand j'ouvre les yeux je vois Alicia s'enrouler dans sa serviette. Je plisse les yeux et observe son air amusé. Je soupire et me lève en entendant les protestations de mon amie. Il se trouve que je déteste bronzer et que ma peau pâles prend des coups de soleil, raison de plus pour trouver que mon idée ne relevais pas du génie. Raison pour laquelle je repars vers la voiture. J'entends de loin Alicia soupirer et se lancer à ma poursuite. Je monte sur la place passager et elle enclenche le moteur.
- C'est pas grave que tu n'y sois pas arrivé, Maeva. Ça peut arriver à tout le monde !
- Non, ça n'arrive pas à tout le monde de ne pas pouvoir entrer dans l'eau à cause d'un stupide cauchemar, Alicia ! Dis-je en accompagnant mes paroles en secouant la tête. C'est puérile. Tu ne peux pas te rendre compte à quel point je me sens idiote d'avoir des frissons rien que de sentir l'eau de la douche sur moi... C'est ridicule.
Elle pianote nerveusement le volant de ses doigts
- Je vois pas comment je peux t'aider. Tu voudrais pas voir un psy ?
Je hausse les épaules.
- Aucun de tout les psy que tu me présenteras ne pourras me débarrasser de ça. C'est à moi de me guérir.
Elle tourne la tête vers moi en regardant la route.
- Peut être mais ça fait six mois, Mae.
Je ne quitte pas les yeux du paysage sableux qui s'offre à moi et dit tout bas :
- Je compte les jours.
Le trajet se passe dans le calme et on entend juste le roulement des roues sur la terre. En se garant elle me propose :
- Il y a une fête ce soir, tu viens ?
Je me mordille la lèvre inférieur.
- Je ne pense pas. Je suis fatiguée.
Elle s'avance vers moi.
- C'est aussi une échappatoire pour ne pas faire tes cauchemars.
Et voilà ! Je savais bien qu'il ne fallait pas que je lui dise. Maintenant je hoche la tête en faisant un demi-sourire.
Les soirées, autant le dire, c'est pas mon truc. Je n'ai pas l'alcool mauvais, dépressif non... En fait, il se trouve que je déteste l'alcool et le vin. Bien sûr dans ces fêtes on ne nous sert pas du Fanta et tu dois t'estimer heureuse de trouver un lavabo ou prendre de l'eau propre. Ouais, ce sont des fêtes dans des fraternités. J'y suis allé une fois et je me suis retrouvé le lendemain à treize heure dans une chambre inconnu. J'ai vite vu que c'était une chambre de la fraternité mais ça m'a bien fait flipper sur le coup. En arrivant dans ma chambre, talonné par Alicia, je sais exactement quoi mettre. Déjà lors d'une soirée dans une fraternité, pas à mon expérience certes, on perd vite les pédales avec un trop-pleins d'alcool dans le sang. Cependant cette idée ne peut influencer mon choix vestimentaire, à part me stresser encore plus, je ne vois pas ce que cela m'apporte. Dans mon placard règne un bustier bleu avec les franges au bout desquelles est placé une perle dorée. Il est très moulant et m'arrive à mi-cuisse. J'ai vu bien pire niveau vulgarité néanmoins je ne me sens jamais totalement à l'aise dedans. De plus je dois porter des talons. J'ai toujours été jean et basket donc je ne suis pas du tout habitué et je crois bien que j'aurais des ampoules au pieds. Super la soirée. Non, je dois rester optimiste et m'amuser un peu. C'est vrai quoi, je suis jeune et libre, surtout dans une fac alors autant en profiter. Seulement lors de cette soirée, il va se passer un truc. Un truc que je n'aurais jamais, mais alors jamais pu imaginer.
VOUS LISEZ
Foam
General FictionJe ne la touche plus depuis ce terrible incident qui a causé sa perte. Elle glisse le long du sable mais ne m'atteint jamais. Je n'ai jamais voulu l'effleurer depuis mes cauchemars. C'est ma peur de l'eau. Attention : Ce livre contient des scènes...