17 - Le loup

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Ceux qui ne font rien de se trompe jamais.

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- C'est une blague ?! s'écria Honorine en voyant la grosse bête qui fonçait droit sur nous.

Un gigantesque loup, au poil noir et gris, était en liberté, en plein milieu d'un des nombreux couloirs de Halgan. Il s'arrêta devant nous, nous dévoilant son regard noir et ses monstrueuses dents.

- Je croyais que les monstres ne pouvaient pas apparaître le jour ? demandai-je , peu enthousiaste à l'idée d'affronter un loup de cette taille.

- Ils ne le peuvent pas. C'est étrange. Ne le tuez surtout pas !

- Quoi ? Alors, qu'Est-ce qu'on fait ? demanda Honorine. Parce-que, vu d'ici, il paraît assez agressif.

- Non, il n'est pas agressif. Il a peur.

J'avais assez de connaissance en matière d'animaux grâce à mon père, qui m'avait appris à chasser et à reconnaître le danger. Ce loup, même s'il était gros et avait des dents acérés, n'était pas là pour nous faire du mal. Je pensais même qu'il avait peur que ce soit nous qui lui fassions du mal.

- Baisse ton épée, ordonnai-je à Honorine qui n'avait pas l'air d'être d'accord avec ça.

- T'es malade ? Une fille d'Arès ne se laisse pas dévorer par un loup.

- S'il te plait, fais-le.

Honorine fronça les sourcils en voyant mon regard préoccupé et finit par baisser doucement son épée. Le loup, toujours immobile, inclina la tête vers le sol, signe de sa passivité.

Pour ma part, j'avais toujours mon arc à la main, et je dirigeais ma flèche droit devant moi, en direction de l'animal, qui ne semblait pas réagir.

Soudain, un claquement de porte fit sursauter le loup, et des cris s'élevèrent de la foule d'élèves qui s'étaient formée autour de nous.

- Demi-dieux, retournez dans vos dortoirs, ordonna le directeur d'Halgan lorsqu'il vit l'énorme loup qui se trouvait devant nous. Tout de suite.

Les élèves obéirent sans hésiter, alors que Honorine, Jake, Laura et moi restions sans bouger. Le directeur ignora notre présence et sortit une pistolet de sa veste. Il la pointa si rapidement sur le loup, que la bête se sentit attaquée et bondit sur le directeur, qui lui, n'avait jamais eu l'intention de tirer.

Alors que la scène semblait se jouer au ralentit, je lâchai la corde mon arc, et ma flèche siffla l'air pour se planter directement dans la cuisse du loup. La créature tomba à la renverse, permettant au directeur de s'échapper de sa prise.

J'avais l'impression d'avoir fait la bonne chose, mais lorsque j'entendis les cris de Gaby qui venait d'entrer, je sus que non. Elle courut vers le loup, qui saignait abondamment. Puis, elle posa sa main et caressa le pelage de l'animal.

Doucement, les poils du loup disparurent, et son énorme carrure rétrécit, pour prendre l'apparence d'un jeune homme, nu. C'est lorsque je vis ses cheveux noirs ébènes que je compris ce que j'avais fait.

Je n'avais pas tiré ma flèche sur un loup banal, mais sur un loup-garou. Et ce loup-garou, c'était Samir.

Aussi rapide qu'un éclair de Zeus, Laura courut vers Samir et déposa sa veste sur son bassin pour couvrir sa nudité. De là où j'étais, je pouvais apercevoir le sang qui dégoulinait de sa cuisse. J'aurais pu me rapprocher et présenter des excuses pour ce que j'avais provoquer, mais j'étais terrorisée. Je me contentai alors de sortir Jake de son état de choque afin qu'il aide Laura et Gaby à l'amener à l'infirmerie.

Le directeur de Halgan suivit du regard mes amis qui portaient le corps ensanglanté de Samir. Lorsqu'ils passèrent la porte de l'infirmerie, il se tourna vers moi, l'air fâché. Il s'avança vers moi, et ses yeux se posèrent sur mon arc. Je compris alors.

- Je peux vous expliquer, Monsieur, commençai-je à balbutier. 

- Ce ne sera pas nécessaire, dit-il d'une voix ferme. Vous avez garder une arme dans votre dortoir pendant plus d'un mois, sans autorisation d'un professeur encadrant. 

- Je sais mais ...

- Et vous avez tiré une flèche sur un élève, provoquant une blessure grave.

- C'est faux, j'ai tiré sur un loup ! 

Il ignora mes remarques sans gênes et continua alors, d'une voix plus douce :

- Pourtant, vous m'avez sauvé la vie, et je ne peux ignorer cela. Vous n'aurez donc pas de sanction.

- Merci beaucoup, dis-je avec un long sourire.

- Mais je vous confisque votre arc et vos flèches.

Mon sourire retomba comme une météorite. A contre-cœur, je te retirais de mon dos la lanière de mon carquois, m'emparai de mon arc, et les déposai dans la main du directeur, qui s'en alla sans attendre. 

Honorine, qui avait assisté à toute la scène, posa sa main sur mon épaule.

- Je sais ce que c'est que de s faire confisquer son arme. Un jour, j'ai tenté de passer une nuit dans la forêt, avec ma fidèle épée. J'ai réussi, mais j'en suis sortie avec quatre côtes cassées et un bras dans le plâtre. Ils me l'ont retirée un an et demi. Depuis, je fais attention.

- Tu penses qu'il va me le rendre, mon arc ? demandai-je avec espoir. 

- Je pense que si tu te conduis bien et que tu travailles sérieusement, ils t donneront même le droit de t'en servir comme arme officielle.

Honorine m'offrit un sourire franc, puis mit ses deux mains sur mes épaules pour me pousser légèrement.

- Allons voir comment va Samir, déclara-t-elle d'un ton autoritaire.

Et nous nous dirigeâmes vers l'infirmerie, bras dessus, bras dessous, comme de vieilles amies.

*********

Je tiens à vous dire que j'adore Honorine.

Léonie.

La Fille d'Artémis [Réécriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant