C A P T I V E
P R O L O G U E
Dans la société, il n’y a aucun contact entre les filles et les garçons. Excepté pères et frères, de qui nous sommes séparés à l’âge de 12 ans. À 18 ans, selon les caractères psychologiques et physiques de chaques personnes, les couples sont placés par la société, dans le but de créer une famillle parfaite; harmonieuse et jolie. Les gènes sont modifiés pour avoir des êtres humains parfaits. À 17 ans, les destinés sont dévoilés pour apprendre à mieux se connaître.
Le libre arbitre de l’homme a mené à la destruction de son monde. La société enferme donc son peuple dans un dôme et fourni les vêtements, la nourriture et l’éducation afin que la population soit CAPTIVE et dépendante.
Mais les règles ne sont-elles pas faites pour être brisées?
Quatre ans plus tôt.
Aujourd'hui c'est le jour que je redoutais le plus au monde. Je viens d'avoir douze ans. Comme plusieurs filles. Et aujourd'hui, je quitte Papa et maman, comme l'a fait Bram, mon grand frère il y a un an. Selon la société, les garçons et les filles doivent se séparer, car ils grandissent mal ensemble et causent des conflits. Je vais habiter dans un cube-logement avec d'autres filles de mon âge. Ma mère peut venir me voir une heure par jour. Sauf que je ne pourrai plus l'appeler Maman. Une autre femme doit la remplacer. Elle devra être notre exemple pendant toute notre enfance et notre adolescence. Elle sera notre modèle, et nous devrons être comme elle. Gentille, serviable, généreuse et pacifique. Mais je ne veux pas de cette Maman. Je veux la mienne pour toujours. Les officiers viennent me chercher dans une minute. Je pleure toutes les larmes de mon corps. Papa aussi, car je suis son dernier enfant. Et il ne pourra plus jamais me voir. Par contre, il garde contact avec Bram. Mais lui l'a oublié. Je ne veux pas les oublier. Je ne veux pas les oublier. Je ne veux pas les oublier.
Un coup à la porte.
- Secteur 3. Cube-logement 7. Famille K79, crie un officier à l'extérieur.
Mon quartier, ma maison, ma famille.
- Acia K79.
Mon nom.
J'éclate en sanglot et me jette une dernière fois dans les bras de mon père.
- Je viendrais te voir, Acia, dit Maman.
J'essuie mes larmes, jette un dernier regard vers papa, et entre dans le tube de sortie, qui m'envoie à l'extérieur. Où deux officiers m'attendent pour m'emmener avec eux. Nous allons dans un aérotomobile qui nous conduit dans un gigantesque établissement, gris et blanc, comme toutes les bâtisses de la société. Nous rentrons à l'intérieur. Une file de filles de mon âge, reconnaissable à leur uniforme bleu pâle, est dressée au milieu de la salle. Des officiers sont disposés un peu partout, à intervalles régulièrs, fixant un point devant eux, complètement immobiles, les mains dans le dos. Au fond complètement se trouve trois tables métalliques où trois officiers prennent les informations nécessaires et administrent des sérums spéciaux.
Après seulement trente minute d'attente, c'est à mon tour.
- Nom?
- Acia.
- Nom complet! s'énèrve l'officier.
- Acia K79.
- Secteur?
- Secteur 3.
- Cube logement?
- 7.
- Très bien, veuillez poser votre index, afin que nous prenions votre empreinte digitale.
J'hésite, puis pose mon doigt à l'endroît indiqué, sur une plaque de verre transparente qui analyse mon index.
- Maintenant ne bougez pas, le temps que l'analyseur oculaire prenne vos coordonnées.
J'appuie ma tête sur le support et regarde droit devant moi, pendant qu'une fine lumière bleue recouvre mon oeil.
- Une dernière chose avant que vous ne rejoigniez votre nouveau cube-logement. Nous devons vous donner ce sérum.
L'officier prend mon bras, mais je le retire.
- Qu'est-ce que c'est?
L'officier me répond avec un rictus cruel.
- Il efface vos sentiments pour votre ancienne famille, et vous oblige à suivre les règlements à la lettre.
Je croise mes bras dans mon dos, mais deux officiers arrivent derrière moi et offrent mon bras droit à l'officier devant moi, qui tord mon poignet avant d'insérer la seringue.
- Tu es une rebelle toi. Ne t'inquiète pas, j'arrange cela.
Il pousse sur la seringue qui injecte sous ma peau un liquide bleuté.
- Voilà. Suivante!
On me pousse sans ménagement vers une autre file qui me donnera d'autres informations comme mon cube-logement.
Après une journée plus qu'ennuyeuse, l'heure des visites est arrivée. On nous a obligé d'appeler nos mères par leur prénom, et de n'avoir aucun contact physique avec elles. Cela m'a choqué quand personne n'a cillé. Toutes les filles ont obéi au doigt et à l'oeil. Je doute de l'efficacité de mon sérum. Mais je ne m'en plaindrais pas! Finalement, je vois ma mère à l'entrée du cube-logement avec les mères des vingt-neuf autres filles qui partagent ma maison maintenant. J'ai l'envie de me jeter dans ses bras, mais la réaction des autres m'en empêche. Elles fixent droit devant elles, le regard vide. Je ne les comprend pas. Puis, nos mères s'avancent vers nous. Je prends rapidement les nouvelles de Papa, et lui parle de ma nouvelle vie, quand on annonce la fin des visites. Ils nous ont menti! Ils avaient dit une heure! Pas dix minutes. Les filles ne bronchent pas quand leur mère les quitte et je vois dans les yeux de celles-ci qu'elles ont le coeur brisé.
Je saute dans les bras de ma mère. Les contacts physiques sont défendus.
Je lui dis:
- Maman je t'aime.
Je ne peux pas l'appeler Maman. Je suis censée ne plus avoir de sentiments pour ma famille.
Je suis rebelle.
Aujourd'hui.
J'ai dû faire semblant d'oublier ma mère. J'ai maintenant 16 ans, bientôt 17. J'aime toujours ma famille. Papa me manque. Maman me manque. Bram me manque. À chaque jour, je me rebelle le plus souvent que je peux, le plus discrètement, car je ne peux pas me faire prendre, sous peine de mort. Je vole les plats chimiques équilibrés de la société. Je cache des objets aux filles qui partagent mon cube-logement. Je fais semblant de dormir le soir, mais je continue de le faire le matin, alors que nous avons des horaires fixes. J'arrive en retard en cours, et j'ai réussi à en rater un. C'est tout ce que je peux faire pour l'instant. Mais à chaque fois, je me sens revivre. Remplir le vide de haine que la société m'a laissé.
Je me rebellerai.
Je me rebellerai.
Je me rebellerai.
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C A P T I V E
RomanceDans la société, il n’y a aucun contact entre les filles et les garçons. Excepté pères et frères, de qui nous sommes séparés à l’âge de 12 ans. À 18 ans, selon les caractères psychologiques et physiques de chaques personnes, les couples sont choisis...