C H A P I T R E D E U X
L’incompréhension me submerge. Comment? Ce n’est ni un officiel, ni un tuteur, surveillant ou autre. Son uniforme est gris. Il a 16 ans. Il est à l’institut masculin. Un rebel. Comme moi. Je le contemple en me méfiant. Je n’ai jamais vu quelque chose d’aussi beau. Ses yeux sont d’un bleu pronfond. Ses cheveux, sombres. Il ne ressemble pas à la perfection artificielle de la société. Il est différent. Ou est-ce seulement parce que je n’ai jamais vu de garçon de mon âge? Je ne connais que les adultes et les enfants en bas de 12 ans.
- C’est toi qu’ils recherchent? demande-t-il en indiquant les officiels alarmés près de la fenêtre brisée en haut.
J’hoche la tête. Les yeux plissés. Je le lorgne du regard, toujours méfiante. Cela pourrait s’agir d’un piège. Il paraît soulagé devant ma réponse.
- Suis-moi.
Je ne bouge pas. Je reste ici et tente de m’en tirer en essayant d’entrer par les entrées sécurisées par les officiels, ou je le laisse me guider, ignorant où je vais? Peu importe, dans les deux situations, ma perte est inévitable. À moins que le garçon ne dise la vérité. C’est pour cela que je déteste faire confiance aux autres. Je suis la seule personne sur qui je peux compter. Je le suis et je sais que je prends la mauvaise décision. Aurais-je été capable de fuir hors de la société sans me faire prendre? Non, évidemment.
Le garçon m’entraîne vers le fond de la grille. Électrifiée. Mais hors des caméras. Il y a une brèche bien camouflée. Elle m’emène de l’autre côté. Vers l’institut masculin. Le garçon traverse la clôture.
- Dépêche-toi! me souffle-t-il devant mon hésitation et ma jambe abîmée.
Je n’ai rien à perdre de toute façon! Je traverse et me retrouve de l’autre côté. Je n’ai rien fait d’aussi excitant et aussi interdit! C’est possible d’une peine de mort! Il me prend la main, me perturbant. Il ne me laisse pas me reprendre de ma surprise et longe la grille, me tirant de son bras fort musclé. Nous nous dirigeons vers... Rien?
- Où est-ce qu’on va? dis-je.
- Tu as une langue alors?
Je roule des yeux.
- Dans notre repaire secret, continue-t-il.
Notre? Qui sont les autres? Nous arrivons finalement à notre destination. Près de la clôture, loin des yeux de l’institut. Il s’accroupit près du sol, et ouvre une trappe. Elle était bien camouflé dans la terre sèche. Il m’invite à passer devant lui et à descendre les marches, mais je lui fais signe de passer en premier. Il soupire et s’engouffre dans les profondeurs de la terre. Je n’ai d’autres choix que de le suivre. Je dévale les escaliers pour arriver dans une petite pièce de métal. Le même paysage que je vois tous les jours. Le paysage de la société. Je me retourne pour gravir les marches en courant, mais le garçon tire sur ma manche.
- Reste! Ce n’est pas ce que tu crois! J’ai eu la même réaction que toi la première fois que je suis venu. Il s’agit d’un refuge créé par la société, pendant la Guerre. Ils apportaient des réfugiés qui pouvaient tenir des mois sans mourir de faim. Il y avait des réserves de nourriture. Maintenant, la société recherche toujours ces refuges. Il en existe encore quelques-uns non-découverts, mais ils ne viendront jamais ici. Puisque c’est un institut et cela pourrait soulever des questions. Tu me fais confiance?
Je reste silencieuse. Son histoire tient debout. Mais je ne parle pas, il pourrait y avoir des détecteurs de reconnaissances vocales n’importe où. Oh et puis je n’ai rien à perdre!
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C A P T I V E
RomanceDans la société, il n’y a aucun contact entre les filles et les garçons. Excepté pères et frères, de qui nous sommes séparés à l’âge de 12 ans. À 18 ans, selon les caractères psychologiques et physiques de chaques personnes, les couples sont choisis...