Chapitre 3

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« Qu'est-ce que c'est, un incendie ? » demanda innocemment Solis alors que la mère de Viridi, ayant achevé sa lecture, enfouissait son visage dans ses mains.

« Maman... Il va revenir, pas vrai ? Papa a survécu a des situations bien pires encore... » affirma Viridi.

Et l'interpellée ne sut que répondre.

Le reste de la soirée se passa dans un silence lugubre. Au moindre son qui semblait être un grincement de porte, des pas ou un bruit de respiration, les yeux des trois renards s'illuminaient d'une lueur d'espoir. Mais, lorsqu'ils réalisaient que ce n'était pas celui qu'ils attendaient, leurs visages se renfermaient.

Viridi mit encore plus de temps à s'endormir que le soir précédent. Ses yeux refusaient de se fermer, comme si le devoir de la renarde était de rester éveillée, à l'affut d'un danger quelconque. Il faisait en outre très chaud dans la chambre, et la renarde passa de longues heures à se tourner dans tous les sens, cherchant une position pas trop inconfortable. Viridi jeta sa couverture au sol et, au bout de quelques minutes, la température devenait plus supportable. Et c'est très tard dans la nuit qu'elle réussit enfin à s'endormir.

***

Un grand fracas retentit, et Viridi se réveilla en sursautant. Ne comprenant pas tout de suite ce qui lui arrivait, celle-ci crut que c'était simplement un rêve et tenta de se rendormir, mais un bruit encore plus fort lui fit brusquement ouvrir les yeux. Solis avait disparu, et il était impossible de voir plus loin que le bout de son nez. De la fumée envahissait la chambre et une étrange odeur flottait dans l'air. La pièce baignait en outre dans une étrange lueur orangée. Des cris et des bruits sourds montaient de la pièce d'en bas. Elle qui se plaignait de la chaleur il y a quelques heures, elle était maintenant servie; la température avait maintenant augmenté d'au moins six ou sept degrés.

La peur s'empara de Viridi, qui se leva en toute hâte. Elle avait un mal fou à respirer. En jetant un œil par la fenêtre, elle remarqua, horrifiée, que le champ de fleurs sauvages à côté de la forêt avait été remplacé par un océan de flammes furieuses, qui dévoraient les maisons alentour. Le ciel, d'habitude d'un magnifique bleu marine, avait pris une teinte orange foncé, mêlée d'éclats de fumée noire. A bout de souffle, Viridi se changea en renarde. Au sol, l'air était plus respirable,  il était ainsi plus facile de se déplacer. La jeune fille atteignit la porte de la chambre, qui était déjà ouverte, et descendit en toute hâte les escaliers. La troisième marche se réduisit en cendres au moment où elle posait la patte dessus, ce qui la fit tomber tête la première dans ce qui semblait être un tas de cendres encore brûlantes. Lorsque son crâne s'abattit sur le plancher de bois, sa vue se brouilla pendant un instant, puis elle put distinguer une voix à travers le sifflement à l'intérieur de ses oreilles.

-Viridi!

La renarde rassembla ses forces, leva la tête et put distinguer, à travers le brouillard grisâtre et la suie qui voilaient ses yeux, sa mère, couverte de brûlures, tenant une forme immobile dans ses bras. Son visage, d'habitude doux et serein, était maculé de cendres et de larmes. 

-Viridi! Tu m'entends? Partons! Sinon nous allons tous y rester! hurla-t-elle presque, paniquée.

La renarde reprit lentement ses esprits et constata avec stupeur que ce que sa mère portait était en fait Solis, inerte. Un quart de sa chevelure rousse avait brûlé, des brûlures parsemaient ses joues et sa jambe droite était couverte d'une marque violacée. 

Un craquement lugubre retentit, et le les escaliers menant à la chambre des enfants s'écroulèrent, dévorés par les flammes. La fumée envahissait la maison, et l'air était devenu quasiment irrespirable. Viridi rassembla les forces qu'il lui restaient et se retransforma en humaine. Sa mère l'aida à se relever et la poussa vers la porte de sortie. C'est en titubant et en s'appuyant sur les meubles aux alentours que l'enfant réussit à atteindre le pas de la porte.

Un second craquement, encore plus fort que le précédent, secoua le plafond tout entier. Sentant le danger imminent, Viridi sortit de la maison. Regardant en arrière, elle vit sa mère, tenant toujours Solis dans les bras, qui était en train de la rejoindre. Plus que six enjambées. Oui, la maison allait être détruite, mais qu'importe, puisqu'elle et sa famille seraient toujours réunis ? Quelqu'un arrivera forcément à arrêter ce feu, on reconstruirait la maison, on retrouverait son père, qui ne devait pas être bien loin et tout redeviendrait normal. Les flammes, qui avaient fini de dévorer le toit du chalet, s'attaquaient maintenant aux murs de bois, qui se consumaient à une vitesse effrayante.

-Maman, dépêche-toi... Plus que quelques pas... eut-elle la force de murmurer.

Soudain, dans un dernier grondement rauque, une immense poutre enflammée se décrocha du plafond du chalet. Affaiblie, la mère renarde accéléra le pas. Trop tard. Frappée d'horreur, Viridi ne put que regarder l'énorme morceau de bois tomber en direction de celle qui l'avait élevée pendant ces douze années, et celui qu'elle avait protégé pendant cinq ans. Le temps sembla alors se ralentir.

-MAMAN! SOLIS! hurla-t-elle

Les yeux bleus et les yeux verts se croisèrent une dernière fois.

Et ce ne fut pas cette poutre, mais la maison toute entière qui s'écroula sur les deux hybrides en un énorme et dernier fracas.

-NOOON !!!

Non. Impossible. Viridi attendit que sa mère et Solis sortent du gros tas de cendres et de morceaux de bois brisés pour la rejoindre, et qu'ils s'enfuient tous les trois. Mais rien ne bougeait, hormis les flammes qui commençaient à lécher l'herbe sèche en se rapprochant dangereusement de l'enfant-renard. Cette dernière fixa les restes enflammés de sa maison, ne voyant pas le feu, son pire ennemi, que le chalet et les hybrides n'avaient pas suffisamment rassasié, s'approcher d'elle en crépitant. Viridi n'eut que la force de reculer, des larmes dégoulinant de ses yeux, creusant des tranchées au milieu de la couche de suie qui recouvrait ses joues.

L'instinct de la renarde prit alors le dessus sur celui de l'humaine. La peau claire et lisse fut couverte de poils roux. Quasiment contre son gré, Viridi fit brusquement demi-tour et courut vers sa dernière chance de survivre: la rivière, qui s'élargissait plusieurs enjambées en contrebas de la colline. En bondissant prodigieusement par-dessus les flammes oranges et rouges, elle dévala la pente est de la montagne. Elle atteignit la rivière au bout d'une minute de course à peine, s'affala sur la berge boueuse et, déjà affaiblie par les flammes et la disparition de sa famille, perdit connaissance.

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Aaah, enfin de l'action ! Vous l'attendiez tous/oopas/ et elle est enfin là !

Bon, je sais que c'est un peu brutal tout ça, et que la fin de ce chapitre fait un peu cliché, mais bon, je vois pas quelle autre solution pourrait coller hein... :v

Sinon n'hésitez pas à donner votre avis comme d'habitude, et je vous dis à bientôt avec le chapitre 4 qui sortira dans peu de temps j'espère ^^'











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⏰ Dernière mise à jour : Jan 17, 2016 ⏰

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