Larmes de sang

L'histoire

Lui

    Je pris congé, et partit en direction de la maison de mon grand-père. Il s'était déjà retrouvé face à des vampires dans sa jeunesse mais s'en était miraculeusement sorti indemne. Je frappais à la porte.

- Bonjour, William, me dit-il. Comment vas-tu ?

- Bonjour, Grand-père, répondis-je. J'aurais besoin de ton aide.

- Je t'écoute, dit-il en me faisant entrer.

- Voilà, l'un de mes collègues s'est fait tuer hier soir, lui expliquais-je, et nous pensons que c'est l'œuvre d'une vampire. Tout à l'heure, un couple nous a parlé d'une jeune fille aperçue près des landes, et il s'agissait de la même personne. Toi qui as eu affaire à des vampires au même endroit, l'as-tu déjà vue ?

- Tu as une photo ?

Je sortis la photo de ma poche, et la lui tendit. Il la regarda une seconde, et se tourna vers moi, l'air épouvanté.

- Tu la connais ? l'interrogeais-je.

- Oui, puisqu'elle m'a secouru quand j'étais jeune, acquiesça-t-il, mais il ne faut surtout pas lui faire de mal.

- Je te demande pardon ? m'étonnais-je.

- Tu as très bien entendu, répliqua Grand-père. C'est elle qui nous a sauvés, mes amis et moi, quand nous avions ton âge.

- Ah oui ? Qu'est-ce qui s'est passé exactement ?

- Nous avions voulu percer le mystère des landes, de nuit, mais nous nous sommes retrouvés face à un groupe de vampires, m'expliqua Grand-père. Ils nous auraient tué, un par un, si elle ne s'était pas pointée. Pour une raison que j'ignore, ils ont tous fui alors qu'ils étaient tous adultes et baraqués, tandis qu'elle ne semblait avoir pas plus de vingt ans et était d'apparence plus fragile qu'eux. Quand elle est partie, nous avons dû lui promettre de garder cette rencontre et ce sauvetage pour nous.

- Attends, tu es en train de me dire que la meurtrière présumée de mon collègue et celle qui t'a secouru jadis, sont une seule et même personne ? reformulais-je.

- Exactement, répondit Grand-père, mais là n'est pas la question ! Tu dois absolument la protéger !

- Pourquoi le devrais-je ? Elle a ôté la vie d'un collègue ! lui répétais-je.

- Et elle aurait très bien pu en faire de même pour moi ou mes amis, renchérit Grand-père, mais elle ne l'a pas fait.

Je ne dis rien tellement mon esprit était embrouillé. Si elle avait jadis sauvé mon grand-père, pourquoi avoir tué Joël et tous ces autres gendarmes ? Je pris la décision de mener mon enquête sans rien dire à mon capitaine.

- Je vais aller sur les lieux, mais j'aviserais sur place, lui dis-je.

- Fait attention à toi, car si elle a fait fuir des vampires plus âgés et plus forts physiquement, c'est qu'elle est sans doute plus dangereuse qu'eux, me prévint Grand-père.

Ainsi, je me rendis au lieu indiqué par les promeneurs, en l'occurrence, les landes. Un vent frais soufflait, donnant l'impression que quelqu'un pleurait. Je distinguais une silhouette agenouillée... et marchais sur une brindille. La personne bougea, et se releva d'un bond pour ensuite adopter une posture rappelant celle d'un félin en position d'attaque. Je ne me laissais pas impressionner, clignai des yeux un instant, et me retrouvai seul. Elle avait disparu.

******

Elle

     Je ne réfléchis pas, et courus me réfugier dans le château dont je refermais la porte en vitesse. Quelqu'un m'avait aperçue et ne semblait pas impressionné. Alors que j'étais non loin de la chambre de Santiago, je sentis son odeur. Je pris mon fouet, fis demi-tour, et m'avançai vers l'endroit suspect.