Chapitre 3 :

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Il se faisait tard. Mais Cendrillon ne dormait pas. Elle attendait que minuit sonne. Oui, minuit serait l'heure où elle agirait.
La jeune fille était assise sur son lit, les yeux fatigués, et elle se forçait à rester éveillée. Marie était une couche-tard elle le savait, mais jamais elle ne se couchait après minuit, car elle avait peur de ces comptes que les enfants se racontent pour se faire peur la nuit, elle avait peur de cette heure qu'on ne pouvait ni classer dans la période matinale, ni dans la période nocturne.
Lorsque les douze coups du clocher de la ville résonnèrent, Cendrillon sauta de son lit et se rendit dans la cuisine pour trouver une arme digne de ce nom.
Elle regarda dans tous les tiroirs mais elle devait se rendre à l'évidence : il n'y avait aucun couteau.
Sa mère avait sûrement dû les cacher pour qu'aucun accident ne se produise.
Agacée, Cendrillon se saisit d'une fourchette et remonta les escaliers, lentement, afin de ne réveiller personne.
Lorsqu'elle arriva devant la chambre de sa sœur cadette, elle coupa sa respiration.
Lentement, elle ouvrit la porte qui la mènerait vers son crime, et s'avança.
Crac
Crac
Crac
Les pas de la blonde sur le parquet faisaient grincer le parquet, mais Marie, qui dormait paisiblement, ne sembla pas s'en apercevoir.
Lorsque l'aînée s'arrêta devant sa sœur, elle brandit sa fourchette très haut au dessus de sa tête, puis la planta de toutes ses forces dans le visage de sa sœur, qui se réveilla en sursaut, en poussant un hurlement de douleur, que Cendrillon couvrit en appuyant sur la bouche de la jeune fille avec un oreiller.
Au bout de dix minutes ainsi, Marie se fit de plus en plus silencieuse.
Cendrillon attendit encore un peu, puis retira l'oreiller du visage ensanglanté de la jeune fille.
Elle mit son doigt sur son cou pour prendre son pouls, se concentra et constata que Marie était morte.
Cendrillon souriait désormais. Elle venait de tuer sa sœur, et d'ainsi, s'attirer l'intérêt du prince, qui oublierait bien vite son projet d'épouser la cadette.
La blonde espérait ne pas avoir à tuer sa seconde sœur, mais elle savait qu'elle le ferait si nécessaire.
Cendrillon retourna à petits pas dans sa chambre et se glissa sous les draps avant de jeter un œil au cadran de son horloge : 1h du matin.
Elle prétexterait une forte migraine pour ne pas avoir à se lever à 6h pour préparer le petit déjeuner.
Car oui, dans cette maison, chacun avait sa tâche : sa sœur défunte s'occupait de la vaisselle, et sa seconde sœur, du repassage des vêtements.
Certes, leur mère possédait quelques serviteurs, mais elle ne voulait pas que cela nous ramollisse pour autant, c'est pourquoi elle laissait le grand ménage et les plus grosses corvées à ceux-ci, leur épargnant les petites taches quotidiennes.
Sur ces pensées, Cendrillon ne tarda pas à se laisser tomber dans les bras de Morphée, exténuée.
Le lendemain matin, sa mère ne vint pas la tirer du lit, mais elle fut réveillée par un long hurlement de détresse provenant de la chambre à coucher.
Elle eut peur tout d'abord, puis se rappela de ce qu'elle avait fait la veille, et compris que sa mère venait sûrement tout juste de trouver le corps de sa fille. Un sourire s'afficha sur son visage et, apaisée, la blonde se rallongea quelques instants.
Lorsque sa mère dit irruption dans sa chambre en pleurant, Cendrillon fit mine de dormir, mais la vieille femme secoua sa fille en tous sens et ne semblait pas vouloir lâcher le morceau.
<< – Maman... fit Cendrillon en ouvrant doucement les yeux. Qu'est-ce qu'il se passe enfin ?
Un grand malheur... Un grand malheur... Ô doux Jésus pourquoi ma fille ?! Rendez là moi doux Jésus ! continua-t-elle en sanglotant.
Expliquez moi ma chère mère, et je vous en conjure, ne pleurez plus, nous pouvons sûrement trouver une solution à votre problème !
Hélas ! Ô doux Jésus pourquoi ?! Pourquoi a-t-il fallu que l'on assassine ma plus jeune fille si cruellement ?
Marie ?! Assassiné ?! fit Cendrillon, de sa voix la plus convaincante. Je ne peux le croire, c'est impossible mère.
Vois par toi même Cendrillon ! sanglota la vieille femme en tirant sa fille vers le bras, l'emmenant vers la porte de la chambre de sa sœur cadette.
– Regarde ma fille, regarde ce qu'on lui a fait.
La mère de la blonde ouvrit la porte tout en détournant le regard afin de ne pas avoir encore une fois à supporter la vision macabre de sa fille dans ses draps ensanglantés.
Cendrillon prit son air le plus horrifiée et resta immobile, comme paralysée
– Qu'allons nous faire ? demanda la jeune fille d'une voix tremblante.
– Nous allons envoyer mander le prince ma fille, nous allons le supplier à genoux de lui trouver une place où elle pourra reposer en paix. >>
Cendrillon ne répondit pas et fit mine de pleurer, prenant sa mère dans ses bras.
Celle-ci essuya les "larmes" de sa fille et sortit de la pièce, les larmes aux yeux.
Je vais mander le prince à son château. dit-elle d'une voix tremblotante. Reste ici avec ta sœur.
– Oui, mère.
Cendrillon guetta les pas de sa mère et des que celle-ci fut sortie de la maison, elle entra dans un rire incontrôlable de joie.
Elle se reprit à temps, lorsque sa sœur entra dans la chambre, les yeux bouffis par les larmes, et qu'elle se jeta dans ses bras.
<< – Ça va aller ... chuchota-t-elle.
Comment on peut continuer à vivre sans elle Cendrillon ? Comment ?
Ça prendra du temps, mais ça viendra, promis. chuchota Cendrillon d'une voix faussement bienveillante.
– Non non non. gémit la jeune fille. >>
Cendrillon la berça dans ses bras pendant quelques minutes, ou bien même une heure, car lorsque sa mère revint avec le prince à sa suite, elle serrait toujours étroitement sa sœur.
Cendrillon finit par se lever afin d'aller saluer le prince, mais se souvint juste à temps qu'il lui fallait revêtir un air maussade.
Elle se concentra, marqua un temps d'arrêt derrière la porte, puis l'ouvrit et s'approcha de l'homme d'un pas sûr.

Bloody Popular Story / CendrillonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant