Lorsque son rire machiavélique s'arrêta, Cendrillon décida de monter prévenir sa famille de la venue imminente du jeune prince. Lorsqu'Aline eut vent de la nouvelle, elle poussa un long cri d'excitation et claqua la porte de sa chambre, bien décidée à plaire à son Altesse Royale. La jeune Marie, elle, haussa les épaules et ne changea en rien ses habitudes matinales, s'habillant comme à l'accoutumée, ne prenant même pas la peine d'ajouter un petit nœud dans ses cheveux.
Cendrillon, elle, ne craignait qu'une chose : ses sœurs. Lui voleraient-elles l'intérêt et les attentions de Gérald ? Elle priait pour le contraire, mais un mauvais pressentiment vis-à-vis de sa sœur Marie la taraudait. Le caractère enjouée et turbulent de sa cadette serait susceptible de plaire à l'homme simple et innocent qu'était le Prince Desfornes. Si ses craintes s'avéraient justifiées, elle devrait agir au plus vite pour la survie de son plan.
La mère de Cendrillon descendit lentement les escaliers en bois de la maison, revêtant une belle robe de soie et un élégant chapeau mauve, faisant ombre sur ses yeux ternes et ridés. Les trois jeunes filles lui sourient et s'approchèrent d'elle.
– Mes filles, vous êtes toutes trois devenues de belles jeunes femmes, intelligentes et parfaitement éduquées. Je suis fière de vous trois. Un peu plus de discipline de ta part, Marie, m'aurait bien plu, mais je suppose que tu ne serais pas toi-même ainsi, alors je t'accepte telle que tu es. Aline, toi, tu es un peu trop paresseuse, mais c'est bien la seule chose qu'on peut te reprocher. Quant à toi Cendrillon, tu es parfaite, tout simplement. Si l'une de vous trois plaît au Prince, je serai femme comblée ! Mais sachez que sinon, je ne serai en rien fâchée. Allez mes filles, et soyez disciplinées !
Les trois jeunes filles sortirent de la vaste maison, après s'être inclinées devant leur mère avec respect, et attendirent la calèche du Prince, qui ne tarda pas à apparaître dans le coin de l'allée.
La mère des trois filles se plaça derrière celle-ci et fixa un grand sourire sur ses lèvres violacées par l'âge.
Lorsque la calèche ne fut plus qu'à quelques mètres de la maison, Cendrillon s'empara discrètement d'une petite rose rouge qui poussait derrière elle et l'accrocha à sa longue chevelure blonde, priant pour qu'elle fasse la différence par rapport à ses deux sœurs. Le prince sortit majestueusement, aidé de son cocher, de la calèche et regarda Cendrillon tout d'abord, lui adressant un sourire ravi, puis son regard se posa sur Aline, et enfin sur Marie, la brune de la famille, qui sembla plaire le plus à Monsieur Desfornes.
La mère s'avança faire le prince et s'inclina docilement, complimentant la grandeur de son interlocuteur et priant pour sa longue vie.
<< – Relevez-vous donc Madame, nul besoin de vous incliner ainsi je ne suis encore que le prince ! dit-il d'un ton bienveillant.
– Si tel est votre souhait... >>
Le prince s'approcha alors d'Aline, qui était placée le plus à gauche et embrassa sa main, sans pour autant la regarder. Ensuite vint le tour de Cendrillon, a qui il adressa un sourire poli, puis enfin vint le tour de Marie. Le prince ne put se résoudre à quitter ses yeux d'elle, il lui baisa la main tout de même, mais en gardant les yeux fixés dans les siens. La jeune fille sourit sans gêne, ce qui lui valut une petite tape de sa mère sur le bas du dos.
Le prince Desfornes fut alors invité à entrer dans la maison, puis à s'asseoir sur une chaise du salon.
Il remercia Cendrillon, qui venait de lui servir une tasse de thé et dit :
<< – C'est un grand plaisir pour moi de faire connaissance avec mon futur peuple, parlez moi un peu de votre vie, des problèmes que vous rencontrez au quotidien !
– Ooh si vous saviez ! s'exclama Marie. On a même pas le droit de courir dans le jardin !
– Marie sors de table. dit froidement la mère en regardant sa fille d'un mauvais œil.
La jeune fille se leva et sortit de la pièce en adressant un petit signe de main ironique à l'assemblée, ce qui accrut l'attirance du prince pour cette mystérieuse sauvageonne sans manière.
– Veuillez l'excuser Monsieur... Elle ne sait pas trop ce qu'elle dit. murmura Aline en souriant béatement.
– Hum ce n'est rien, ne vous inquiétez pas. Et bien, votre vie ?
– Oh, et bien nous vivons gaiement chaque jour, sous mes soins et sans vouloir me vanter, mes filles ne sont jamais tombées malades de leur vie.
Cendrillon masqua un ricanement lorsqu'elle repensa à la terrible grippe à laquelle Aline avait faillit succomber l'an précédent.
Le jeune homme regarda Cendrillon avec douceur et lui demanda :
– Est-ce pour cela que votre teint est si pur Mademoiselle ?
– S'il l'est, c'est que c'est sûrement dû à cela. Je vous remercie de ce doux compliment Gérald ... répondit la belle blonde.
– Gé... Cendrillon comment as-tu appelé le prince ? s'étouffa sa presque-mère.
– C'est moi qui lui ait dit de m'appeler ainsi, n'ayez point d'inquiétude Madame ! >>
La femme se détendit à ces mots et esquissa un sourire satisfait en direction de Cendrillon.
Quelques minutes plus tard, Cendrillon perçut un signe de tête que lui fit sa mère adoptive en direction de la porte. Vive, la jeune fille comprit immédiatement et se leva, décrétant poliment un passage aux toilettes.
Elle sortit de la pièce avec grâce, puis une fois certaine que les deux individus la pensait partie, elle colla son oreille contre la porte.
<< – Au fait Monsieur, sans indiscrétion bien sur, avez-vous déjà l'Elue de votre cœur en vue ? Ou peut être votre cher père vous a-t-il déjà fiancé ? demanda la mère des trois jeunes filles d'une voix mielleuse
– Oh, a vrai dire non, je n'ai pas encore remédié à ce problème, mais il serait temps. Dites moi... Votre chère fille, Marie ... Est-elle ... Fiancée à un quelconque homme ?
– Je... Et bien non, Marie est bien trop agitée et irrespectueuse pour plaire à un homme... Est-ce que vous... répondit la femme, déconcertée.
– Elle me plait beaucoup, je vous l'avoue.
– Et bien je suis sûre qu'elle sera ravie d'accepter votre demande en mariage Monsieur.
– Peut être me faudrait-il attendre que ses sentiments se montrent qu'en pensez-vous ?
– Non ! s'écria la mère. Je veux dire... Nul besoin pour cela, vous en aurez tout le temps une fois mariés !
– Vous avez sans doutes raison Madame. Je reviendrai demain de bon matin afin de demander sa main. Merci beaucoup de votre hospitalité. répondit le jeune homme, une étincelle dans les yeux.
– Mais de rien votre Altesse ! Permettez que je vous raccompagne ... >>
C'en fut trop pour Cendrillon, qui courut se réfugier dans sa chambre non sans claquer la porte derrière elle.
Elle savait que ce mauvais pressentiment allait se concrétiser. Elle n'avait plus le choix : elle devait éliminer Marie.
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Bloody Popular Story / Cendrillon
KorkuCendrillon vit dans le bonheur et la joie avec sa famille adoptive : sa mère ainsi que les deux filles de celle-ci. Sa mère biologique décède lorsqu'elle a 16 ans, et il ne s'agit pas d'un accident mais d'un meurtre. Quant à son père, il meurt un an...