La mort a telle une odeur ?

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Devant mes yeux, à perte de vue, encore et toujours cette forêt. Des arbres. La boue. L'humidité. Comment tomber plus bas ? Je soupire. Il fut un temps, je me délectais de mes longues balades en forêt. Je prenais le temps d'écouter le frémissement des feuilles au vent, j'humais les effluves des bois humides et je savourais cette connexion entre moi et cette nature sauvage. Sauvage, je crois que c'est seulement à ce jour que je comprend réellement la signification de ce mot. Mon corps lui aussi prend conscience de la nature sauvage qui l'entoure... Bonjour, brûlures, égratignures, piqures! Bonjour, cloques, frissons et muscles endoloris par de longues marches sans fin.

Et n'oublions pas, bien entendu, la mort qui rôde à chaque tournant. Si on m'avait évoqué bien avant tout cela que nos morts marcheraient, j'aurai sûrement rit bêtement. Des morts qui reviennent à la vie une foutaise pensais-je. J'étais tellement loin de la vérité. L'apocalypse nous guettait! Fini les sénarios mettant en scène des comètes détruisant l'humanité, fini les robots intelligents qui prenne le pouvoir sur l'Homme. Voici venu le temps des créatures putrides qui souhaitent dévorer nos chairs! Dieu est réellement un être cruel.

Mon corps me ramène soudain à l'instant présent. Je ne peux plus avancer. Des spasmes atroces parcourent mes jambes endolories.

- Merde. Je grommèle.

Je dois au plus vite me trouver un abris. Pas question de dormir encore dans les arbres, mon dos ne le supportera pas. Cependant, si je continues d'avancer, je prends le risque de m'affaiblir d'avantage.

Je me pose sur un tronc envahit par la mousse afin de reprendre mes esprits et afin de peser les pour et les contre. Et afin bien sûr, de reposer ne serait-ce qu'un instant mes membres. J'entreprends de masser mes cuisses pour d'étendre ma musculature.

Craquements. Craquements.

Soudain, des craquements éveillent mes sens. Je porte lentement ma main jusqu'à mon couteau papillon. Mes membres se tendent, ils sont prêts à bondir à tous moments.

Craquements.Craquements.

Encore des craquements. De légères gouttes de sueurs commencent à se former sur mon front craceux. Puis c'est mon odorat qui finit par s'éveiller! Qu'elle odeur atroce, une odeur de mort, de chairs en putréfactions ! Cette fois aucun doute, mon coeur tambourine violemment ma poitrine! Une orde approche. Ni une ni deux, je prends appuis sur mes pieds et je commence à piquer un sprint digne des plus grand athlète olympique.

Je cours sans m'arrêter comme si mon instinct de survie fait abstraction des douleurs qui parcourent mon corps. Je m'éloigne le plus possible de la source de mes angoisses. Je m'achouppe ici et là et me relève chaque fois plus difficilement. Pourtant, j avance encore et encore. Jusqu'a ce que l'un des bras de la nature stoppe ma course. Une branche trop basse et c'est un vol plané! La boue vient lécher mon visage.

- Bordel! Chier! J'hurle en relevant la tête. Le visage recouvert de bouillasse.

Je passe nerveusement la manche de mon pull sur mon visage afin de libérer mes yeux de cette boue visqueuse. Je me relève à l'aide de mes avants bras et tourne rapidement ma tête afin de vérifier mes arrières. Rien. Pas de bruit, pas de craquements et plus d'odeur atroce qui vient chatouiller mes narines. J'expire enfin et tente de reprendre un peu mon souffle.

Puis une fois encore, le temps présent vient s'imposer à moi. Le soleil fini son chemin, il va bientôt faire nuit.

- Mais quelle putain de journée. Je m'exclame la mort dans l'âme.

Plus le temps de réfléchir. Il faut que je rejoigne les hauteurs des arbres afin de me reposer et afin de me protéger des ténèbres et de ses monstres.

Entre Enfer et ParadisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant