Chapitre 1

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Naël

Je hausse légèrement le ton alors que le client face à moi est plein de mauvaise foi. Je peux lire dans ses yeux qu'il a apprécié le livre que je lui ai vendu la semaine d'avant. Au moment où il en a parlé, j'ai vu son regard se mettre à pétiller, malgré le visage grave qu'il cherchait à garder.
Je me pince l'arrête du nez en soufflant fort, essayant de garder mon calme. Mais je dois avouer que c'est de plus en plus dur face à cet homme.
Mon tout nouvel employé, James arrive à grands pas, très certainement pour me donner un coup de main. Lorsque ma librairie à commencer à se faire connaître dans les rues de New-York, j'ai été obligé de prendre deux nouveaux employés afin de m'aider face aux demandes. Et je dois avouer que j'ai été impressionné par James. Il a une faculté de découvrir la vérité rien qu'en plongeant son regard dans le vôtre. C'est d'ailleurs une des raisons qui font que je n'aime pas me retrouver seul en sa présence. Il arrive à lire trop facilement en moi.
James me pousse légèrement sur le côté avec un petit sourire avant de faire face au client récalcitrant. Il commence à lui parler doucement, sans élever la voix, mais en gardant un ton ferme malgré tout. Je dois sincèrement reconnaître que je suis surpris lorsque le-dit client sort son portefeuille pour rallonger le prix du livre acheté.
Mon employé prend la somme avec un grand sourire, sans qu'il soit pour autant supérieur, et je l'examine plus attentivement.
James est ce qu'on pourrait appeler un beau spécimen mâle. Des cheveux bruns, légèrement acajou qui tirent sur le roux en été, des yeux d'un brun chaud lumineux et qui pétillent de mille feux à toute heure du jour ou de la nuit, un corps athlétique et tout en muscle, mais qui malgré tout garde une certaine normalité. On voit qu'il prend soin de lui, mais qu'il n'est pas non plus un forcené du sport.
Je pense que selon les critères de mon frère, il doit être un bel homme. J'en viens alors a essayé de le regarder comme le ferait mon jumeau. Peut-être que tout comme lui je me suis trompé toutes ses années. Peut-être devrais-je me tourner vers les hommes ?
Mais j'ai beau le regarder attentivement, je ne vois rien d'autre qu'un très bel homme. Je ne ressens absolument rien dans mon corps.
En revanche, si je tourne ma tête vers mon autre employée, je ressens bien mon sang s'accélérer dans mes veines, mon bas-ventre se durcir légèrement. Un petit sourire étire mes lèvres alors que j'examine le corps de Patricia.
Cette jeune femme doit être une des seules femmes de New-York à ne pas être passée dans mon lit. Et malgré l'envie que j'en ai, je sais que je ne le ferais pas. Il vaut mieux que j'évite si je ne veux pas perdre une de mes meilleures employées.
Je me pince l'arrête du nez, mes doigts se décalant sur mes yeux pour les frotter légèrement. Je suis fatigué ses derniers temps. Je dors très mal depuis plusieurs semaines. Peut-être à cause du fait que je me retrouve de nouveau seul dans mon grand appartement ?
Même si ce n'est pas très gentil de penser ce genre de chose, j'ai été heureux d'accueillir mon cousin durant ses quelques semaines où il était séparé de sa femme. J'avais l'impression d'être important pour quelqu'un. Nous nous soutenions tous les deux.
Maintenant qu'ils se sont retrouvés avec Adelina, je suis de nouveau seul chez moi. Me morfondant dans mon appartement chaque soir.
Soudain, mon portable vibre dans ma poche et je sursaute violemment, avant de le sortir pour regarder de quoi il retourne. Je grogne doucement en voyant la notification. Heureusement que lorsque mamie me l'a demandé, je m'étais mis un rappel.
Je fonce en direction des étagères où sont réunis les titres pour la jeunesse, et commence à prendre certain livres dont les titres me sautent aux yeux. Heureusement que j'y avais déjà réfléchi. Ma grand-mère m'attend de pied ferme demain.
Je m'arrête soudain devant une étagère et parcourt avidement le titre des livres réunis. Ceux-ci, je les ai tous lus. Je les ai tous dévorés lorsque j'étais plus jeune.
Un souvenir lointain me frappe alors que mon doigt passe sur la tranche d'un livre. Je me revois à l'âge de douze ans, devant la fenêtre du salon, ce livre entre les doigts, mes yeux avalant goulûment les mots qui formaient des phrases, alors que mon esprit partait dans ses contrées lointaines en compagnie de « Mon amie Flicka ».
je m'imaginais dompter cette pouliche sauvage avant de partir faire le tour des prairies en sa compagnie. Jusqu'à ce que mon père et mon frère entrent en criant dans la pièce et m'arrache à cette douce rêverie. Elle n'avait pas été la seule de ce genre. Je m'étais déjà retrouvé sur une île déserte en compagnie de Vendredi, ou courant derrière un lapin blanc en retard, et je me suis allègrement baladé le long des chemins de France avec Vitalis et Joli-Coeur.
Tous ses romans ont bercé ma jeunesse, et je me suis souvent échappé de mes peines grâce à eux. Mon frère n'a jamais compris mon amour immodéré pour la lecture. Il n'a jamais réussi à comprendre ce qui pouvait autant m'attirer dans le plaisir de lire.
Pour moi, c'était juste une façon de pouvoir m'évader, de vivre une vie intéressante, qui en réalité ne l'était pas du tout.
Kérian à toujours été le plus aventureux de nous deux. Il n'a jamais eu peur de rien. Sauf ses dernières années. Il a commencé à être effrayé à l'idée de perdre l'amour de nos parents. Mais ils ont réagi comme ils le devaient. Et depuis quelques mois, il est terrorisé à l'idée que Tyler ne le quitte de nouveau, emportant la petite Ayana dans son sillage.
C'est d'ailleurs pour ça qu'il a longtemps fait la gueule à son homme lorsque ce dernier lui a imposé un mariage début mai. Si ça n'avait tenu qu'à mon frère, ils seraient déjà unis tous les deux. Mais Tyler voulait absolument qu'il y ait sa fleur préférée lors de son mariage, et celle-ci ne sort que fin avril, début mai.
Bien que cela ai fortement gonflé Kérian, les mots prononcés par son fiancé ont fini de le convaincre :
- Je compte me marier qu'une seule et unique fois. J'espère juste que ce sera tel que je l'avais rêvé.
Même moi j'en avais frissonné. Il y avait tellement d'amour dans sa voix et dans ses yeux, que je l'avais senti au plus profond de moi.
Par moment, je déteste vraiment ce lien que mon jumeau et moi partageons. J'ai souvent du mal à supporter toutes ses démonstrations d'affections qui existent entre les deux hommes.
Je me souviens comme si c'était hier, du bien-être qui m'a envahit lorsque mon frère s'est levé comme un boulet de canon pour se propulser sur cette scène et embrasser son homme à pleine bouche devant toutes ses caméras qui retransmettaient ses images dans le monde entier.
Tout comme cet autre moment, plus embêtant pour moi, où je me suis réveillé en pleine nuit avec une trique d'enfer et où mon cœur avait cru exploser de joie. Je n'ai pas mis longtemps à comprendre de quoi il retournait. N'empêche que j'étais seul dans mon lit ce jour-là !
Et cette dernière fois, la veille de noël alors que toute la famille était réunie autour d'un bon repas. Ce même jour où Angel a retrouvé sa femme et où il a appris qu'il allait devenir papa. Et où Ayana avait demandé à mon frère si elle pouvait l'appeler papa.
À ce moment-là, j'ai cru que mon cœur allait exploser dans ma poitrine tellement la joie l'envahissait. Et je me suis surpris à détester mon frère. Une fois de plus, Kérian avait quelque chose que je n'aurais jamais.
Il est aimé de façon inconditionnelle par Tyler, il a dorénavant une fille qui elle aussi lui voue un culte, une famille absolument géniale, et un boulot qu'il adore.
Pourquoi n'ai-je que le quart de ce qu'il a ? pourquoi ne suis-je toujours que le deuxième ?
Je me frotte l'arrête du nez avant de tendre le bras pour prendre le livre qui m'a tant attiré dans cette section classique et le met sur le haut de ma pile. Alors que les livres que je tiens dans les bras vacillent légèrement, James accourt vers moi tenant dans ses mains un panier, et me le tend avec un petit sourire. Je le remercie de même avant de continuer dans ma lancée.
Une fois le panier bien rempli, je me dirige vers la caisse et passe les articles moi-même. Depuis que j'ai ouvert cette librairie, il m'arrive régulièrement de fournir gratuitement ma famille. Ce qu'ils ne savent pas, c'est que ce n'est pas du tout gratuit. En tout cas, pas pour moi. Tous les livres que je peux leur donner, je les paye de ma poche. Mais cela ne me dérange pas. J'aime lorsque les gens lisent.
Je sors ma carte bleue et paye mes achats avant de mettre tous ses livres dans des sacs en papier. Je me tourne pour le poser sous la caisse, lorsque je bute contre mon employé qui n'a pas bougé depuis tout à l'heure.
Je sens mon ventre se crisper alors que son regard brun plonge dans le mien. Qu'est-ce qu'il me veut lui ? Je me recule d'un pas, et pose mon sac à terre. C'est que ça commençait à peser lourd. Je croise mes bras sur ma poitrine, et attends que James ne prenne la parole.
Ce dernier s'adosse à la caisse enregistreuse derrière lui, profitant qu'il n'y ait plus personne, et m'envoie un petit sourire. Je me tends davantage, ayant peur.
J'espère pour lui qu'il n'est pas comme mon frère, et qu'il ne s'attend pas à ce que moi, je sois comme lui. Parce que dans ce cas, il se fourre le doigt dans l'œil. Même si je me pose parfois des questions, je sais pertinemment que je ne suis pas attiré par les hommes.
- Vous allez peut-être me trouver familier monsieur, mais j'avoue que je m'inquiète pour vous.
Je fronce les sourcils avant de prendre la même pose que lui, adosser au bureau derrière moi. James commence à montrer des signes de nervosité, passant d'une jambe sur l'autre. Pourtant, son regard reste braqué dans le mien et ses yeux semblent toujours aussi chaleureux.
- J'ai remarqué que ça n'allait pas très fort ses derniers jours. Vous êtes toujours là le premier, et partez tous les soirs le dernier.
- Vous ne trouvez pas ça normal pour le patron ?
Un tendre sourire étire ses lèvres, et je me dis qu'il a dû faire craquer pas mal de filles avec ce sourire. Mais il ne déclenche rien en moi. Je ne suis décidément pas attiré par les garçons.
- Je serais moins angoissé si vous n'aviez pas ses cernes sous les yeux qui vous descendent jusqu'aux genoux.
Je baisse la tête et une fois de plus, me coince l'arrête du nez entre le pouce et l'index, avant de me frotter les yeux. Quand je disais qu'il était trop perspicace. Même ma famille n'a pas fait attention. Et pourtant, ils sont toujours à l'affût du moindre petit détail.
Mais il faut dire que mon frère est légèrement absorbé par son futur mariage, et la construction de sa petite famille. Mes parents sont entièrement tournés vers le mariage de leur fils, les études de leur fille, et leurs nouvelles petites-filles.
Quant au reste de ma si nombreuse famille, ils ont tous leurs propres problèmes. Dont je ne fais évidemment pas partie. Je m'y suis habitué.
- Et je peux savoir en quoi cela vous angoisse ?
James s'adosse plus confortablement sur la caisse, croisant les jambes devant lui. Étrangement, je me surprends à faire de même. C'est la première fois que nous avons ce genre de conversation tous les deux, mais je dois avouer que cela me fait du bien de pouvoir parler avec quelqu'un du même âge que moi. Ou presque.
- Comme vous l'avez si bien dit, vous êtes le patron, et s'il n'y a plus de patron, il n'y a plus de boîte.
Il hausse les épaules avant de baisser la tête. J'ai la sensation qu'il se sent honteux de quelque chose. Je fronce les sourcils attendant la suite.
- Et j'adore travailler ici. C'est la première fois que j'ai le sourire en allant au travail.
Un petit sourire étire mes lèvres alors qu'il me dit ses mots. C'est toujours agréable à entendre pour un patron lorsqu'un de ses salariés lui dit qu'il est heureux de venir travailler. Ça veut dire qu'il se sent bien au travail. Et s'il s'y sent bien, il travaille bien.
Pourtant, je me crispe une fois de plus, une pensée dérangeante me passant dans la tête. Et je n'hésite pas une seule seconde à lui en faire part, passant automatiquement au tutoiement.
- Tu vas peut-être me trouver déplacé, mais aurais-tu une préférence pour les hommes ?
Je le vois se tendre légèrement avant de rougir violemment. Oh ! Putain ! C'est pas vrai ! Je suis pas dans la merde.
Pourquoi les gens s'imaginent toujours que parce que nous sommes de vrais jumeaux, Kérian et moi sommes automatiquement attirés par les mêmes choses ?
C'est totalement faux. Tout d'abord, j'adore lire, ce qui n'est pas le cas de mon frère. Kérian est un grand fan de sport, chose qui m'a toujours rebutée. Et je crois que le plus important, mon jumeau est attiré par les hommes, ce qui n'est pas du tout mon cas.
À partir du moment où mon jumeau s'est révélé au monde en embrassant Tyler sur cette scène, les femmes ont commencé à me regarder différemment. Certaines ont même été jusqu'à penser que je pourrais être leur confident. Mais toutes ont déchanté, parce qu'une grande majorité à finie dans mon lit, pour leur plus grand plaisir.
Une fois de plus, mon mauvais tic me prend, et je me presse l'arrête du nez pour essayer de ne pas m'énerver. Parce que le fait que mon employé soit attiré par moi, m'énerve passablement. James est un super salarié, et je ne voudrais pas le perdre pour une histoire aussi bête.
- Ne vous faites pas de film Monsieur Westhawk. Je sais que ce n'est pas votre cas, même si j'avoue que j'aurais bien aimé rencontré votre frère avant toute cette histoire.
Je redresse la tête avec un petit sourire au coin des lèvres. Je pense que beaucoup d'hommes sont dans son cas. Je ne veux pas nous lancer des fleurs, mais mon jumeau et moi sommes plutôt beaux gosses. Et très agréables à regarder. Tout comme les femmes me courent après, les hommes doivent baver devant Kérian.
- Enfin, ce n'est pas ce que je voulais dire. C'est juste que... Enfin, ... Et merde ! Je crois que je viens de me griller.
Je rigole doucement devant ses bafouillages. Je plonge mon regard dans le sien et j'explose de rire lorsqu'il se met à rougir violemment. Je crois que depuis que je l'ai embauché, c'est la première fois que je le vois perdre son sang-froid de la sorte. Et cela me fait un bien fou.
J'en venais à me dire que cet homme n'était pas humain. Comme s'il n'avait jamais de réaction normale.
- T'inquiète James. À partir du moment où tu sais qu'il ne se passera jamais rien, et que tu continues à bien faire ton boulot, tu ne risques pas de perdre ta place. Je t'apprécie énormément.
Le sourire de soulagement qu'il me renvoie me fait du bien, même si d'un certain côté, il me met légèrement mal à l'aise.
J'ai l'impression que depuis que Kérian à fait son coming-out, je ne suis entouré que d'homosexuels. Ce qui est stupide, je le sais. Malgré tout, j'ai le sentiment que ça pousse comme des champignons tout autour de moi.
Il y a les amis de Candy, Kérian et Tyler, et maintenant mon employé. À moins que ce soit la société qui leur permette d'être un peu plus libéré.
- Merci monsieur.
Je lui donne une petite tape sur l'épaule avant de me rendre dans mon bureau. Je dois reconnaître que cette petite discussion m'a fait du bien. Ça faisait longtemps que je n'avais pas parlé aussi librement avec quelqu'un. Il me semble que la dernière fois devait être avec Angel, lorsque je lui ai passé un savon, après qu'il a quitté Lina.
Installé derrière mon poste de travail, j'ouvre automatiquement le fichier contenant ce que j'appelle mon journal intime.
En réalité, il s'agit plus d'une vie rêvée que d'un véritable journal intime. Je l'ai commencé alors que j'avais à peine douze ans. Au départ, je voulais vraiment mettre tout ce qu'il m'arrivait dans ma journée, mais comme à chaque fois que je me relisais, je trouvais ça d'un banal et d'un chiant, je me suis mis à écrire ce que j'aurais aimé qu'il se passe.
J'ai donc laissé parler mon imagination, et petit à petit, des histoires cohérentes sont apparues dans mes lignes. Je les ai donc fragmentées, puis réécrites, et certaines forment même ce qu'on pourrait appeler des tomes.
J'ai tout regroupé sur une clé USB qui ne me quitte jamais. Où que j'aille, je l'ai avec moi. Elle est comme un prolongement de moi-même. Surtout que malgré les histoires que je peux y écrire, il y a tout de même un fichier qui me concerne personnellement.
Celui-là me raconte du jour où mon père nous a retrouvé, à aujourd'hui. Tout ce qu'il s'est passé dans ma vie. Je sais que ça peut paraître un peu surprenant pour un garçon, mais j'ai besoin de ça. J'ai besoin de me laisser aller à raconter ma vie sur du papier. Ou en l'occurrence, sur un ordinateur.
Je laisse donc courir mes doigts sur le clavier pour rajouter l'anecdote de James à ce que j'appelle mon livre intérieur. Les lettres se mettent à danser sur l'écran alors que mes doigts pianotent à toute vitesse sur le clavier, et bientôt, la conversation que nous venons d'avoir se trouve romancée.
Ça a toujours été un point fort chez moi. J'ai toujours eu une facilité avec les mots. Et d'une toute petite idée, j'arrive à sortir une histoire romanesque.
Je ferme ce fichier, pour ouvrir le dernier en date. C'est un roman que j'ai commencé à écrire il y a quelques semaines de ça, et dont j'ai du mal à trouver un nouveau rebondissement. Il va pourtant falloir que je trouve, et vite. Parce que sinon, je risque d'avoir des problèmes.
Je me laisse tomber contre le dossier de mon fauteuil en poussant un soupir las. Personne n'est au courant dans ma famille que peu de temps après l'ouverture de ma librairie, j'ai quasiment été obligé de vendre mes histoires afin de pouvoir survivre.
Comme la majorité des Westhawk, j'ai une fierté très mal placée. Alors lorsque j'ai ouvert ma boutique et que je n'arrivais pas à faire décoller les ventes, je n'ai pas réussi à me résoudre à demander de l'aide. Que ce soit à mes parents ou à mes grands-parents. Je voulais réussir par moi-même.
Ses histoires traînaient dans mon ordinateur. J'en ai donc mis une en forme et l'ai envoyée à un éditeur qui a tout de suite adhéré. Quelques mois plus tard, après quelques corrections, mon premier livre sortait en librairie. Et contre toute attente, avec un certain succès.
Mon éditeur m'a donc tout naturellement demandé de lui fournir d'autres romans, et j'en suis venu à signer un contrat d'édition.
Jusque-là, ça ne me posait pas de problèmes, étant donné que j'avais déjà en ma possession quelques histoires déjà écrites, qu'il ne me restait qu'à retravailler. Mais dernièrement, je n'ai plus d'avance. Et mon imagination me fait légèrement défaut.
Je me retrouve devant ce que l'on appelle le syndrome de la page blanche. Ça doit d'ailleurs avoir un rapport avec mes nuits blanches. Peut-être que le fait d'être seul n'en n'est pas la seule cause ? Peut-être que le fait de ne pas trouver d'idée pour mon nouveau roman me stresse trop et que je n'arrive plus à dormir ?
En tout cas, ce qui est sûr, c'est que si je reste aussi tard au bureau, c'est pour avancer dans mon bouquin. Et c'est également à cause de lui si j'arrive aussi tôt au travail.
Je pousse un soupir à fendre l'âme et relis ce que j'ai déjà écris. C'est vraiment une belle merde ! Mais ça ressemble beaucoup à ce que j'ai déjà fait jusque-là, ça devrait donc plaire à mes lectrices.
Toutes les femmes qui me lisent, sont persuadées que c'est une autre femme qui est l'auteur. Il faut dire que j'ai choisi un pseudonyme féminin et qui ne me trahi pas. Seuls les membres proches de moi pourraient éventuellement comprendre. Mais depuis maintenant trois ans que je publie sous le nom de Françoise Le Brenn, c'est à dire la version féminine de mon deuxième prénom associé au nom de jeune fille de ma mère, personne ne m'a jamais fait de réflexion. Est c'est tant mieux !
Je ne suis pas vraiment pressé qu'on découvre que j'écris des romans sentimentaux à la limite de l'érotique. Même s'ils me font gagner pas mal d'argent, et que je n'ai pas vraiment honte de ce qui sort de ma tête, je n'ai pas forcément envie que le nom des Westhawk soit associé à celui de la littérature érotique. Je ne suis pas vraiment certain que ma famille, surtout les hommes, apprécierait plus que ça.
Je me mets à jeter quelques idées par-ci par-là sur le clavier, mais dès que j'écris une phrase, je l'efface presque aussitôt. Je sens que ma soirée va être longue.

Ne me désire pas, aime moi ! (sous contrat d'édition chez JennInk)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant